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Communauté chrétienne St-Albert le Grand





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Nuit de Pâques
        3 avril 2021

Marc 16, 1-8

Hubert Doucet      
      

Joyeuses Pâques à tous et toutes!   

 

Hubert Doucet      

Hubert DoucetJ’ai parfois le sentiment que nous sommes en Carême depuis, non pas 40 jours, mais bien au-delà de 400 jours. Un sentiment de désert pèse sur les lieux qui foisonnaient de vie. Tout s’est arrêté, avec le confinement et le vide comme compagnon. Les autres sont à craindre au point de nous masquer si nous en rencontrons. Quel contraste avec nos discours triomphants des années précédentes qui célébraient nos progrès économiques et la vie heureuse qu’ils laissaient espérer. L’humanité célébrait encore sa maîtrise sur son environnement. L’arrivée de l’une des plus petites créatures dans l’œuvre de Yahvé, née dans un lieu non encore clairement identifié, mais apparue d’abord en Chine, a tout désorganisé.  
Ce séjour au désert, pour pénible qu’il soit, n’est peut-être pas aussi mortifère qu’il y paraît à première vue. Pour plusieurs de nos concitoyens et concitoyennes, il aura été une occasion inattendue de renouer avec leur environnement et de se reconnecter à la vie. Comme ce le fut pour Jésus, il demeurera pour ces personnes un temps de purification et de construction.
L’événement de la pandémie invite toute l’humanité à renouveler la vie et non seulement à nous vacciner contre le virus. En ce sens, il s’inscrit dans la geste de la résurrection de Jésus, acte central du désir de Dieu de voir la vie triompher de la mort. Pour adhérer à ce désir de Dieu, peut-être aurions-nous souhaité que l’évangéliste Marc nous raconta un récit de la résurrection nous présentant Jésus dans l’acte même de ressusciter devant témoins. Dans ce sens, l’évangile de Marc déçoit un peu; il nous parle principalement de trois femmes qui se demandent comment elles vont réussir le dernier geste qu’elles veulent poser à l’égard d’un homme qui avait donné du sens à leur vie.      
C’est de grand matin du premier jour de la semaine, dès le lever du jour que Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé se rendent au tombeau. Malgré l’échec qu’elles avaient vécu, tout au long des derniers jours, elles avaient compati à toutes ses douleurs et ne l’avaient pas abandonné. Malgré sa mort, elles n’oublieraient pas la vie qu’il leur avait fait découvrir. Elles avaient tenu bon et elles tiendraient encore. C’est pourquoi, elles ne pouvaient abandonner le corps mort, il leur fallait assurer sa conservation et lui rendre hommage. Ce Jésus continuerait à vivre dans leur cœur.    
En raison de cet engagement total à l’égard de Jésus, peut-être ont-elles été élues pour être les premières croyantes en Jésus ressuscité. Ne portaient-elles pas déjà en elles le souffle de la résurrection? Tout au long des derniers jours de la vie de Jésus, même à l’heure de sa Croix, alors que tous le méprisaient et le comptaient pour rien, même son Père l’abandonnait, elles, elles étaient là, gardant vivante en leur cœur, la vie qu’il leur avait ouverte.     
Et voilà que voulant tenir leur engagement jusqu’au bout en embaumant le corps de Jésus, mais convaincues qu’elles allaient frapper un mur, ô miracle! elles découvrent que la pierre ne sépare plus rien. S’en allant dans le noir, elles saisissent que le lever du jour éclaire le tombeau. Croyant entrer dans le silence de la mort, elles entendent la parole d’un jeune homme vêtu de blanc. Ce jeune homme, image de la vie qui vient d’être renouvelée, me paraît signifier la nouvelle génération de la vie : « Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié? Il est ressuscité. Il n’est pas ici. »      
Ces femmes peuvent accueillir la vérité de cette nouvelle parce que Jésus, au cours des années précédentes, les avait déjà ressuscitées. La vie qu’elles avaient vécue avec lui leur avait fait toucher la profondeur de vie qui l’animait et qui ne pouvait s’éteindre. Elles étaient les mieux préparées à accueillir sa résurrection, comme le montre leur engagement à l’heure de la Croix.     
Qu’à l’aube de ce jour de Pâques, l’attitude de ces femmes nous serve de témoignage. La foi en la résurrection de Jésus ne vient pas d’une bienveillante illusion, elle prend forme dans la rencontre de croyantes et croyants qui la vivent à la manière de ces trois femmes qui nous y ont introduit il y a des milliers d’années.     
Joyeuses Pâques à toutes et tous!