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23e Dimanche du temps ordinaire C

9 septembre 2007

La rentrée

Guy Lapointe

Guy Lapointe


Jean 1, 35-40

                                                                                    

 Des interrogations premières                      
                                                                                       

C’est l’Évangile des premières interrogations. Les deux disciples suivaient Jésus à distance. Ils s’interrogeaient sur cet homme que Jean le Baptiste vient de leur pointer du doigt.

En ce dimanche des retrouvailles, on est invité à accueillir la question ou plutôt deux questions, les toutes premières de l’Évangile, les toutes premières de la vie. Jésus demande aux deux disciples, comme on le fait parfois pour aider quelqu’un : « Que cherchez-vous? » Les disciples d’interroger à leur tour : « Où demeures-tu? » Et l’on comprend bien que cette dernière question n’attend pas un lieu, une adresse comme réponse. La réponse ne peut être non plus que verbale. La réponse n’est-elle pas une invitation (convocation) à se mettre en marche, entraînés vers une demeure à bâtir, à habiter, des personnes, toujours à découvrir, des  gestes toujours à inventer. Dieu habite où nous  sommes…

Puisque, comme dans la vie courante, notre assemblée se refait en cette fin d’été, je les reprends, ces questions, mais en les interprétant : « Que cherchons-nous? » Au fond, qu’est-ce qui habite nos vies, notre foi? Qu’est-ce qui nous fait vivre? Qu’espérons-nous de nous–mêmes? Que souhaitons-nous en venant participer à l’eucharistie dominicale, semaine après semaine? Comment habitons-nous ce lieu, cet espace de célébration qu’on désire le plus ouvert à Dieu et aux autres? Est-ce une demeure habitable? Avons-nous le souci de mieux connaître et rencontrer les personnes dans ce lieu? Toutes ces questions nous rappellent que la foi, comme la vie est une aventure. L’espace de la vie, l’espace de la découverte n’est-il pas à reprendre constamment ces interrogations? Comment nous mettre à la « suite de Jésus » pour reprendre une vieille expression? Vous cherchez, regardez « Venez et voyez. »

Les deux disciples cherchaient Dieu; ils cherchaient à connaître Jésus. C’est notre aventure. On se retrouve ensemble, on se retrouve nous-même. Dans cet évangile, on perçoit en quelque sorte l’écho de la demande de toujours, celle qui a pris corps dans la question posée à Jésus par un disciple : « Maître, où habites-tu? » Homme et femme, où êtes-vous? Quels sont les lieux que Jésus nous invite à fréquenter pour que la rencontre soit possible? Dans la remarque de Jésus — qui n’est pas encore sa réponse — « Viens et vois » se trouve la condition fondamentale, à savoir que toute réponse à la demande de sens s’origine dans  la volonté de s’aventurer; qu’elle ne soit pas une réponse venue de l’extérieur, mais qu’elle mette toujours en discussion notre propre monde intérieur et s’en remette à notre capacité de chercher.

Ils allèrent dans sa maison, nous fait penser que l’Église est, elle aussi, une habitation. Cette habitation dit justement le mouvement de rassemblement, le fait d’être appelés à un point commun de convergence, le fait de réunir des personnes de diverses provenances et de multiples visages, des personnes dont la foi est chercheuse, toujours en profonde interrogation. Je ne peux m’empêcher d’évoquer ici Mère Thérèsa dont on parle beaucoup dans ces temps-ci et qui en étonne plusieurs. Oui, si sa vie fut une action auprès des plus pauvres, sa vie de foi semble avoir été souvent une profonde interrogation sur Dieu, sur elle. Ne vivait-elle pas l’absence de Dieu? « Où demeures-tu? » Cette question devait la rejoindre. Comme elle devrait rejoindre chacune et chacun de nous.

Cette demeure est celle de femmes et d’hommes différents dans leur condition de vie, différents aussi par leur provenance et dans les expressions concrètes  de leurs options de vie et de foi. Souvent l’Église est devenue une maison trop fermée le lieu de la séparation; une demeure dont la table es trop loin de ses invités, au lieu d’être le lieu du rassemblement; une table ouverte à toutes les personnes qui cherchent.

Jésus dit : « Suivez mon regard…voyez vous-mêmes ». Il ne s’agit pas d’un ordre, juste un regard posé ou mieux déposé du fond du cœur. Un regard  n’a d’autre force que son silence encore plus communicatif. Les disciples ont suivi son regard et sont restés avec lui.

Venez et voyez! Mais quoi? La réponse est entre nos mains, celles des individus si différents que nous sommes. La réponse est celle de la communauté rassemblée que nous tentons d’être. Avec l’espoir que nous sommes en chemin : que cherchez-vous? Où demeures-tu? «Venez et voyez… » Une immense interrogation pour l’année qui vient et, à cet égard, comme l’a écrit un poète : « L’éternité n’est pas de trop ».


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