Jean-Baptiste reprend le message d’Isaïe
Dépouillé de tout, il est entièrement consacré à l’essentiel
de sa vie : annoncer, crier que la venue du Christ est imminente, qu’il
est urgent de s’y préparer.
C’est un appel qui secoue tous nos replis, nos faux-fuyants, notre
bonne conscience. Jean-Baptiste crie dans nos déserts,
nos fermetures. Il insiste : « Ne croyez pas qu’il
vous suffira de dire : Nous avons Abraham pour père… »
Il ne suffit pas d’être nés dans la religion catholique,
d’être chrétiens par tradition; il s’agit
de porter du fruit, de mettre la Parole en pratique.
« Celui qui vient après moi vous baptisera dans
l’Esprit Saint et dans le feu; il tient la pelle à vanner dans
sa main, il va nettoyer son aire à battre le blé et il amassera
le grain dans son grenier. Quand à la paille, il la brûlera
dans un feu qui ne s’éteint pas. »
Nous ne pouvons rester insensibles à la menace contenue dans ces
propos.
Mais il est là! Il est venu : Jésus,
le Messie, Celui qu’annonçaient les prophètes. Nous le
savons, son message est un message d’amour; ce qu’il veut, ce
qu’il cherche, c’est le bon grain en chacun de nous, pour en
faire du pain sans doute, le bon pain à partager.
À travers nos faiblesses, nos limites, toute cette paille qui
nous entrave, Il continue de nous inviter à porter du fruit.
Tout au long de l’Avent, nous nous rappelons que Christ est
venu, qu’il est vivant et qu’il nous appartient maintenant de
le faire advenir en nous et entre nous. Porter du fruit!
Avec tout ce que nous sommes, en dépit de nos difficultés,
nos différents états de santé, nos deuils; nos guerres,
nos conflits. La paille et le grain de blé toujours entremêlés
dans nos vies.
Nous allons célébrer Noël! Nous souvenir que Dieu est
venu dans notre humanité.
Il est déjà là, dans ce que
nous avons de meilleur, dans notre ouverture aux autres, notre disponibilité intérieure.
Il est là, malgré la fébrilité,
les tiraillements, la lassitude que nous éprouvons souvent dans cette
période de l’année.
Il est là, dans l’attention portée
aux personnes qui, autour de nous, risquent de vivre Noël dans la tristesse
et la solitude.
Il est là, quand nous parvenons à changer
notre regard, tendre la main, avoir une ouverture dont on se croyait incapables
même envers ces personnes que nous avons tendance à éviter, à laisser
de côté.
Il est là, dans nos célébrations,
quand nous accueillons nos proches qui viennent à la messe de Noël
pour nous faire plaisir ou parce que cela fait partie de la tradition, en
dépit de leurs doutes ou de leur incroyance.
Il est là, quand nous souhaitons paix, santé,
bonheur aux personnes qui nous entourent et avec qui nous partageons les
mêmes valeurs de justice, de respect et de solidarité, indépendamment
de la diversité de nos croyances.
Cette année particulièrement, au moment où comme chrétiens,
comme catholiques, nous sommes interpellés sur la place publique,
il me semble que, déjà, tout simplement, dans notre façon
de vivre Noël, le cœur ouvert, nous pouvons témoigner de
Sa présence.
Il est là! C’est par lui que nous portons du fruit comme un
grain de blé à travers la paille de nos limites.
Il est venu! Et n’est-ce pas avec la paille qu’on a fait son
berceau?