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Septième dimanche du Temps Ordinaire

22 février 2009

Le beau risque

Clotilde Pouliot

Clotilde Pouliot

Marc 2, 1-12

 

On sait que dans le milieu judaïque, il y avait un tabou à propos de la maladie et des infirmités. La seule explication c’était le péché de l’individu et conséquemment son impureté permanente.
Penchons-nous maintenant sur la dynamique de chacun des personnages pour découvrir la gestation souterraine qui les a amenés à cette rencontre.
Chacun a accepté de prendre un risque. Un risque qui nous interpelle dans notre recherche de Dieu.

Le paralysé, blessé dans son corps et sa dignité depuis fort longtemps, risque une démarche dont il ne connaît pas l’issue. Il ose faire face à sa détresse, à son besoin d’aide et à sa totale dépendance. Il dépasse son sentiment de honte face aux autres et la profonde culpabilité de son impureté religieuse.

Le groupe des porteurs de brancard, proches ou amis du paralysé, ont déjà entendu parler Jésus. Alors ils prennent le risque d’organiser un face à face avec Lui. Ils quittent leurs commerces ou leurs troupeaux. Ils transportent le paralysé à travers cette foule compacte d’admirateurs et de curieux. Le site semble inaccessible, mais ils sont déterminés. La foule les repousse. Vont-ils réussir?

Jésus, à cause de sa relecture très personnelle des textes des écritures, risque le désaveu, l’incompréhension et le mécontentement des scribes qu’il souhaiterait pourtant apprivoiser à sa vision différente. Une tension permanente est là au moment de ses enseignements publiques. Voilà qu’il passe de la parole aux actes. Lui qui est perçu comme un pécheur par les scribes à cause de ses mauvaises fréquentations, il pardonne les péchés. C’est un non-sens! pensent les scribes. Pourtant pardonner, c’est aider l’autre à s’épanouir, à porter du fruit et à découvrir sa propre beauté. Il veut ôter des épaules du paralysé le joug de la culpabilité qui l’enferme dans une prison de tristesse et de stérilité et qui l’empêche de vivre et de donner la vie. Il ose donc l’engagement par un geste de puissance lui qui ne recherche pas le pouvoir mais un retournement du regard de ses contemporains.

Le malade, les porteurs et Jésus ont tous trois consenti à ouvrir un espace en eux. Pourquoi le miracle a-t-il eu lieu?
Parce que le paralysé, interpellé par son épreuve et sa souffrance, a lâché prise, il s’est abandonné intérieurement et a consenti à laisser travailler Dieu en lui. L’accueil humble de son impuissance est devenu l’agent facilitant de sa guérison. Un canal d’énergie s’est ouvert entre Dieu et lui. Sa résistance a fondu et a été remplacée par oui à Dieu.

Parce que les porteurs ont osé avec audace, par compassion pour le paralysé et par désir de le libérer de sa souffrance. Cette audace leur a permis de dépasser les rebuffades, les moqueries pour trouver une solution ingénieuse et brillante au problème de l’accès à Jésus. Mus par leur amitié, ils ont misé avec confiance dans leur démarche et ils ont utilisé leurs ressources. Eux aussi ils ont dit oui.

Parce que Jésus comprend si bien la blessure faite à la dignité du paralysé et son enfermement dans la dévalorisation sociale, il accueille la personne et se laisse rejoindre. Sa médiation dynamique auprès de Dieu appelle un geste d’espérance et de liberté. Il consent à être messager de cette mission d’amour et de pardon qui célèbre le Père. Jésus fait siennes les paroles de Dieu en Isaïe 43 : « Je ne veux plus me souvenir de tes péchés » et plus loin « Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas?  ». Cette promesse est en concordance avec cette vie nouvelle dont Jésus dote le paralysé et ses accompagnateurs. Et le texte de Paul nous donne la clé de la guérison : c’est le oui du corps, c’est le oui du cœur qui font advenir la transformation.
Encore faut-il se reconnaître handicapés! Car nous sommes tous imparfaits, mais Dieu nous pardonne tout, lui qui nous a fait à son image et à sa ressemblance, si nous consentons à nous laisser rejoindre par lui et à devenir de meilleurs humains. Pour Dieu s’est un plaisir que de voir l’humain progresser.

Nous endossons, selon les jours, la tenue d’accompagné ou d’accompagnateur?
La maladie physique ou psychique, le manque d’estime de soi, la culpabilité, les deuils, nos peurs et nos ratés sont autant de facteurs paralysants qui nous empêchent de revêtir la robe de l’espérance.
À d’autres moments, la compassion, l’amitié, la solidarité appellent nos forces vives à se métamorphoser, en écoute, en présence, en initiatives, en encouragements qui permettent à l’autre des recommencements.
Si nous sommes ici aujourd’hui c’est pour avoir accès à la Parole de Jésus et pour communier à sa Vie. Jésus active en nous la confiance et l’amour de l’autre. Nous aussi nous pouvons partager l’audace des porteurs puisque nous sommes une demeure de Dieu et il est écrit en St-Jean : « Qui aime mon Père, mon Père l’aimera et nous ferons en lui notre demeure ».

Le film Trisomie 21 : le défi-Pérou illustre à merveille les enjeux de l’évangile de ce matin. Deux profs d’université, six trisomiques adultes et six étudiants-accompagnateurs ont réalisé une expédition pédestre au Machu-Pichu, suivi d’un séjour dans des familles indiennes.
L’objectif : une invitation à se surpasser, à relever des défis, à défaire des préjugés sur les trisomiques et à renforcer leur estime d’eux-mêmes. Un succès !
Un lieu de croissance, de joies et de confiance mutuelle pour tous les participants. Une guérison du cœur et du regard qui confirme que la foi en l’autre peut engendrer des regains assurés .

 


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