Goûter
Noël autrement
À chaque année, le même récit de naissance qu’on écoute
avec étonnement, tout comme on refait les mêmes gestes, toujours
nouveaux, à chaque Noël… Autour de cette histoire de naissance,
on ne s’est pas gêné d’ajouter du merveilleux. Dans
certains récits, au long des âges, on raconte qu’à minuit
les animaux s’agenouillent et que les abeilles chantent un psaume.
Le récit dit le merveilleux de toute naissance. Et Dieu naît
au monde comme tous les enfants.
Je suis frappé par l’émouvante persistance de ce temps
de Noël. On se retrouve encore une fois pour célébrer
cette fête à multiples facettes qui reflètent ce que
nous portons en nous de meilleur, ce que l’humanité porte de
meilleur : le goût de vivre, le goût d’aimer, le goût
de prêter attention à l’autre, à l’étranger,
et aussi le goût de donner et de partager. Des gestes et des valeurs,
que nous oublions peut-être dans le quotidien de nos vies, mais que
la fête de Noël vient comme relancer à chaque année.
Le tout premier récit de la Bible se lit telle une incantation : « Il
y eut un soir, il y eut un matin… ». C’est ainsi
que la Bible, dès longtemps, nous a appris à compter les jours
qui passent, à prendre la mesure du temps qui passe. « Il
y eut un soir, il y eut un matin… » Et entre les deux :
la nuit et quelle nuit! L’immense nuit de l’humanité avec
ses joies, ses tristesses, ses faims de toutes sortes. Et comme nous le chantons,
dans nos vieux cantiques, nous sommes, ce soir, au cœur du mystère
de la « douce et sainte nuit ».
Cette nuit nous rejoint encore. On a l’impression parfois qu’on
s’accroche aux branches de sapin pour donner sens à la vie,
aux relations, au temps qui passe. Parviennent encore quelques rayons de
l’étoile de Bethléem. Cette fête, avec toutes ses
ambiguïtés, a raison d’exister… Oui, c’est
vrai qu’il y a des moments et des gestes d’exagération
autour de cette fête, dans sa préparation. Mais on est ici ce
soir parce qu’on se souvient encore de la naissance de Jésus
et qu’on en cherche toujours le sens dans nos vies. Cette fête
a le mérite d’exister… Elle est accueillie comme toutes
les pauvretés qui se cachent dans l’abondance, dans l’attente
d’une transformation. À Noël, l’enracinement
de la foi se manifeste le mieux….
Une fête qui se vit et se joue à multiples expressions.
Une fête pleine d’humanité où le socle de
ce qu’il y a de meilleur en chacune et chacun tente de se manifester
parfois gauchement. Quand il y a un désir, chez la majorité,
de faire quelque chose pour quelqu’un d’autre, ce n’est
pas rien. Cette fête rappelle que nous sommes sensibles à cette
naissance de Jésus dans notre monde. Cet enfant se révélera
un homme dont le sens de la vie, de l’attention aux autres aura marqué le
monde. Il fait trop penser à Dieu, on le dira Fils de Dieu.
C’est pour cela que le récit de sa naissance a été raconté dans
un contexte si merveilleux, avec, à la fois des gens ordinaires, les
bergers, mais aussi des êtres d’un autre monde, les anges, les
mages, des chants et des paroles qui nous rejoignent, tout ce monde se reconnaît
dans cette naissance.
Oui Noël, souvenir d’une nuit de naissance, est une fête
de Dieu qui se fait le prochain tout un chacun. Nuit où Dieu incite
chacune et chacun à se faire le prochain de lui-même. N’a-t-on
pas parfois du mal à s’aimer?
Nuit de Noël, nuit où Dieu invite les jeunes comme les vieux
de tous les temps et de tous les lieux à se regarder d’un regard
différent, un regard qui ouvre les yeux vers la paix. Alors
fêtons, avec tout ce qui nous rend encore plus humain; renouons avec
nos traditions. Dieu qui vient au monde en Jésus ne nous ouvre-t-il
pas l’avenir? Ne nous projette-t-il pas dans l’avenir. Dieu va
de l’avant. Le salut est plus près de nous… Nous marchons
et nous fêtons de souvenir en avenir…
Fêtons la vie. Fêtons Noël pour les temps présents,
pour donner de l’élan à nos défis et à nos
rêves les plus profonds. Fêtons Dieu dans le souvenir de la naissance
de Jésus et dans l’avenir que cette fête ouvre comme toutes
les naissances d’enfants. Fêtons le meilleur de ce que nous sommes… Oui, « il
y eut un soir, il y eut un matin… » Et entre les deux :
la nuit! Et quelle nuit! Joyeux Noël!