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33e Dimanche du temps ordinaire C

18 novembre 2007

Guy Lapointe

Guy Lapointe


Luc 21, 5-19

                                                                                    

C’est toujours la fin d’un monde

 

Des lectures pour le moins inquiétantes et sombres pour un dimanche ensoleillé… Un brin d’humour. Il faut personnellement que j’aie une rude confiance pour entendre ce midi cette phrase : « Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. » Je cherche toujours... Mais où sont-ils donc? Mais, plus sérieusement, quand je vois des personnes qui vivent un traitement de chimiothérapie et qui perdent leurs cheveux, parce qu’elles ont confiance que la vie, pour elles, est encore plus forte que la mort, là je commence à comprendre un peu mieux le sens de cette image que Jésus utilise. Je commence à saisir que oui, dans toute cette description que Luc fait de la fin d’un monde, il parle surtout de retrouver la confiance dans les pires moments de la vie, confiance en soi, confiance dans les autres, confiance dans la vie, confiance en Dieu.Desruction du Temple

Pour les disciples, de braves juifs, s’entendre dire par Jésus que le Temple serait détruit, c’était impensable. Imaginez, ce Temple, lieu de la présence de Dieu qui disparaîtrait. C’était toute une image de Dieu et de la vie qui s’effondrait. On aurait envie de reprendre la question du notre petit catéchisme d’autrefois : « Où est Dieu », on y répondait rapidement pour nous : « Dieu est partout ». Mais à la réflexion, on pourrait apporter une nuance. Oui, Dieu est partout, là où des femmes et des hommes travaillent à construire la vie, même dans les situations les plus désespérantes. Jésus savait qu’on ne renferme pas Dieu, qu’il n’habite pas dans des édifices. Pour eux, c’était la fin du monde et Jésus en rajoute.

Mais s’agit-il bien de la fin du monde? Dans les faits, c’est toujours la fin du monde… À des années-lumière, avec ces images de terreur et de confiance en la vie, ce passage de Luc parle de nous : « Vous entendrez parler de guerres et de soulèvements ». Cela ne nous est-il pas familier? « Il y aura des tremblements de terre, des épidémies et des famines ». La planète se meurt, entendons-nous, mais il y a des femmes et des hommes qui cherchent et engagent leur vie et nous indiquent des pistes pour la sauver.  À la fois, cela fait peur et donne confiance « On portera la main sur vous… à cause de mon Nom. » À certains endroits de la planète, il y a aussi des persécutions des religions entre elles. Combien de personnes et de groupes dans le monde, dans notre monde, ne souffrent-ils pas de ces massacres, de ces incompréhensions? Et même plus près de nous, des divisions familiales, des rejets éprouvants, et souvent, bien de l’indifférence. On sent parfois qu’on a le souffle court, que l’espérance est confrontée; on sent notre résistance mince comme un cheveu. « Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu… »

Si les images sont frappantes, ce n’est pas d’abord le calendrier de fin du monde qui devrait retenir son attention, mais la condition humaine, risquée, souvent tragique qu’est la nôtre. Mais en même temps, il importe de prendre conscience que c’est aussi là que se trouve la vie. Ce passage de l’Évangile selon Luc ne nous parle t-il pas surtout d’espérance, de persévérance. Il nous parle de la vie au milieu de tous ces avatars qui font aussi partie de la vie et qui nous en disent la fragilité. La nécessité de nous tenir, de rester debout envers et contre tout. Ce sera toujours la fin d’un monde… De génération en génération, on a l’impression que tout est à réinventer. Parlez-en à vos adolescents…

On a tous une expérience d’un moment de vie où l’on s’était bien préparé à affronter une situation difficile, mais la situation s’est présentée tout autrement qu’on ne l’avait prévue. On aura toujours à faire face à ce qui se présente, à être fidèle à l’événement. Les disciples semblent vouloir tout prévoir, même les turbulences de l’avenir. Quand donc cela aura-t-il lieu? Rester libre dans tout cela, croire à la vie, à l’amour malgré tout. C’est ce que fit Jésus, c’est un appel à nous aujourd’hui en ces derniers dimanches? Un appel à tenir ferme au beau milieu d’une situation qui se présente à nous. Nous tenir à notre juste place devant Dieu et devant les autres. Ne pas nous laisser emporter et céder aux peurs, de se projeter dans un monde idéal. Consentir au risque de la fragilité. Car il y a toujours des femmes et des hommes — et j’ose croire que nous en sommes — qui ne perdent pas une once de leur personnalité en se tenant debout. N’est-ce pas là une expression de notre résurrection, d’un avenir du monde?

Dieu se donne à entendre à ceux et celles qui acceptent à ne pas tout maîtriser mais bien plutôt à ouvrir l’avenir (« se souvenir du futur »). Aujourd’hui, dans tout ce brouhaha de la vie, nous nous laissons parler de persévérance et d’amour. Nous ne savons ni où ni comment, mais nous entendons la voix du Christ, la voix de l’Évangile. « C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie ». Oui, les vrais « vivants » seront celles et ceux qui travailleront, qui traverseront la vie malgré tout. Celles et ceux qui ont une inébranlable espérance. L’image du temple aujourd’hui est celle que nous projetons nous-mêmes, un temple fragile fait de pierres vivantes. C’est eux, c’est nous.

Nous vivons toujours des temps apocalyptiques, au sens où ces temps, même avec des peurs souvent légitimes, sont aussi des moments de révélation, de surgissement Ce sont des petits gestes de vie qui construisent et reconstruisent le monde. Il y en a dans nos milieux comme ailleurs dans le monde. J’imagine les gestes de vie que certaines personnes ou groupes doivent poser au Darfour, en Irak, ou ailleurs dans le monde. J’entendais l’autre jour le responsable du Club des petits déjeuners… Cet homme a traversé des zones de grande turbulence dans sa vie. Mais aujourd’hui, il parle dans des gestes d’espoir, des gestes de confiance en la vie.

Enfin, pensons aussi au sens que nous donnons au geste de prendre un peu de pain et un peu de vin et en mémoire de Lui, en mémoire de nous de se les partager avec les membres de l’assemblée et avec les absents aussi. Geste de confiance, s’il en est un : « Prenez et partagez entre vous, c’est mon Corps » Oui, acharnons-nous à ne jamais laisser mourir la vie! « C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie », Et surtout n’oublions pas que « pas un cheveu de votre tête ne sera perdu… » Une belle image de confiance!


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