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La nuit de Noël

24 décembre 2008

Naître encore en pleine nuit de la vie

Guy Lapointe

Guy Lapointe

Luc 2, 1-14

Même si nous chantons le Gloria aussi bien que les anges, je ne crois pas me tromper en disant que, cette année, la fête de Noël se vit dans un climat qui nous rend peut-être plus songeur que rêveur. Que nous soyons ici ce soir pour célébrer, c’est énorme! Depuis quelques mois, on entend des drôles de nouvelles sur la situation dans le monde. « Quelques jours avant Noël, c’est un bien mauvais moment pour annoncer des mises à pied », disent certains travailleurs; il y a ces guerres qui n’en finissent pas; de plus en plus de gens qui ont faim et encore et encore… Il faut faire la paix avec la terre…

Mais qui peut rester indifférent devant le récit de la naissance d’un enfant? Il y a toujours cet émerveillement. La naissance de Jésus, il y a tellement d’années, aurait pu ne laisser aucune trace. Un bébé est né, chez un couple, un couple modeste, dans une petite ville. Une naissance qui n’aurait été remarquée que par quelques bergers. Mais quand Luc a écrit ce récit, plusieurs années après, on était alors convaincu que cet enfant avait changé le monde et pouvait changer le monde… Luc a agrandi le récit, un récit embelli, merveilleux, plein de poésie. Il était convaincu qu’un autre visage de Dieu parmi nous était en train de se dessiner. Que reste-il de cette conviction?

On entend dans le récit que Marie et Joseph n’avaient pas de place pour coucher et que l’enfant est né dans des conditions précaires et peu ordinaires. Ce fut certainement un moment superbe, mais difficile pour ce couple. Et pourtant, c’est le récit de cette naissance qui a traversé les siècles jusqu’à nous et qui nous retrouve cette année dans une situation sociale, économique et une situation de l’Église qui nous invite à une nouvelle naissance, à nous mettre au travail. Cette nuit, nous pouvons nous dire : un autre monde est possible. Oui, il est important de célébrer, de fêter autrement en y mettant tout son cœur et sa joie, son imagination aussi, car cette fête est un cadeau que Dieu nous fait et que nous nous faisons.

Cette fête est un appel à nous réjouir. C’est un moment d’arrêt, une pause, mais pour nous remettre ensuite au travail. Dieu entre dans notre humanité, une humanité à la fois immense et fragile, comme l’enfant qui naît! Noël. Les vieux cantiques, qu’on aime chanter, disent que Dieu s’est « abaissé » jusqu’à nous. Sur le visage humain de cet enfant et dans sa vie, on voit plutôt que Dieu ouvre notre humanité, la tire en avant.

Pendant le temps de l’Avent, on a voulu tracer un chemin; on voit sur la banderole un mur lézardé qui ouvre sur un ciel de lumières, un ciel de naissance… Nous sommes appelés à devenir des êtres de lumière. Naître de Dieu, c’est avoir le goût de la vie à dix ans, à vingt ans, à n’importe quel âge, même quand la nuit nous envahit.

À chacune et à chacun de saisir ce que cette naissance éclaire et vient nous dire. Et pour y arriver, laissons-nous porter par la fête et son mystère dans la confiance et l’espérance que la vie, malgré ses ratés, vaut la peine d’être vécue passionnément. Dieu en l’humain est toujours possible pour qui accueille sa fragilité comme un enfant. Ce qui reste, c’est Noël de tous les humains, Noël de toutes les nations qui cherchent Dieu dans notre humanité.

En constatant combien les organismes, à l’occasion de Noël, se dévouent pour tenter d’aider les plus démunis, quelqu’un écrivait récemment qu’il faudrait arriver à l’abolition des paniers des pauvres par manque de pauvres… On est loin du compte. Mais c’est un rêve immense… et on a droit de rêver à un partage plus équitable. Qu’allons-nous léguer de cette fête aux générations à venir? Vont-elles réinventer la fête? La fête leur donnera-t-elle le goût de penser la vie sociale et la foi autrement? Ouvrir notre regard comme les enfants devant le sapin de Noël illuminé. Il suffit parfois de ce regard neuf pour inventer des gestes nouveaux.

Noël nous redit que tout est possible, que les situations humaines peuvent changer, que l’amour est un appel, que les routes, malgré les difficultés, mènent toujours quelque part et qu’au-delà des crises réelles, les espoirs peuvent se changer en espérance. Noël, vivement la naissance… Beaucoup de groupes et de personnes le souhaitent comme jamais peut-être on ne l’aura fait. Nous l’espérons. Nous l’attendons. Ce monde à construire semble si nouveau que son avènement nous dépasse.

Oui, célébrons la naissance de Jésus et la nôtre. Ce n’est pas qu’un événement passé, mais un événement présent et à venir. Alors si c’est vraiment cela Noël, joyeux Noël!


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