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30e dimanche du Temps ordinaire

 

Le pharisien et le publicain

 

24 octobre 2010

Denis Tesson



S’élever vers le ‘Très-Proche’

Bien sûr, nous sommes invités à nous demander : À qui ressemblons-nous? pharisien ou publicain, qui sommes-nous? ou, plus probablement, dans quelle proportion? 80-20, 30-70? Puisque l’un sera abaissé et l’autre élevé, un dosage 50-50 serait-il l’idéal évangélique?

Sur cette question, pharisien ou publicain, je n’ai pas l’intention de vous partager mon examen de conscience personnel, mais évoquons un peu notre Communauté, qui rend grâce de ne pas être comme les autres… une assemblée qui se surprend quand un président de passage entonne le ‘Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir…’ au moment de la communion.

Relisons l’évangile : ‘Le publicain, lui, se tenait à distance et n’osait même pas lever les yeux vers le ciel, mais il se frappait la poitrine en disant : Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis!’ C’est ce publicain qui nous est donné en exemple... et ça nous questionne!


Pour paraphraser St-Irénée, la Gloire de Dieu, c’est l’humain debout, vivant, libre, acteur dans le monde. Dieu ne nous a pas créé pour l’asservissement, la paralysie et l’humiliation devant lui. La Gloire de Dieu, c’est l’humain rendant grâce parce que, dans les meilleurs moments de sa vie, il a l’intuition de ce que serait Dieu et qu’il désire y tendre.

Mais le Dieu du pharisien, dans la culture de son temps, n’est pas le nôtre. Ou plutôt, son idéal du juste n’est peut-être plus le nôtre. Le Dieu du pharisien est un maître exigeant devant lequel il faut se justifier. Être à la hauteur, en s’astreignant à des contraintes et des sacrifices, en disciplinant son corps et en maitrisant ses instincts. Quelle fierté ressent cet athlète de la foi en montant sur le podium, car il sent qu’il se rapproche de Dieu, de sa perfection et de sa toute-puissance. Et sa prière est action de grâces, un grand merci à son entraineur.

Notre Dieu à nous est un Père, ou mieux, un grand-père (car un père a des exigences, des interdits — des punitions), un bien meilleur grand-parent que celui que nous aimerions être, grand-parent ‘fou de ses enfants’ et qui veut nous faire rêver, qui s’émerveille de nos petits succès et excuse nos bouderies, nos frustrations et nos désirs d’indépendance.

Notre Dieu, révélé par Jésus, est un Dieu qui chemine avec nous. Ce n’est pas un Dieu qui nous attend, à la fin de la route, au moment du bilan. C’est un Dieu toujours présent, qui se réjouit avec nous, qui nous aide et pardonne, même le publicain indigne, même la femme qui trahit, même l’assassin crucifié à ses côtés. C’est celui qui redonne confiance aux pauvres et aux humiliés : lève-toi et marche, tu es capable!

Et tendre vers ce Dieu ‘Très-Proche’, n’est-ce pas s’élever?


La parabole explique que le pharisien et le publicain étaient venus au Temple pour prier. Quand nous sommes réunis pour faire Eucharistie et communion le dimanche, c’est bien plus que pour prier me semble-t-il.

Je crois pour une part que nous venons renouveler le contrat que Jésus a proposé à ses disciples le dernier soir de sa vie. Soyez mon Corps, vivez de ma vie, continuez mon œuvre et partagez en mémoire de moi. Ma promesse, c’est de demeurer avec vous, c’est de vous envoyer l’Esprit.

Participer à l’Eucharistie, c’est aussi faire communion les uns avec les autres, se soutenir dans la confiance et la prière : ‘Pélerins d’espérance’, qui cheminent solidairement en compagnie de Jésus.

Appartenir à une communauté telle que la nôtre, tellement humaine, avec ses limites, ses compromis et sa fragilité, une famille tellement dépendante de l’engagement de chacun, c’est aussi tenter d’y vivre la solidarité et le partage, à l’exemple des premières communautés.

Et nourris de l’Eucharistie, enrichis de cette fraternité pratiquée entre nous, il devient plus facile de prendre à nouveau la route et le risque, pour témoigner et agir dans le monde, ‘entre les dimanches’.


Bien sûr, dépendamment des jours, nous sommes portés à la louange ou tentés par la désespérance. Mais alors que le pharisien se sent arrivé et le publicain immobilisé, nous, c’est pour avancer que nous prions :

  • Pour s’abandonner à la tendresse, pour devenir léger et se laisser soulever par Dieu;
  • Pour apprendre de Jésus le bonheur du partage et le souci de la justice;
  • Pour se laisser remplir par l’Esprit-Saint, pour avoir le souffle toute la semaine.

Cultiver et faire grandir l’accueil inconditionnel du Père — ‘Grand-Père’ et le goût de remettre debout de son Fils, augmenter la confiance en soi et en l’Esprit. Oui, c’est s’élever, c’est grandir! Et telle est notre prière, telle sera bientôt notre Eucharistie, les uns pour les autres, pour notre communauté, pour les pauvres, pour incarner l’Évangile, hors d’ici, d’un dimanche à l’autre.



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