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2e Dimanche de l'Avent (A)

9 décembre 2007

André Gaudreau



Isaïe 11, 1-10

                                                                                    

La connaissance du Seigneur

 

Nous sommes familiers avec ce grand texte d’Isaïe. Mais pour ma part, cette année, j’ai été un peu étonné de l’importance de la place qui y est accordée à l’Esprit. Il me semble que nous sommes habitués à retenir de ce texte surtout son évocation paradisiaque, merveilleuse  d’un temps à venir  d’harmonie, de paix, de partage entre tous les êtres vivants. Quant à moi, à vrai dire, plus j’avance en âge, plus l’avènement de ce temps m’apparaît devoir être remis à plus tard.
Sur un plan global, les relations souvent tumultueuses entre les peuples et entre les cultures, les menaces bien réelles à la survie des écosystèmes et les conditions difficiles de la recherche d’un apaisement des tensions qui en résultent  ne sont que quelques-uns des nombreux motifs de mon inquiétude.   

Alors, que signifie pour nous maintenant et comment peut advenir, peut se produire cette prise de possession par l’Esprit  du pays dont Isaïe nous dit que viendra un temps où il ne s’y fera ni mal, ni destruction parce qu’il sera rempli de la connaissance du Seigneur?

Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur

Depuis l’époque du prophète Isaïe, Jésus est passé parmi nous. Son départ a inauguré le temps de l’Esprit, le temps de l’espérance, notre temps.

Un temps présent et à venir  jusqu’au terme de l’histoire.

Pourquoi est-ce que ce ne serait pas un temps pour transformer notre regard sur l’autre en un regard qui cherche à voir  l’autre au-delà des apparences, avec les yeux du cœur? Un temps pour apprendre à ancrer notre parole dans une écoute de l’autre attentive et bienveillante  qui cherche à l’entendre par-delà  la rumeur et nos préjugés.

 Pour Isaïe, cet autre désigne de manière toute  particulière le faible et le pauvre.

Se pourrait-il que ce temps nous soit donné pour que nous apprenions à nous laisser appeler par la fidélité de l’Esprit, pour que nous apprenions à consentir à prendre appui sur Lui pour convertir notre regard et notre écoute de l’autre?

La première partie du texte qui nous a été proclamé tout à l’heure nous y invite clairement. La seconde partie de ce texte veut nous emporter, nous faire rêver, et pourquoi pas, de ce qui pourrait résulter de cette conversion?

Au terme de ce temps qui est le nôtre, Isaïe n’affirme-t-il pas, en une très belle image, que le pays sera rempli de la connaissance du Seigneur, comme la mer que comblent les eaux. Un temps, donc  durant lequel  l’Esprit envoyé par Jésus aura cherché à devenir par nous présence envahissante, expansion irrésistible, pénétration en profondeur du tissu humain…

… de sorte que les loups – que nous pouvons être les uns pour les autres – auraient appris à habiter avec les agneaux…

… de sorte que les léopards – puissants et dominateurs que nous pouvons être – auraient appris à dormir près des chevreaux…

… de sorte que le petit garçon – la simplicité et la transparence de l’enfant en nous – aurait appris à conduire ensemble au pâturage le veau et le lionceau… – sans que le plus fort ne s’attaque au plus faible…

Le temps de l’Esprit, le nôtre, le temps de la paix à construire, le temps de la réconciliation et de la cohabitation du fort et du faible, du rusé et du simple. Le temps de l’apprentissage de l’accueil, en priorité l’accueil du faible, du pauvre, de l’humble, du petit. Cet accueil, signe entre tous, témoignage décisif, seul vraiment convainquant, du comblement effectif et progressif  mais jamais terminé de notre terre par la connaissance du Seigneur comme la mer que comblent les eaux.


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