Communauté chrétienne Saint-Albert-Le-Grand à Montréal

1er Dimanche du Carême C

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25 février 2007

La parole de Dieu n’est pas loin!

Guy Lapointe

« La Parole est près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur » nous dit saint Paul. C’est ce que Jésus a dû ressentir quand il fut conduit au désert : un besoin et un désir de proximité avec lui-même, avec les autres et avec Dieu.

Oui, le carême, un temps de discernement au risque du désert, de tous nos déserts, consentis ou imposés. Le carême, temps d’interrogation sur que nous devenons. Temps  pour se refaire une âme. Jésus a consenti au désert pour  trouver l’orientation de sa vie. Tentations : mise à l’épreuve. Jésus s’est demandé : que vais-je faire de ma vie? Nous nous demandons à notre tour qu’est-ce que je fais de ma vie? La question est là, la réponse est à venir; elle est à construire, elle nous appartient… Pendant le carême qui s’ouvre, tel un désert, c’est un appel à créer un espace de silence en plein cœur de nos villes et du monde; l’occasion est belle… une étape importante.

Le désert pour Jésus, c’est une mise au monde… Interrogations, épreuves, tentations évidentes qui portent au plus profond de son cœur, pour que sa parole puisse sauver, apporter le salut. Comment naît-on à la réalité de la vie? Comment naît-on à la réalité de ce que nous sommes devenus comme société, comme habitants de la planète? Comment devient-on croyant?

Et alors nous entendons la lettre de Paul. Quelle ouverture et quelle libération que ce  passage. « La Parole est près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur. Cette Parole, c’est le message de foi que nous proclamons ». Affirmation si simple qu’elle pourrait presque passer inaperçue. C’est la parole du cœur qui sauve, parole de la bouche au cœur et du cœur à la bouche, qui nous  fait toucher au Dieu qui est ressuscité en Jésus. La foi est un travail  du cœur qui traverse nos paroles. La foi qui nous traverse le corps, du cœur à la bouche, c’est cela qui fait de nous des êtres croyants, des êtres de salut. « Si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, tu es sauvé ». C’est la  salutation de Dieu qui nous est offerte et qui peut atteindre notre cœur! Dieu en Jésus est venu à hauteur d’humanité. Ce n’est pas rien, nous donner jusque sa vie… Le salut n’est pas dans un ciel que seul un acrobate se permettrait d’atteindre. Il est là, dans la parole que j’entends en ce moment et dans la parole que je vais dire après l’avoir écouté. Lui seul donne sens à la vie. La parole de Dieu est toute proche; elle n’est pas hors d’atteinte; elle n’est pas dans le ciel ni au-delà des mers; elle est proche, signifiante, actuelle. Ne pas la répéter, mais chercher à rejoindre le vif de cette Parole, de notre bouche et de notre cœur… jusque dans l’action.

Comment aller au fond de son cœur? C’est un travail de tous les jours. Le carême est peut-être un temps favorable pour reprendre cette interrogation pour nous-mêmes avec les autres, personnellement et en communauté. On le constate davantage en ces jours-ci : une société qui est pleine de paroles; viennent-elles du cœur? Ne nous arrêtons-nous pas trop souvent à l’aspect spectaculaire des paroles dites, de  la vie, de nos vies?

 Comment aller au fond de son cœur? Comment y inscrire une parole qui fasse sens pour nous et pour les autres, sachant qu’elle est parole qui sauve? « Celui qui croit du fond de son cœur devient juste ».

L’ancien Maître Général des Dominicains, Timothy Radcliff, écrivait ceci : « Il devrait y avoir chez les chrétiens quelque chose qui déconcerte les gens et les pousse à se demander ce qu’il y a au cœur de leur vie ». Pour que cette interrogation resurgisse, la parole doit venir du fond du cœur de chacun et chacune. Alors entrer en carême en se disant : laisser la parole travailler; laisser Dieu être neuf et nous aussi. « La Parole est près de toi, de ton cœur ». C’est l’humanité de la foi. Chercher à l’intérieur de soi. La parole met le cœur en action et réciproquement.

 Conduit au désert, Jésus repart du fond de son cœur; sa parole criera la libération et le salut. Les pauvres seront consolés et auront confiance, les riches s’interrogeront quand ils l’entendront. Et nous… Nous avons à faire le même travail pour que du cœur à la parole, nous vivions, et que les autres vivent. Et tant mieux si la mémoire de Jésus nous fait découvrir un Dieu vivant, ressuscité et que cela inspire le monde. « Païens ou juifs », dit Paul, « il n’y a pas de différence… tous ceux qui invoqueront le nom du Seigneur seront  sauvés ». Mais quelle belle affirmation!  Et que l’Esprit inspire notre cœur et notre bouche…