Notre temple à Montréal Communauté chrétienne
Saint-Albert-Le-Grand à Montréal
Page d'acceuilHomélies par homélistes et par dateMembres des comités diversDes activités de la paroisseLa vie liturgique à Saint-AlbertPour vous trouver dans le site

6e dimanche de Pâques C

13 mai 2007

La fête des mères

Catherine Sacchitelle

Les paroles que nous venons d’entendre me semblent apaisantes. Jésus y renouvelle sa promesse de demeurer auprès de nous, d’être présent pour nous. Il a le souci de nous rassurer. Une mère aussi cherche à transmettre une confiance en la vie à ses enfants. Très tôt, elle vise à développer chez eux une force intérieure solide. En effet, les parents réalisent rapidement qu’ils ne peuvent tout contrôler. On vit dans un monde qui peut se révéler menaçant. À cela s’ajoute, je crois, un sentiment d’urgence vécu par les mères qui savent qu’elles peuvent disparaître prématurément. Il nous importe donc de transmettre à nos enfants dès le plus jeune âge, un sentiment de sécurité, une solide estime d’eux-mêmes et une foi en la vie qui transcenderont tous les écueils ou périls qu’ils peuvent rencontrer. Cette expérience de continuité dans la rupture, les mères la vivent dès le départ, car mettre un enfant au monde, accoucher, est en soi une séparation. Mais dans la plupart des cas, celle-ci est teintée implicitement par une promesse de la mère pour son enfant. Celle de demeurer présente fidèlement. Le lien demeure malgré le temps, la distance ou même l’absence. N’est-ce pas le même discours que tient Jésus à ses disciples? Le souci constant qu’on porte au développement, au bien-être et au bonheur de nos enfants ne nous habite-t-il pas toute notre vie? Voilà pourquoi les pertes ou les deuils qu’on vit avec eux demeurent si intenses même quand les années ont Admiration maternellepassé.
Avoir des enfants m’a donné la chance de me découvrir sous un nouveau jour, de développer des dimensions personnelles qui m’étaient jusqu’alors inconnues. Ça m’a permis d’offrir le meilleur de moi-même mais aussi, l’authenticité qu’impose le nid familial m’a confronté à mes limites. La famille nous oblige aussi à composer avec nos traits plus gênants. J’ai découvert qu’on devient mère au même rythme que se développent nos enfants. Il nous faut apprivoiser notre rôle selon leur âge, leurs besoins. On grandit avec eux, on change avec eux, grâce à eux. Il y a un réel échange. Nous espérons toutes que cette route sera longue.
Des parents dévoués offrant une présence attentive, soutenue et chaleureuse à leurs mousses de tous âges, vous en trouverez dans toutes les bibliothèques, arénas, terrains de soccer, etc. Mais je trouve incontournable de souligner que la maternité ne se vit pas en vase clos. Outre nos enfants, plusieurs personnes nous accompagnent dans ce rôle de mère. À l’instar d’un de mes professeurs, Gilles Gendreau, je les qualifierais « d’accoucheurs multiples ». Nous avons besoin du support de notre conjoint, mais aussi de celui de notre communauté, de notre famille, de nos amis. Les familles bénéficient d’une société qui sait leur faire une place et les épauler au besoin. C’est l’ensemble de la société qui s’enrichit quand les bases solides sont mises en place pour favoriser l’épanouissement des jeunes. Les groupes communautaires l’ont compris depuis longtemps. Ils déploient de l’énergie pour développer ce que Camil Bouchard a appelé un « Québec fou de ses enfants ». Des initiatives porteuses d’espoir, il y en a des tonnes. Il est heureux que la Communauté de St-Albert, par le biais du comité Aide-Partage, s’associe depuis des années à des organismes tels que Kousin-Kousin’ qui chapeaute un camp de jour accueillant des enfants du quartier St-Michel durant l’été.
