Notre temple à Montréal Communauté chrétienne
Saint-Albert-Le-Grand de Montréal
Contrôler votre inscription au registre de la Communauté

30e dimanche ordinaire A

26 octobre 2008

 Accueillir ou non l’immigré

Yves Cailhier

Voir le déroulement de la célébration pour les textes évangéliques

Yves Caihier

« Accueillir ou non l’immigré », « soutenir ou non la veuve et l’orphelin » c’est-à-dire les oubliés de la société, « secourir ou non les pauvres », tous ces actes ou omissions, nous dit le livre de l’Exode, Dieu les considère comme faits à lui-même. Dieu n’est pas indifférent à la façon dont nous traitons notre prochain. Il se considère personnellement concerné par ce que nous faisons ou ne faisons pas à autrui.

C’est ce lien inextricable entre amour de Dieu, amour du prochain et amour envers soi-même que l’évangile accentue. Comment articuler ces trois formes d’amour entre elles?

« Aimer son prochain comme soi-même ». S’aimer soi-même ne va pas de soi. Ne dit-on pas que le moi est haïssable? S’aimer soi-même, n’est-ce pas du narcissisme? Certaines personnes sont si imbues d’elles-mêmes, se croient tellement au-dessus des autres qu’« elles ne portent pas à terre » selon l’expression populaire. Est-ce cela « s’aimer soi-même »? Par ailleurs, d’autres personnes, tout au contraire, se dévalorisent et ne s’aiment pas. Elles n’aiment pas leur corps, elles n’aiment pas leur caractère, elles n’ont pas les talents qu’elles auraient aimé avoir, etc. On pourrait multiplier les motifs qui portent les gens à ne pas aimer ce qu’ils sont.

Pourtant, les spécialistes du comportement humain insistent sur la nécessité d’avoir une bonne estime de soi pour s’épanouir et avoir de bonnes relations avec autrui. S’aimer soi-même, c’est avoir une juste image de soi, s’accepter avec ses faiblesses et ses forces, avec ses limites et ses qualités, non pas pour s’y complaire, mais pour  s’accomplir, s’épanouir, en tablant justement sur ses forces et ses qualités.

C’est pourquoi l’estime de soi doit être cultivée et encouragée. Nous avons même une responsabilité dans la formation d’une image positive de soi chez autrui. Le regard que nous portons sur autrui contribue pour beaucoup à la formation de l’estime soi chez lui. L’enfant dévalorisé par son entourage finira par croire ce qu’on dit de lui et à se forger une image négative de lui-même. Celui qui n’a pas d’estime pour ce qu’il est, peut difficilement aimer et être aimé.

C’est pourquoi Jésus demande d’aimer le prochain comme soi-même. Aimer son prochain comme soi-même, c’est en quelque sorte lui vouloir et lui faire du bien, à même le bien que nous nous voulons et que nous nous faisons à nous-mêmes. C’est cela aimer le prochain comme soi-même.

L’expression « aimer le prochain comme soi-même » apparaît sept fois dans le Nouveau Testament, mais seul l’évangéliste Luc, dans la parabole du Bon samaritain (Lc 10 :25-37), tente de préciser qui est le prochain. La parabole nous apprend que le prochain n’est pas un proche par les liens du sang ou de l’amitié. Le prochain, c’est sans doute celui qui a besoin de notre aide, mais c’est surtout celui dont on se rapproche, celui dont on se fait proche. La proximité dépend de nous. C’est à nous de faire la démarche de se rapprocher de l’autre quel qu’il soit, soit pour le découvrir comme l’immigré, soit pour lui porter secours, lui rendre service par compassion ou par amour comme le pauvre.

Le commandement d’« aimer son prochain comme soi-même » est lié à celui d’aimer Dieu de tout son être. Comment peut-on rattacher ce commandement qui, nous dit l’Évangile, est semblable au premier, au grand commandement de l’amour de Dieu? On serait tenté de dire : aimer son prochain n’est-ce pas donner une preuve que nous aimons Dieu? C’est ce que semble dire Saint-Jean dans sa Première Épître : « Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, ne peut pas aimer Dieu qu’il ne voit pas… Celui qui aime Dieu aime aussi son frère » (1Jn 4 :20).

Pourtant, en s’inspirant du même Saint-Jean, on peut dire qu’aimer son prochain, c’est aimer Dieu, puisque, nous dit-il, « si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous et son amour, en nous, s’est accompli » (1Jn 4 :12). L’amour de Dieu en nous s’accomplit dans l’amour du prochain.

Peut-on mieux souligner comment Dieu est à la source de tout amour? Amour de Dieu, amour du prochain comme soi-même ont leurs racines dans l’amour dont Dieu nous aime. C’est Lui qui le répand dans nos cœurs et nous permet de vraiment aimer.

Comment est-il possible de commander d’aimer? L’amour, dit-on, ne se commande pas, il y a en lui de l’affection qui ne peut faire l’objet d’une obligation. Le mot français « commandement » est ici trompeur. Le mot grec utilisé dans le NT, traduit en latin par « mandatum », serait mieux traduit par le mot français « mandat » ou « mission ».

Le commandement de l’amour, c’est le mandat ou la mission que Dieu en Jésus, son Fils et Seigneur, nous confie : aimer sans partage, à partir de l’amour dont Dieu nous aime. Ce mandat ou cette mission relève sans doute de l’obéissance de la foi, mais aussi, comme tout mandat, toute mission, de l’initiative de chacun. C’est à chacun et chacune d’inventer la manière dont il peut s’acquitter de cette tâche confiée à tous ceux et celles qui se réclament de Jésus.

Comme le souligne l’Évangile et l’illustre le texte de l’Exode que nous avons lus tout à l’heure : « Tout ce qu’il y a dans l’Écriture – la Loi et les Prophètes, dépend de ces deux commandements ». Tous les préceptes particuliers, toutes les exhortations, les mises en garde… visent à indiquer dans quelle direction s’accomplissent ces deux commandements. Ce que Saint Augustin a exprimé dans une formule admirable de concision que je laisse à votre méditation : « Ama, et quod vis, fac ». – « Aimes, et ce que tu veux, fais-le ».


Vous pouvez envoyer vos commentaires sur cette homélie à l'adresse suivante :

commentaires@st-albert.org

 


Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand de Montréal
Accueil    Homélies    Organisation    Événements    Célébrations    Inscription
Plan du site    En haut