La question que Jésus a posée à ces deux disciples reste toujours la même, toujours pertinente : « Que cherchez-vous? » Et aussi la réponse : « Venez et vous verrez ». Oui, que cherchons-nous? Ou dit autrement : qu’est-ce qu’il y a de plus déterminant dans notre vie et dans notre vie de foi? Pour ma part, quand je revois le parcours de ma vie — et je crois que c’est le cas pour chacune et chacun — ce qui m’a marqué, ce sont les relations signifiantes, longues ou passagères, vécues avec des personnes et avec des groupes qui marquent encore et qui ont marqué la recherche de sens dans ma vie et dans ma vie de foi.
Et quand je relis certains passages d’Évangile, comme celui que nous venons d’écouter, j’entends et je vois Jean-Baptiste nous dire : « regardez », comme s’il pointait du doigt cet homme Jésus. Jean-Baptiste est un passeur. Il dit aux disciples : regardez plus loin, au-delà, bien au-delà. On sent qu’un chemin d’Évangile se crée à même des relations avec les autres. Bien sûr, il y a l’annonce par la Parole, mais je dirais, il y a d’abord des relations vécues. C’est ce que Jésus fera toute sa vie : faire confiance, aider les personnes à faire un autre bout de chemin, créer des liens, même en passant. L’Évangile habite tout au long de ce chemin : « Venez, dit Jésus, et vous verrez… ». Oui, L’Évangile se vit avec les personnes rencontrées. Il arrive que ces personnes nous disent : remarquez cet homme, regardez-le vivre; à moi, il donne un sens ma vie… et qu’en est-il pour vous?
Ce qu’il y a justement d’étonnant pour le commencement de l’action de Jésus, c’est la multitude de relations personnelles qui entrent en jeu. Jean-Baptiste a préparé la voie à Jésus par des relations avec ses disciples.
Quand je pense, au présent et à l’avenir de la situation de la foi au Québec, il me semble qu’on ait de la dificulté à parler de la foi et à créer des liens. Ce ne sont plus tellement les structures d’Église qui nous guident. Et il me semble que c’est à travers des liens, des relations simples et vraies que le devenir de l’Évangile peut s’ouvrir et se jouer. C’est ce que nous tentons de vivre dans cette communauté chrétienne. C’est à travers des relations que l’Évangile peut nous rejoindre et que nous témoignons. Suivre quelqu’un qui nous a marqué; suivre Jésus, c’est une aventure, c’est, en quelque sorte, prendre la route ensemble et nous demander les uns aux autres : ce Jésus, où demeure-t-il? L’Évangile n’est pas d’adhérer à quelque doctrine, mais de suivre quelqu’un jusque dans sa demeure. Il y a un devenir de l’Évangile qui reste un inconnu et qui nous concerne aujourd’hui. Pour cela il faut de la confiance réciproque et de l’engagement.
Cette communauté est une demeure toujours à construire. Nous invitons ce matin tous les membres à se rendre responsables de cette construction pour qu’elle soit significative. C’est un projet, une aventure ouverte à tous et qui exige de notre part la confiance. Ce matin, nous nous rappelons que cette construction se fait avec la participation de chacune et chacun, enfants, parents grand-parents, personnes seules… On a besoin de tous vos talents, de votre imagination de votre présence aussi. Cette communauté, on l’a souvent répété, est à la fois forte et fragile. Elle a besoin de la confiance de chacune et chacun pour garder vivante l’aventure de l’Évangile, de porter la question : mais qui es-tu? Se rappeler que c’est aussi avec les autres, dans la confiance réciproque que nous pourrons répondre dans la vie et dans nos gestes à cette question : « Où demeures-tu? À l’appel de Jésus : « Venez et vous verrez… C’est un appel…