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29e dimanche ordinaire A

Baptême de Marike Fournier

19 octobre 2008

Lire les deux côtés de la médaille

Guy Lapointe

Guy Lapointe
Isaïe 45, 1, 4-5

Matthieu 22, 15-21

I Thess. 1, 1-2

 

Lequel d’entre nous, une fois ou l’autre dans sa vie, pour clore une discussion, n’a pas prononcé cette phrase : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu »? Cette phrase a fait souvent le tour de la planète depuis des siècles. L’entendre encore une fois ce midi, c’est assez étonnant. Un drôle de hasard, dans la situation de la crise mondiale de l’argent que l’on vit et qui nous force à regarder non seulement l’argent avec un autre regard, mais aussi l’ensemble de nos façons de vivre. C’est le cas de le dire : regarder des deux côtés de la médaille. Comme si le monde avait besoin d’un second baptême pour appendre à vivre autrement et à vivre selon ses moyens.

Ce passage de l’évangile se joue ce midi sur une pièce d’argent. Avec une ironie certaine, Jésus apprend aux pharisiens à lire les deux côtés de la pièce de monnaie. Les pharisiens sont flatteurs : ils lui disent : « Toi qui es toujours vrai ». Mais Jésus, les connaissait bien. Il n’apprécie pas le compliment de leur part; il ne se gène pas et il les traite tout simplement d’hypocrites. Cela ne nous fait-il pas penser à certains discours des dernières semaines où on se traitait de tous les qualificatifs, pas toujours très jolis! Une chose qu’il importe de nous rappeler, c’est qu’au temps de Jésus tous les partis ou presque pratiquaient l’amalgame entre le politique et le religieux. On n’est peut-être pas si loin de cette situation dans certains pays… Les pharisiens veulent le coincer. S’il dit qu’il faut payer l’impôt à César, il apparaîtra favorable à l’occupant, puisque le pays était occupé par les Romains. S’il dit non, il devient un opposant politique. Pourtant, Jésus n’a jamais réclamé de pouvoir politique.

Cette demande de Jésus – « Montrez-moi la monnaie de l’impôt? » - et sa parole : « Rendez donc à César ce qui est à César; et à Dieu ce qui est à Dieu » - manifestent que Jésus sait apporter finement les nuances. La réponse de Jésus est fascinante parce qu’elle reconnaît les deux réalités : César et Dieu. Il y a reconnaissance chez-lui des dimensions qui font la vie en société et aussi du jeu de la foi. Ce sont nos dimensions de vie à la fois politiques et spirituelles qui sont interpellées dans ce passage d’Évangile. Les deux dimensions doivent être ouvertes l’une à l’autre, dans leur champ propre. Ce sont deux ordres dans nos vies. Pas d’absolus, d’attitudes rigides ni dans l’un, ni dans l’autre, mais des liens critiques, un regard critique et vrai et aussi un grand respect les uns pour les autres et pour les valeurs que chacune et chacun porte. C’est ainsi que se construit une société digne de l’être humain, soucieuse des plus pauvres et, par le fait même, digne de Dieu.

On le sait, la foi en l’Évangile, comme le politique, se donnent des cadres, des rituels pour vivre. Ce qui, dans les religions, finit toujours par avoir un poids politique. Ce que l’Évangile cherche à nous faire vivre, c’est une foi incarnée qui est traversée par tous les courants de la vie. Nous sommes habités par le social, le politique, le culturel, le spirituel et nous devons en rendre compte, rendre nos comptes. Apprendre à vivre en étant capables de nous bien situer sans esprit dogmatique, doctrinaire. Développer un esprit qui ouvre notre sens politique vers une solidarité plus forte, un sens du partage en lien avec l’Évangile. Une spiritualité marquée par l’Évangile tout autant que d’un sens politique ouvert. La difficulté c’est de garder l’équilibre. C’est à ce point que les communautés chrétiennes peuvent devenir des lieux de réflexions, d’éveil à la conscience critique inspirées par les accents de l’Évangile. Heureux les femmes et les hommes qui, à cause de leur foi, prennent au sérieux leurs responsabilités citoyennes et s’engagent!

L’important, c’est qu’on s’accueille mutuellement et dans nos différences, comme, ce midi, on accueille Marike dans le baptême et dans notre assemblée. Qu’elle soit préparée, et aidée par son entourage à s’ouvrir aux enjeux de la vie et, je l’espère, aux enjeux de la foi. Le baptême, c’est un rite qui signifie un passage, une entrée dans la dimension de foi de la vie. Ce geste pour les parents qui présente un enfant, signifie qu’on est prêt à se mouiller pour entrer dans cette dimension de la vie où Dieu est présent, où Dieu, à travers Jésus et les autres, se manifeste à nous, dans les dimensions politiques et religieuses de la vie en société.

Le baptême, et le baptême de Marike aujourd’hui, nous invite à nous remettre en marche, à traverser les fleuves et les rivières pour tenter de mieux découvrir ou redécouvrir autrement cette dimension de la foi et de vivre et de lire les deux côtés de la médailles de la vie, en rendant à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Notre baptême nous y a engagé; il engage les parents et je l’espère que l’enfant y trouvera un sens dans sa vie.

Ce que Paul a écrit aux chrétiennes et chrétiens de Thessalonique (1, 2-3) m’a séduit. Sans être parfaits, ces chrétiens prenaient au sérieux l’Évangile. Paul les encourage, les félicite même.

Nous, nous nous adressons à vous Église de Thessalonique
qui est en Dieu, le Père et en Jésus Christ.
À tout instant, nous rendons grâce à Dieu à cause de vous tous,
En faisant mention de vous dans nos prières.
Sans cesse nous nous souvenons
Que votre foi est active, que votre charité se donne de la peine,
Que votre espérance tient bon…

On pourrait, nous aussi aujourd’hui, comme Paul le fait, rendre grâce pour ce que nous vivons de beau et de bon dans notre communauté. Ce n’est pas toujours facile, vous le savez, on le sait. Merci à tous et à toutes, si différents dans cette assemblée, présents ou absents, pour ce que votre foi, votre charité et votre espérance nous apportent mutuellement. À nous voir vivre, je suis convaincu que Dieu voit large…

 


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