C’est quand même étonnant le
rôle que les femmes ont joué dès les premières
heures de la foi chrétienne. Elles auront contribué à l’émergence
de la résurrection.
L’histoire semblait terminée
pour ces femmes qui se sont rendues au tombeau. Et pourtant… « Elles
trouvèrent
la pierre roulée sur le côté du tombeau….
Mais ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus… » On
n’arrête pas l’histoire. Il arrive que, dans nos
vies, l’histoire continue sans nous, lors de ruptures ou de grandes
difficultés,
par exemple. Nous nous réveillons de nouveau lorsque la réalité nous
rattrappe. Après la dernière Cène et le jardin
des Oliviers, les disciples s’enfuirent, sauf Jean, sa mère
et les deux Marie. L’histoire semblait teminée…
Ces
femmes viennent au tombeau, à l’aube du jour, pour ensevelir
un mort. Elles cherchent un mort. Or, le corps de Jésus n’est
plus là. C’est alors la stupéfaction! C’est
incroyable! Pour les autres disciples à qui on annonce cette
nouvelle, c’est du pur délire… On ne croyait pas
ce que disaient ces femmes. Disons-le entre nous, c’est un peu
ce qui est souvent arrivé. Un ange leur avait pourtant dit que
l’homme qu’elles
cherchaient était ressuscité… Les femmes ont l’art
de déceler la vie par-delà la mort. Pierre ne les croyait
pas non plus ces femmes, il courut au tombeau… Il ne vit que
le linceul. C’est ainsi que l’histoire a repris, que l’histoire
se continue. Vous le savez autant que moi, on n’arrête
pas l’histoire.
Malgré toutes ces hésitations vécues
par ces femmes et ces hommes des commencements, nous sommes, en cette
nuit de Pâques
de 2010, en train de chanter avec joie cette résurrection de
Jésus.
Si nous sommes ici, c’est que, portant encore et toujours bien
des questions, nous croyons en cette résurrection de Jésus.
Célébrer la nuit de Pâques, c’est entrer
dans une fête pleine de lumière, de récits superbes
qui parlent de la mort et de la vie.
Ces femmes, ce qu’elles
cherchent, tout comme nous, c’est
le VIVANT. L’histoire nous rattrappe. C’est l’histoire
de la vie qui fait son chemin à travers la mort. Et c’est
grâce à cette image, à cette réalité du
tombeau ouvert, que nous croyons qu’il est vivant.
Il m’est arrivé souvent de réfléchir sur
le tombeau vide. J’y ai trouvé de l’inspiration.
De toute façon, la nuit de Pâques a toujours marqué ma
vie de foi, surtout dans des moments plus difficiles. Pour moi, le
tombeau ouvert, me parle du silence de Dieu. Et comme l’écrivait
récemment une auteure : « Croire, ce pourrait être écouter
le silence » (Sylvie Germain, Les échos du silence).
Et pourquoi pas, le silence de la résurrection. Un silence qui
parle…
Cependant quelqu’un attirait récemment mon
attention sur le fait que jamais, dans aucun des quatre évangiles,
il n’est
dit que le tombeau était vide. En fait, il n’était
pas vide. Il y avait une présence, racontée différemment
dans chacun des quatre récits de résurrection: des bandelettes
et le linceul qui avait servi à l’ensevelissement, comme
des « restes », des souvenirs de son humanité.
Il y avait deux hommes en vêtements blancs, des messagers de
Dieu. Mais par-dessus tout, le tombeau est rempli de la présence
du Vivant. Ce que je retiens de ce moment d’annonce, c’est
l’affirmation
que l’humanité de Jésus est ressuscitée,
son humanité s’ouvre dans la résurrection. Dieu
a tellement confiance en l’humain, pour donner un sens à la
vie!
On a entendu de magnifiques passages de la Genèse et l’Exode.
On pourrait reprendre ces passages en disant : « Quand
Dieu intervenait… ». On entend constamment dans le
récit de la Genèse : « Et Dieu dit… et
Dieu dit… ». Et dans l’Exode, « Le
Seigneur dit à Moïse : Ordonne aux fils d’Israël
de se mettre en route… » Dieu intervient directement
pour parler pour faire vivre. Dans la résurrection, Dieu, d’une
certaine façon, se retire en renouvelant sa confiance en nous,
comme il l’a fait en Jésus. Il nous laisse jouer notre
propre responsabilité. Il nous dit, en ressuscitant Jésus,
que l’humain n’est pas si loin de Dieu. Ce que je retiens
de ce tombeau, c’est que notre foi, une foi pleine d’espérance,
est aussi une foi pleine d’humanité espérante…
Que
nous fêtions encore la résurrection, c’est que
nous nous souvenons. « Se souvenir est un métier », écrivait
Fernand Dumont. Aucune adhésion aveugle. Dire sa foi, ce n’est
pas l’imposer. Avec cet événement de la mort et
de la résurrection de Jésus, c’est l’image
de Dieu qui change. Dieu lui-même est impliqué en ces
heures dramatiques.
Le tombeau ouvert c’est l’image de la
vie qui a traversé la
mort et qui se souvient. Pourquoi ne pas tenter d’y trouver l’image
de l’Église? Une Église de ressuscités – on
en a bien besoin par les temps qui courrent – une Église
qui se souvienne des premiers moments de la surprise de la résurrection
et qui construit là-dessus son avenir. Tel le tombeau ouvert
avec toutes ces traces de l’humanité de Jésus.
Nous ne le verrons pas dans la mort, mais dans les persones qui vivent
et tentent de donner la vie.
Dans la mort et la résurrection
de Jésus, Dieu vit son
métier de Dieu parmi nous. Il le vit dans la fragilité humaine.
Il nous invite à naître nous-mêmes, à ressusciter.
Ce
sont des invitations à vivre une foi qui s’interroge
constamment, qui se souvient que Dieu nous fait confiance en ressucitant
Jésus et qu’il intervient à travers chacune et
chacun de nous. Quand nous vivons de ces moments, j’aimerais
me dire et nous dire : « Souviens-toi de Jésus
Christ… ».
Souvenons-nous de toutes ces femmes qui, au cours des âges, souvent
en interrogeant l’institution d’Église, et ces hommes
aussi qui ont aidé à garder vivante la foi en la vie,
la foi en la résurrection. Une très joyeuse fête
de Pâques à chacune et à chacun!