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Guy Lapointe

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« Cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit… » Les concitoyens de Nazareth avaient les yeux et les oreilles grand ouverts… Comprenaient-ils vraiment ce qui arrivait? Si vous me permettez l’expression, l’Évangile quitte le livre pour rejoindre les participants.

Vivre l’Évangile est un long apprentissage de chaque jour. Ce n’est pas inné et cela ne vient pas du premier coup. Il faut savoir écouter, savoir regarder et surtout accueillir l’autre comme un don qui nous est fait. Et ce n’est jamais acquis une fois pour toutes. Le besoin de se renouveller est constant. Pourquoi? Parce que l’Évangile, cela se vit dans l’histoire, dans nos histoires communes et personelles et que, par définition, l’histoire est toujours nouvelle, toujours en marche, souvent imprévisible. Jésus en a fait l’expérience. L’Évangile que Jésus proclame à la synagogue de son village, j’ose m’avancer, c’est l’expression d’une foi, de ses découvertes sur Dieu, sur la vie.
« Cette parole de l’Écriture, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit… » Ce magnifique passage du livre d’Isaïe, que vient de lire Jésus, ne nous renvoie pas à un passé mythique, mais c’est l’aujourd’hui qui compte. L’Évangile n’est pas confiné à la liturgie. L’Évangile n’est pas qu’une simple proclamation, une prédication.

Si, mis en présence du mot « Évangile », vous pensez d’abord à une proclamation, une annonce, si vous voyez des gens en train de témoinger du Christ par leurs paroles et leurs gestes, vous vous approchez de la réalité que Jésus vit et essaie de dire à ses concitoyens. C’est ce que les premiers chrétiens et bien d’autres à leur suite ont fait et saisi de la proclamation de l‘Évangile.
L’Évangile est d’abord une personne vivante rendant sensible dans le monde le parti pris de Dieu pour ceux et celles qui souffrent, pour les personnes qui ont des projets et qui veulent s’engager pour les autres. Jésus continue la Bonne nouvelle par excellence. Avec lui, la Parole est devenue chair et pain. Son homélie consiste à dire que la parole de Dieu est une réalité concrète. Jésus se met au service des pauvres et des malades. Il est cette Parole en chair et en os.

Si les chrétiens de diverses confessions avaient compris cela, si nos institutions chrétiennes l’avaient bien saisi, on n’aurait pas connu ces divisions entre chrétiens pour lesquelles on nous invite, avec raison, à prier pendant cette semaine de l’unité des chrétiens. Nous aurions travaillé et vécu pour que l’Évangile s’accomplisse, avec toutes nos misères, nos grandeurs et nos différences.. La vie est plus forte que toutes nos divisions. La recherche d’unité reste un projet de vie et elle se fera toujours dans la diversité. L’important pour l’Évangile, c’est que les personnes soient capables d’agir dans une recherche commune d’humanisation, dans le souvenir de Jésus. Cela est le plus important. Et nos façons de vivre la foi et de croire sont et seront toujours marquées d’une grande diversitsé. Cela est une richesse, pourvu que l’Évangile en soit le cœur.

Ce qu’il faut rechercher ensemble, c’est ce regard apporté par le Chrsit et la manière d’y arriver. L’esprit y travaille et il nous ouvre des voies de communion parfois insoupçonnées. Comme on l’a dit déjà ici, ce que Jésus dit à chacun et à chacune et aux groupes, c’est : « suivez- moi et inspirez-vous de mon Esprit ».

Cette Parole… c’est aujourdhui qu’elle s’accomplit… Que chacune et chacun retrousse ses manches, c’est maintenant qu’il faut libérer les opprimés, les personnes qui sont dans les décombres de toutes sortes.

Quand je vois ces persones et ces groupes s’engager dans un mouvement de solidarité peu commun pour soutenir la vie menacée et travailler avec les Haïtiens pour rebâtir leur avenir. C’est aujourd’hui que la Parole s’accomplit.

Quand les personnes du comité aide-partage vont porter ceci ou cela à des pauvres qui en ont besoin. C’est aujourd’hui que la Parole s’accomplit…

Quand je vois des membres de notre communnauté qui s’offrent pour aider des personnes vieillies ou handicapées pour les conduire à la célébration ou pour recevoir des soins… C’est aujourd’hui que la Parole s’accomplit…

Quand je vois ces jeunes couples, parents ou non, qui travaillent à dire Dieu et la vie aux enfants…. C’est aujourd’hui que la Parole s’accomplit.

Ne cherchons pas l’Évangile ailleurs… L’Évangile doit, en quelque sorte, quitter le livre… pour nous rejoindre. « Jésus referma le livre… » Ce livre, tel un lieu de mémoire… Cette parole de l’Écriture, que vous venez d’entendre, elle s’accomplit… Il est la Parole vivante. Ne cherchons pas la Parole, ne cherchons pas la présence de Jésus ailleurs ; elle se manifete dans ces gestes humbles, grands et petits, pour faire vivre, pour mettre le monde en marche, pour retrouver les gestes et les attitudes qui rejoignent la mémoire de Jésus. Réalisons que c’est là que l’Évangile de Dieu s’accomplit. Cette parole de Jésus est chair et pain. Nous le vivons dans l’eucharistie, geste de présence et de partage qui nous renvoie à la vie.

Oui, c’est aujourd’hui que la Parole s’accomplit… Autre parole entendue au cours de la semaine : « l’avenir appartient aux personnes et aux groupes qui iront porter l’espérance au cœur du désespoir ».

Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal
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