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6e dimanche de Pâques 2008

Première communion

27 avril 2008

 Partager le pain et risquer l’accueil de l’autre

Guy Lapointe

Guy Lapointe

Ex. 18, 1-5

Jn 14, 1-5

 

Un récit que les enfants qui feront leur première communion connaissent bien. Le « vieil » Abraham qui accueille trois inconnus et qui les invite à partager le repas. Une histoire comme il y en a tant. C’est le beau côté des êtres humains, de nous-mêmes, lorsque nous risquons l’accueil de l’autre.

 « Et Jésus qui disait à ses disciples : « si vous m’aimez, vous resterez fidèle à ma Parole ». Et il continue : « mon Père vous donnera l’Esprit de vérité qui sera avec vous pour toujours ».  Apprendre à vivre, n’a de sens et n’aura de sens pour ces jeunes, comme pour nous tous, qu’à apprendre à aimer. Et cela commence par des gestes aussi simples que de prendre un peu de pain et un peu de vin, faire attention à l’autre tout près ou même au loin, pour qu’il puisse, lui aussi, partager et avoir de quoi vivre. On parle tellement de la « crise alimentaires », de la faim dans le monde, par les temps qui courent… Un vrai problème de nos sociétés riches et pauvres. L’amour et l’attention envers l’autre commencent là, tout près du pain à partager. Jésus l’avait compris lorsqu’il a dit à ces amis : « Prenez et partagez, c’est mon corps… ». C’est ce qu’on a tenté de faire saisir aux enfants qui auront pendant toute leur vie à apprendre le sens de ce geste.

Lorsqu’on a demandé aux enfants de mettre par écrit les motifs qui les amenaient à faire leur première communion, j’y ai retrouvé quelque chose des paroles de Jésus que l’on vient d’entendre. J’y ai trouvé quelque chose qui ressemblait à l’Évangile. La vie est une question d’amour. Partager le pain ou communier, c’est aussi signifier aux autres notre amour. Ce midi, ce sont les enfants qui, d’une certaine manière, dans le souvenir de Jésus, nous évangélisent.

Un enfant a écrit : « Je veux me souvenir de Jésus qui a donné sa vie  pour nous. Un autre : « Pour moi, c’est un moyen de continuer le chemin vers Dieu ». Un enfant a cette formule superbe : « Je fais ma première communion parce que je veux être parmi Dieu ».  Un autre : « Je fais ma 1ère communion parce que je veux entrer dans la maison de Dieu, entrer dans la famille de Dieu ». Cela donner à penser… Un autre exprime bien  l’esprit de famille. Il écrit : «  Je fais ma première communion car mes parents le veulent et je le veux un peu…! Quelle franchise!

En fait, les enfants sont à un moment de leur vie, je crois, où elles et ils commencent à prendre la mesure du sens de la vie, mais aussi à découvrir qui est cet homme Jésus et comment il a marqué le monde, comment il peut leur faire soupçonner que la vie, à sa suite, n’a de sens qu’à faire attention à l’autre, à l’inviter à partager. Ces enfants saisissent, à leur façon, que le pain et le vin qu’ils partageront aujourd’hui leur rappelle ce que la vie de Jésus leur révèle comme avenir.

Prendre un peu de pain et en laisser à son voisin, comme on le fait dans l’eucharistie, n’est-ce pas, pour ces jeunes, commencer à croire que le monde se fait, se construit et n’a de sens que dans la générosité et l’attention à l’autre. C’est ce que Jésus a fait et c’est ce que nous rappelons dans le geste de partager le pain et la coupe en son souvenir. Un jeune a écrit : « C’est une journée mémorial ». Rien de moins…

Je ne peux m’empêcher de vous rapporter quelques autres motifs que les enfants ont donnés pour dire le pourquoi de leur première communion. Je peux dire que les parents et les grands-parents ont une grande place dans leur vie.
Un enfant a écrit : « La raison pour laquelle je veux faire ma première communion est que c’était le plus beau jour de la vie de mon arrière grand-mère ». Voyez comment se construit la tradition et la transmission.
   « Cela faisait venir Papy et Mamie de France. » Quelle franchise! Bienvenue aux grands parents…

Une enfant a écrit longuement :

« Je veux manger le pain à l‘église
Je veux partager avec les autres
Je crois en Dieu
Je vais à l’église
Je veux aider les autres
Je pense à grand-papa
J’apprends la vie de Jésus, j’aime les chansons et les prières
J’aime  les nouvelles expériences. »

Voilà, à leur manière, et la suite de Jésus et de ses paroles qu’on garde en mémoire, comment les enfants disent, à leur façon, l’évangile.

Je leur souhaite de garder vivant tout au long de leur vie et de ne jamais oublier ce geste si simple de partager à une même table. Ce geste refait la vie; il rejoint les gestes de Jésus. L’accueil à la table parle de générosité, d’amour et, je le crois profondément; il parle, même quand on ne le soupçonne pas, de la présence de Dieu. L’amour dont parle Jésus et dont nous essayons de parler se construit d’abord dans des gestes aussi simples de la vie. L’Évangile est un chemin. Ces jeunes s’y engagent. Jusqu’où iront-ils? Le plus loin possible, je l’espère et je leur souhaite. N’oublions pas cette parole de Jésus : « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à ma parole… ». Et j’ajouterais à mes gestes aussi… Car vivre, n’est-ce pas retrouver le sens du partage autour de la table? Tout comme Jésus l’a fait si souvent et d’une façon toute spéciale quelques heures avant de mourir et avant que ses disciples le disent vivant parmi nous. L’amour n’est-il pas plus fort que toute mort! Je souhaite à tous ces jeunes et à nous tous de n’avoir jamais fini de le découvrir!


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