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Épiphanie

4 janvier 2009

Marcher comme les marges…

Guy Lapointe

Guy Lapointe

Imaginons que cet événement de la visite des mages se passe le 4 janvier 2009 et que les mages avaient à traverser la bande de Gaza. Auraient-ils pu atteindre Jérusalem, puis Bethléem, ce lieu de naissance? Un conflit qui dure depuis des années, des attaques qui recommencent, sans rien régler, une violence extrême. Cette situation, dont on ne voit pas les issues, appelle une naissance… une naissance qui pourrait s’appeler paix, espoirs, espérance, Dieu dans notre humanité.

On est loin du récit des mages que nous venons d’entendre. Mais nous avons besoin plus que jamais de l’entendre. Autour de ce récit, l’imagination des chrétiens, au cours des âges, a brodé tant de belles légendes. Est-il encore besoin de les nommer, ces mages : Gaspar, Balthasar, Melchior. Un africain, un européen, un asiatique. On ne serait donc pas représenté à la crèche… La légende a ajouté que des trois rois mages, un était jeune, l’autre d’âge moyen et le troisième plus âgé. Pour en remettre, la légende ajoute que les corps de ces trois rois mages se retrouveraient, depuis le 12e siècle, dans la crypte de la cathédrale de Cologne…

Mais quelle est la vraie histoire que, seul, l’évangéliste Matthieu raconte? Ces mages, ces pèlerins venus de l’Orient, ces chercheurs de sens, n’étaient pas des rois. Pas plus qu’ils n’étaient que trois. Ce n’est que plus tard, en Occident, on dit même que ce serait au 9e s., qu’on transforme les Mages en rois.

Le récit de l’Évangile est plus sobre que les légendes, tout aussi savoureuses, qu’on a inventées autour des mages. C’étaient, sans précisions de nombre ni de provenance, des gens des lointains. Ces pèlerins avaient franchi des horizons, peut-être même des menaces, avant d’arriver au lieu de naissance de Jésus. Ces mages scrutaient aussi le astres et les cieux : ne cherchaient-ils pas à franchir les horizons d’en haut? L’Épiphanie c’est la fête des signes. Des signes que Dieu nous donne dans la nature, dans l’histoire ou en nous-même. L’esprit souffle où il veut, même au plus lointain. Ces mages, c’étaient certainement des chercheurs, des gens qui attendaient quelque chose de la vie et, je l’espère, de Dieu; des gens qui s’étaient mis en marche. Ces mages cherchaient une réponse dans les étoiles, sorte de symbole de cette foule immense de femmes et d’hommes, d’enfants aussi qui tâtonnent à la recherche de la lumière.

Désormais, le lieu de naissance de Jésus est ouvert à tous. L’évangéliste Matthieu tente de nous dire que cet enfant est né de Dieu pour tous. Ce qui était rêvé depuis si longtemps est devenu réalité. Ni la race, ni la nation, ni le peuple, ni la famille ne peuvent faire obstacle à cette nouveauté. Les Mages, une fois la visite terminée, repartirent par un autre chemin ne voulant rien savoir et rien dire à Hérode qui représentait le pouvoir. Ils retournent vers leurs lointains, portant, en leur mémoire, le souvenir d’un enfant, humanité de Dieu, avenir du monde. La naissance de Jésus a, d’une certaine façon, redonné du souffle à la caravane humaine en marche. Célébrer cette mémoire, c’est nous remettre en marche; nous sommes des pèlerins de la vie et pourquoi pas de l’Éternel.

Cette histoire, c’est aussi la nôtre. Des pèlerins quittent leur pays, comme il y en a tant aujourd’hui. Ils prennent la route pour découvrir l’inattendu, même les astres sont de la partie.

Des pèlerins qui se sont mis eux-mêmes en marche ou qui ont été forcés de la faire. Ils se retrouvent un peu partout dans le monde, rêvant de naissance ou d’une nouvelle naissance. Ils nous rappellent que la lumière de Noël est pour tous et qu’elle n’appartient à personne, mais que tous lui appartiennent.

L’épiphanie, c’est aujourd’hui. Nous sommes en quelque sorte des fils et des filles des mages qui se sont mis en route à leur tour, empruntant de nouveaux horizons, vers cette région du monde, dont on entend malheureusement les cris de guerre. Pourtant, c’est cette région où on avait reconnu l’enfant où l’on disait que Dieu était un Père et les humains des êtres de fraternité. La marche est à poursuivre.

Des mages qui sont ce que nous sommes tous et toutes à quelque part, des chercheurs de Dieu. Ils découvrent Dieu qui se laisse trouver dans la pâte de nos vies pour que nous puissions mieux le chercher ailleurs.

Des pèlerins apportant des cadeaux de cœur, de prières et de vie.

Les mages sont plus que trois, il y en a au moins d’autres qui ne sont pas encore arrivés. Ils sont en route. C’est vous, c’est moi. Et le cadeau, c’est lui, Jésus…

Si nous nous mettons en route, nous pourrons faire signe à d’autres personnes, d’entrer dans la caravane. Aujourd’hui, dans notre célébration, qui a encore des airs de Noël, les parents de Aloïs (Gautier) porte leur enfant au baptême. J’espère et nous espérons qu’il deviendra un marcheur de Dieu à la suite de ses parents, des frères et sœurs et de nous tous. C’est la signification de ce baptême en cette fête de l’Épiphanie : aider cet enfant à se mettre en marche à la suite des mages qui furent marqués par l’enfant de Bethléem. Il le fera par des chemins qui pourront parfois surprendre, mais qu’il inventera avec d’autres… C’est ce que nous lui souhaitons.


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