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4e dimanche de Pâques C

29 avril 2007

Entendre sa voix

Guy Lapointe

Guy Lapointe


Jean 10, 27-30

Apocalypse 7,9.14b-17

Texte d'Andrée Brosseau

Cette image du berger dans l’évangile de Jean nous colle à la mémoire et à la peau. Le berger, entraîne son troupeau en avant et cherche des espaces nouveaux au gré des saisons et des pluies. Belle image… Il arrive qu’il mette sa vie en danger, qu’il abandonne les autres pour chercher celle qui est perdue : une image de bonté d’amour et de patience, qui correspond bien à l’image qu’on se fait du Dieu de Jésus. « Je suis le Bon Pasteur (le vrai berger) ». Certains auront traduit le « Beau Berger » (Chouraqui). On n’en a hélas trop souvent construit une image terne.

Ce qui m’a retenu cette fois dans ce passage de l’Évangile de Jean, plus que l’image du berger, c’est cette écoute de la voix : « Mes brebis écoutent ma voix… ». Quelle sorte de voix avait–il? Parlait-il gravement, légèrement, lorsqu’il s’adressait à ses disciples au bord du lac de Tibériade ou aux femmes après la résurrection? Entendre une voix, suivre quelqu’un, ce n’est pas seulement se laisser convaincre par une argumentation, mais sentir que ces mots sonnent juste, qu’ils viennent du fond de lui-même.

À l’heure de la haute technologie dont on se sert abondamment, on entend une grande diversité de voix et de paroles. À moins d’entrer dans le Grand Silence. Toutes ces voix, à leur façon, nous incitent à croire que ceci et cela est si important, si nécessaire pour notre qualité de vie. Combien de personnes que nous connaissons — et sûrement nous-même — ont entendu des voix qui disaient de faire tel ou tel choix, de prendre une option plutôt qu’une autre et elles ont dû rebrousser chemin. Alors pourquoi écouter une voix plutôt qu’une autre?

Sommes-nous prêts à entendre les voix dont la tonalité est si frêle, des voix qui crient de l’intérieur leur besoin de vivre, de manger à leur faim pour vivre convenablement? Sommes-nous capable d’entendre, au milieu d’une cacophonie, ces voix qui demandent qu’on ouvre les oreilles pour écouter les autres, les mains pour aider et reconstruire notre petit bout de monde; des voix qui appellent à des gestes. En somme, des voix qui nous dérangent. Voix du berger, des bergers, qui se préoccupent des brebis malades et peu débrouillardes. Oui, nous sommes de cette marche souvent difficile dont parlait l’Apocalypse. Sommes-nous capables ensemble, en communauté, d’entendre cette voix qui nous traverse, celle de Jésus, jusqu’à nous aujourd’hui et qui nous dit que le monde a besoin d’oreilles, de mains, de cœur pour aimer et des yeux pour voir?

Une voix qui rejoint ce qui nous habite au plus profond de nous-mêmes et nous éveille à ce que nous portons de meilleur. Voilà, il me semble, la voix dont parle l’évangile. Cette voix ne vient pas de l’extérieur. Elle est enracinée au plus creux de notre être et toute notre vie consiste à apprendre à l’écouter. C’est l’écoute de cette voix qui nous appellera à aller au bout de nous-mêmes. Et c’est cette voix  qui nous met en route aux moments les plus difficiles. C’est cette voix encore qui nous aide à refaire les choix de vie quand c’est nécessaire. C’est cette voix intérieure qui donne un sentiment de joie et de légèreté devant certaines situations.

Cette voix dont parle l’évangéliste Jean, c’est comme un appel à un autre regard sur la vie, à une longue méditation  sur le sens de la vie. Il faut entendre cette voix venant de l’intérieur de notre expérience de vie et de foi avec les autres. Cette voix de Dieu en Jésus nous passe à travers le corps et l’esprit, à travers nos expériences de vie. L’évangile est à entendre comme une voix de Dieu. Qu’en entendons-nous? Telle est la question.  

On vient à l’assemblée eucharistique pour nous souvenir ensemble de cet homme Jésus, de cette voix capable, avec nous, de faire surgir l’espérance, nous aidant à dépasser les situations de mort. Nous sommes dans le temps de la résurrection; nous sommes dans la suite de Jésus ressuscité, à construire, à notre mesure, l’avenir du monde. Nous prenons plaisir, je l’espère, à réentendre ensemble la voix de l’Évangile. Faire communauté, faire Église, n’est-ce pas, au milieu de toutes ces voix, reconnaître une voix, l’écouter, même quand ce ne serait qu’un filet de voix, — et pourquoi pas? Permettez-moi cette fantaisie en terminant :  nous sommes invités à la joie de célébrer ensemble, à entrer dans cette chorégraphie de celui qu’un théologien appelait magnifiquement un jour « le Seigneur de la danse » (J. Moltmann).


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