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La Toussaint

2 novembre 2008

Retisser nos solidarités

Guy Lapointe

Guy Lapointe

Apo. 2, 2-4; 9-14

Luc 6, 17.20-26

 « J’ai vu une foule immense… » Ne sommes-nous pas de cette foule? Celle de l’Apocalypse, mais aussi celle qui se rassemble autour de Jésus pour entendre les béatitudes : « Heureux vous les pauvres, vous qui avez faim maintenant… « Malheureux vous qui êtes repus maintenant,  vous aurez faim.» À certains moments de notre vie, ne sommes-nous pas tout cela à la fois? En fait, n’y aurait-il pas qu’une seule béatitude: celle de nous mettre en marche sur le chemin de la vie et du bonheur de Dieu. Et sur ce chemin, certains marchent, d’autres se sont arrêtés. L’évangéliste Luc semble nous dire que les malheureux, ce sont ceux et celles qui s’arrêtent en chemin portant des bagages devenus trop lourds qui les empêchent de voir l’autre et de discerner les véritables enjeux de la vie.

Dans le contexte mondial, à certains jours, surréaliste  qui est le nôtre, c’est heureux – c’est le cas de le dire - que nous entendions ensemble les béatitudes. Ces béatitudes, elles n’appartiennent à aucun peuple, à aucune religion, à aucun dialogue. Elles fondent l’humanité; elles sont universelles à la fois dans le temps et hors du temps. Le chemin qu’elles tracent ne peut-être entièrement exploré, parcouru… Mais le chemin existe et il passe par là. Jésus l’avait compris, il l’a proclamé.

 En fait, Jésus a fait trois grandes proclamations. L’une s’adresse aux pauvres, à celles et ceux qui manquent de tout. L‘autre aux affligés, brisés par la vie. La troisième aux affamés qui périssent du manque de nécessaire vital. Pauvres, opprimés et victimes : trois groupes de misérables, qui, pour Jésus, devaient connaître le bonheur. Et par ces malheureux, Jésus stigmatise l’argent, la violence et l’injustice. « Malheur  à cela », dit Jésus.  Pour lui, la misère restera toujours un mal, la pauvreté peut devenir ouverture du cœur.

En fait, les béatitudes ne sont pas des mots. Elles évoquent des situations de vie. Elles sont comme un horizon vers lequel on est appelé à avancer, un horizon qui n’a rien d’un mirage. Ce sont des appels de la vie pour trouver le bonheur au présent et dans l’avenir. C’est le désir d’un monde nouveau qui met en marche. La marche vers le Royaume est d’abord une action.

Ce que les béatitudes veulent nous dire, c’est que nous nous construisons non pas sur nos possessions, mais sur notre faim, non sur ce que nous avons vécu, mais sur ce dont on  a vécu; sur nos attentes, nos désirs, nos passions de vivre. Abraham avait faim, il s’est mis en marche.

Peut-être que les riches dont parlent Jésus, ce sont ces gens qui  n’attendent plus rien de Dieu et des autres, parce qu’ils sont refermés et qu’ils ont mis leurs consolation dans une sécurité. Être riche pour Jésus, c’est n’avoir plus en soi cet espace de désir que seul Dieu peut combler. Jésus ne prône pas la misère,  et il ne dit pas heureux ceux et celles qui sont dans la misère, mais  dans  la pauvreté. La pauvreté qui ouvre le cœur aux autres et à Dieu. La misère est un mal, la pauvreté est une ouverture…

Que retenir de cette proclamation des béatitudes. Face au mal, aux inégalités, aux  injustices, c’est un appel à retisser toutes les solidarités possibles entre nous, à partir de nos expériences heureuses et moins heureuses. L’enjeu des béatitudes est une volonté de multiplier tous les espaces possibles de bonheur, à partir de l’expérience même de nos souffrances.

Ce Royaume dont il est question  dans les béatitudes, à nous de l’établir ici-bas par tous nos efforts de sensibilité et de solidarité. Ce sont des défis. Le défi des inégalités par l’entraide et le partage. Le défi de repli sur soi par l’attention portée à l’autre. Le défi des intolérances par un autre regard.

Les Béatitudes nous invitent à réveiller en chacun de nous le Dieu et le souci de l’autre qui nous habite dans l’espérance et l’amour. Et, si nous vivons dès à présent, par elles, nous serons de ceux et celles qui, dès le matin déjà, travaillent à la beauté du jour. Nous serons de celles et ceux qui, dans  l’amour, travaillent à la grandeur des autres.

Voilà pourquoi j’aimerais que la parole des béatitudes se prolonge, que l’homélie se continue pour devenir silence et geste en faisant mémoire, selon une tradition de notre communauté, des membres proches de chacune et chacun qui formons cette assemblée. Nous voulons nous souvenir…  Après un temps musical, et le retour des enfants, j’invite ceux et celles qui ont perdu un membre de leur famille, un proche,  au cours de cette année, à venir allumer un cierge pour nous redire ensemble que la vie continue et que même dans la mort il y a de la lumière, celle d’une vie autre, celle d’une résurrection. C’est la bonne nouvelle pour aujourd’hui. Les femmes et les hommes, qui nous ont quittés, ont fait l’expérience des béatitudes. Malgré leur absence, ces personnes nous donnent envie d’être heureux et de découvrir l’ouverture au bonheur.


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