Mon expérience de mère est encore toute jeune. Mais je peux témoigner que depuis 9 ans, je suis stupéfaite par toutes ces mères très allumées et impliquées dans divers organismes communautaires et à l’école. Il y a là une richesse que plusieurs ne soupçonnent pas. En plus de contribuer à construire une société meilleure, ces mères offrent un exemple inspirant à leurs enfants. J’imagine que de tout temps, les mères se sont entraidées. Personnellement, je suis chavirée de découvrir les divers réseaux de solidarités qui existent : les familles font circuler nombre de « sacs verts » remplis de vêtements d’enfants ou des jouets et s’offrent des plats cuisinés à certains moments plus sensibles. Les échanges se font aussi au niveau du soutien psychologique et des conseils face aux préoccupations éducatives. Je réalise que cette relation mère-enfant si intime, voire impalpable, a tendance à déborder pour nourrir une envie de tisser des liens d’entraide. L’expérience Chrétienne, notre relation à Dieu n’inspire-t-elle pas quelque-chose de similaire?
Au sein même de la famille, les parents, ne peuvent que souhaiter qu’entre leurs enfants se développe une relation fraternelle, chaleureuse, solide, où règne l’entraide… Comme Dieu le souhaite pour nous. La vie de famille ne va pas sans heurts. Les relations entre ses membres peuvent se révéler décevantes, chaotiques et conflictuelles. On y vit une suite accélérée de déséquilibres parfois contraignants. Je n’étais pas préparée, en devenant mère, à affronter ce rôle ingrat qu’on doit jouer malgré nous avec nos enfants : éduquer c’est aussi accompagner son fils, sa fille, dans l’apprentissage du déplaisir. Il en va de même dans nos rapports à Dieu-père, Dieu-mère. L’Évangile de ce matin nous rappelle que Jésus nous offre sa Paix. Qu’au-delà des déchirures inévitables, des sentiments de trahison, il y aura toujours cette Paix, garante d’un amour inconditionnel. Des liens familiaux forts nous aident à oser faire les pas nécessaires qui mènent à la réconciliation.
Il est important de savoir profiter des beaux moments quand ils passent et de les savourer. Comme mère, je dois avouer que j’ai eu droit à certains moments de pure grâce. Je ne saurais vous décrire la plénitude qui m’habite, par exemple, lorsqu’il m’arrive de m’endormir pour une sieste aux côtés de ma fille de 4 ans, en lui tenant la main…Toutes les mères ici présentes chérissent des moments précieux où elles ont eu la conviction d’être au bon moment et au bon endroit avec leur enfant.
Parler des mères, c’est aussi parler de filiation, de transmission de valeurs, de génération en génération. Prises dans le tourbillon de nos vies, de nos préoccupations, de la difficile conciliation travail-famille, nous, les mères d’aujourd’hui, devons une fière chandelle à celles qui nous ont précédées. Des femmes et des hommes ont travaillé ardemment pour élargir les horizons des mères, leur assurer une plus grande égalité et la possibilité de faire librement des choix significatifs. Nous avons la responsabilité d’inculquer à nos enfants l’importance qu’à leur tour, ils mettent l’épaule à la roue et contribuent, à leur façon, au mieux-être de tous et à celui de la planète.
Jésus demande à ses disciples de se montrer fidèles à sa Parole, à celle de son Père. Faisant partie d’une longue lignée humaine, les mères ainsi que les pères la transmettent à leur tour. Ils proposent leurs valeurs, témoignent de leur idéal. Ils doivent ensuite lâcher prise, faire confiance eux aussi. Les enfants font leur chemin, choisissent ou non d’adhérer à ces valeurs
Je parlais plus tôt de solidarité, de tissu social propice à l’épanouissement des enfants. Je souhaite de tout mon cœur qu’on se sente interpelés par les trop nombreuses situations où les mères et leurs enfants, voire leur conjoint, sont contraints de composer avec des conditions de vie inacceptables et précaires assortis de divers types de détresse. Des membres de la communauté tentent régulièrement de nous sensibiliser à ce qui se passe ailleurs sur la planète ou ici même au Québec. Cette paix offerte par Jésus, cet amour ne devraient-ils pas contribuer à faire fondre nos peurs et ainsi nous pousser à nous mobiliser toujours davantage

À toutes les mamans, « Bonne fête des mères »!

 


Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand à Montréal
Accueil Homélies Organisation Événements Célébrations Plan du site En haut