Un récit que les enfants qui feront leur première
communion connaissent bien. Le « vieil » Abraham
qui accueille trois inconnus et qui les invite à partager le repas.
Une histoire comme il y en a tant. C’est le beau côté des êtres
humains, de nous-mêmes, lorsque nous risquons l’accueil de
l’autre.
« Et Jésus qui disait à ses disciples : « si
vous m’aimez, vous resterez fidèle à ma Parole ».
Et il continue : « mon Père vous donnera l’Esprit
de vérité qui sera avec vous pour toujours ». Apprendre à vivre,
n’a de sens et n’aura de sens pour ces jeunes, comme pour nous
tous, qu’à apprendre à aimer. Et cela commence par
des gestes aussi simples que de prendre un peu de pain et un peu de vin,
faire attention à l’autre tout près ou même au
loin, pour qu’il puisse, lui aussi, partager et avoir de quoi vivre.
On parle tellement de la « crise alimentaires »,
de la faim dans le monde, par les temps qui courent… Un vrai problème
de nos sociétés riches et pauvres. L’amour et l’attention
envers l’autre commencent là, tout près du pain à partager.
Jésus l’avait compris lorsqu’il a dit à ces amis : « Prenez
et partagez, c’est mon corps… ». C’est ce
qu’on a tenté de faire saisir aux enfants qui auront pendant
toute leur vie à apprendre le sens de ce geste.
Lorsqu’on a demandé aux enfants de mettre par écrit
les motifs qui les amenaient à faire leur première communion,
j’y ai retrouvé quelque chose des paroles de Jésus
que l’on vient d’entendre. J’y ai trouvé quelque
chose qui ressemblait à l’Évangile. La vie est une
question d’amour. Partager le pain ou communier, c’est aussi
signifier aux autres notre amour. Ce midi, ce sont les enfants qui, d’une
certaine manière, dans le souvenir de Jésus, nous évangélisent.
Un enfant a écrit : « Je veux me souvenir de Jésus
qui a donné sa vie pour nous. Un autre : « Pour
moi, c’est un moyen de continuer le chemin vers Dieu ».
Un enfant a cette formule superbe : « Je fais ma première
communion parce que je veux être parmi Dieu ». Un
autre : « Je fais ma 1ère communion parce que
je veux entrer dans la maison de Dieu, entrer dans la famille de Dieu ».
Cela donner à penser… Un autre exprime bien l’esprit
de famille. Il écrit : « Je fais ma première
communion car mes parents le veulent et je le veux un peu…! Quelle
franchise!
En fait, les enfants sont à un moment de leur vie, je crois, où elles
et ils commencent à prendre la mesure du sens de la vie, mais aussi à découvrir
qui est cet homme Jésus et comment il a marqué le monde,
comment il peut leur faire soupçonner que la vie, à sa suite,
n’a de sens qu’à faire attention à l’autre, à l’inviter à partager.
Ces enfants saisissent, à leur façon, que le pain et le vin
qu’ils partageront aujourd’hui leur rappelle ce que la
vie de Jésus leur révèle comme avenir.
Prendre un peu de pain et en laisser à son voisin,
comme on le fait dans l’eucharistie, n’est-ce pas, pour ces
jeunes, commencer à croire
que le monde se fait, se construit et n’a de sens que dans la générosité et
l’attention à l’autre. C’est ce que Jésus
a fait et c’est ce que nous rappelons dans le geste de partager le
pain et la coupe en son souvenir. Un jeune a écrit : « C’est
une journée mémorial ». Rien de moins…
Je ne peux m’empêcher de vous rapporter quelques
autres motifs
que les enfants ont donnés pour dire le pourquoi de leur première
communion. Je peux dire que les parents et les grands-parents ont
une grande place dans leur vie.
Un enfant a écrit : « La raison pour laquelle je
veux faire ma première communion est que c’était
le plus beau jour de la vie de mon arrière grand-mère ».
Voyez comment se construit la tradition et la transmission.
« Cela faisait venir Papy et Mamie de France. » Quelle
franchise! Bienvenue aux grands parents…
Une enfant a écrit longuement :
« Je veux manger le pain à l‘église
Je
veux partager avec les autres
Je crois en Dieu
Je vais à l’église
Je veux aider les autres
Je pense à grand-papa
J’apprends la vie de Jésus, j’aime les chansons
et les prières
J’aime les nouvelles expériences. »
Voilà, à leur manière, et la suite de Jésus
et de ses paroles qu’on garde en mémoire, comment les enfants
disent, à leur façon, l’évangile.
Je leur souhaite de garder vivant tout au long de leur vie
et de ne jamais oublier ce geste si simple de partager à une même
table. Ce geste refait la vie; il rejoint les gestes de Jésus. L’accueil à la
table parle de générosité, d’amour et, je le
crois profondément; il parle, même quand on ne le soupçonne
pas, de la présence de Dieu. L’amour dont parle Jésus
et dont nous essayons de parler se construit d’abord dans des
gestes aussi simples de la vie. L’Évangile est un chemin.
Ces jeunes s’y engagent. Jusqu’où iront-ils? Le plus
loin possible, je l’espère et je leur souhaite. N’oublions
pas cette parole de Jésus : « Si vous m’aimez,
vous resterez fidèles à ma parole… ». Et
j’ajouterais à mes gestes aussi… Car vivre, n’est-ce
pas retrouver le sens du partage autour de la table? Tout comme Jésus
l’a fait si souvent et d’une façon toute spéciale
quelques heures avant de mourir et avant que ses disciples le disent vivant
parmi nous. L’amour n’est-il pas plus fort que toute mort!
Je souhaite à tous ces jeunes et à nous tous de n’avoir
jamais fini de le découvrir!