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19e dimanche ordinaire A

10 août 2008

 De la montagne à la mer...

Guy Lapointe

Guy Lapointe

I Rois 19, 19a.11-13a

Matthieu 14, 22-33

De la montagne à la mer… On se croirait en plein paysage de vacances. La montagne, point de rencontre entre ciel et terre. La mer, immensité secrète. Lieu de toutes les peurs, lieu  des naissances  et des renaissances. Le prophète Élie va à la montagne de Dieu. « Il entra dans une caverne et y passa la nuit ». « Jésus obligea ses disciples à monter dans la barque pour aller sur l’autre rive ».  Tout se passe au début et à la fin  de la nuit.

Désespéré, le prophète Élie! Le mot n’est pas trop fort. À ce moment de sa vie, le prophète, qui avait connu des jours lumineux, était un homme traqué qui était même devenu violent. Il ne peut donc plus jouer son rôle de prophète. Le désespoir a failli l’emporter dans le tourbillon des sables du désert. Il a eu le courage de monter vers Dieu. Dieu, depuis un certain temps, se manifestait à lui dans un fracas épouvantable, dans les éclairs et le tonnerre. Et voilà que Élie vit une toute autre expérience de Dieu. « Et le Seigneur n’était pas dans l’ouragan, ni dans le feu, ni dans le tremblement de terre, mais dans le murmure d’une brise légère ». Et le Seigneur se trouvait dans la brise légère. C’est une annonce toute nouvelle de la présence de Dieu. Souvent, nos prières, et même nos liturgies, expriment la puissance, la force, le fracas pour tenter de dire Dieu. Ici, dans le passage du livre des Rois, c’est un renversement : la brise légère inaugure une nouveauté. La foi entre dans de nouveaux chemins qui conduiront, peu à peu, jusqu’à Jésus. Dieu n’intervient pas dans de terrifiantes manifestations de la nature, mais dans une intériorité symbolisée par une « brise légère ». 

 De la montagne d’Élie, on se retrouve, dans le récit évangélique, sur le lac.   Jésus « en partageant le pain avec la foule », vient de se tailler un beau succès.  Ce geste a pu être interprété comme un geste de puissance, alors que, pour Jésus, c’était un geste d’attention aux autres et d’apprentissage au partage. Il pourrait en profiter. Ce n’est pas ce qu’il fait. Moments de grandes marées humaines, moments de prières personnelles. Il invite ses disciples à monter dans la barque pour gagner l’autre rive du lac. L’autre rive ? Quand on est sur l’autre rive, on ne voit plus « sa rive à soi » de la même manière. Prendre de la distance, aller à l’écart, est une nécessité de la vie pour voir et regarder autrement, pour nous voir et nous regarder autrement. D’ailleurs, on sent que beaucoup de personnes désirent de temps en temps se retirer de la vie quotidienne, pour réfléchir, pour prier aussi.

Jésus se retire à l’écart pour prier. Pendant qu’il est seul à la montagne, il ne perd pas de vue les siens. Il veut les rejoindre. Le vent se lève… Il marche sur les eaux pour rejoindre ses disciples. Pierre entre dans ce jeu. Il marche sur les eaux. Il a peur… La confiance est ébranlée ; il s’enfonce. Chez-nous  on dirait : il cale. C’est le geste de la main qui le sauve. Homme de peu de foi, mais qui cherche la puissance.  « Jésus tendit la main à Pierre qui s’enfonçait dans les eaux. »

Jésus ne veut surtout pas être identifié seulement à un faiseur de miracles, par plus qu’il ne veut être pris pour un fantôme, pour une illusion. « Non, c’est bien moi, n’ayez donc pas peur ! Moi, tel que vous me voyez et m’entendez quand je suis sur la rive ». Jésus, l’imprévu, l’imprévisible. Le fin mot de toute cette histoire : la foi, c’est la confiance en la parole et au geste de quelqu’un. On construit la vie  dans la confiance ; la foi fait son chemin en nous, à la fois comme individu et comme communauté d’Église, dans la confiance en Dieu liée à la confiance dans les autres.

Jésus, lui, l’homme et le Dieu, est toujours sur l’autre rive, en même temps qu’il est sur les deux rives à la fois. Quand on le dit homme, certains pensent qu’on diminue d’autant sa divinité. Quand on affirme qu’il est Dieu, d’autres s’imaginent qu’on réduit d’autant son humanité. Passer de l’un à l’autre comme on passe d’une rive à l’autre.

Dieu habite la fragile humanité de Jésus, comme notre humanité fragile. Dieu n’habite plus désormais que la confiance, notre capacité d’aimer. Ne cherchons pas ailleurs. Et souvenons-nous : ce que Jésus voulait rappeler à ses disciples après le geste du pain partagé en abondance, c’est que le mystère de l’autre, l’attention à l’autre nous garde éveillé au mystère de Dieu.

Dieu s’est fait homme justement pour se rendre accessible à nous. On s’apercevra alors qu’on  marche dans un tout autre paysage, habitant d’autres territoires, celui de la confiance et du regard ouvert sur les autres et sur soi-même. Il nous faut reconstruire un chemin, cahin-caha. Nous en sommes là souvent. Un chemin d’humanité, un chemin de foi. Apprendre, au souvenir de Jésus, à  marcher avec des chercheurs de sens…

Comme Élie avait senti la présence de Dieu dans  la douceur d’une brise légère, ainsi les disciples vivent la présence de Jésus dans sa plus commune humanité. Espérons que c’est aussi notre manière de nous accueillir nous-même,  d’accueillir Dieu et les autres.


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