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À notre tour d’oser entendre et parler

Célébration de la rentrée et appel des services
10 septembre 2006

 Guy Lapointe
Guy Lapointe

Une parole « Ouvre-toi »; quelques gestes, puis une dernière recommandation : ne parlez surtout pas de ce miracle. Soit dit entre nous, il faut être reconnaissant à cette foule, car si elle n’avait pas raconté l’affaire avec tant d’intensité, ce récit ne serait pas parvenu jusqu’à nous. Heureux secret bien mal gardé! 

Guérison d’un sourd-muet. Un homme mis à l’écart vit une seconde naissance. Il peut maintenant mieux entendre et dire ce qu’il est et comment il voit le monde. Il peut dire ce qu’il entend de Dieu. Une personne est libérée. Une parole et  un geste de tendresse. Le geste qui guérit. Il y a vie, il y a résurrection. Que de temps il faut en réalité à quelqu’un pour réapprendre à vivre dans la confiance, à parler correctement. Mais cette fois-ci, rapidement, cet homme retrouve confiance en lui-même. La foi, la confiance est ouverture qui change la relation à soi-même et aux autres, qui change la qualité d’écoute.Jésus et le sourd-muet

Ce miracle est pour nous aujourd’hui. On a besoin d’entendre cette interpellation : « Ouvre-toi ». Ouvre-toi pour t’écouter toi-même, pour écouter l’autre, mieux entendre la voix et la rumeur de Dieu à travers les autres. Pendant l’été, en écoutant certaines musiques qui parlaient de vie, il m’est arrivé de souhaiter un miracle pour qu’enfin les responsables des pays ouvrent leurs oreilles pour entendre autre chose que des bombes, que des gens se parlent et agissent en conséquence.

Dimanche de la rentrée et des retrouvailles. Une occasion de prendre conscience de ce qui nous lie depuis des années, ou même tout récemment, depuis quelques jours peut-être. Ce qui nous amène à l’assemblée dominicale, ce n’est pas ce que nous partageons immédiatement comme un ensemble d’évidences; ce qui nous lie, c’est ce que nous cherchons en commun : un sens à la vie,  une ouverture aux autres et à Dieu.

La foi est reconnaissance; elle est une ouverture des oreilles, de la bouche et aussi des yeux. Ce cri d’admiration devant le sourd-muet qui parle et entend est déjà une reconnaissance que Jésus est un homme qui ouvre à  la vie, à Dieu. Le danger, toujours le même : nous replier sur nous-mêmes. Entre nous on peut se dire ceci : les chrétiens dans ce pays, dans ce Québec, sont invités, avec humilité, à reprendre la parole, à sortir de leur surdité et de leur peur de parler. La lettre des religieuses et des religieux que nous avons appuyée comme communauté nous a révélé par les réactions à l’intérieur même de l’Église qu’il n’est pas facile de dire tout haut des interrogations et de nous interpeller en tant qu’Église.

Nous avons besoin de nous ouvrir à l’Évangile et à la culture, d’y accueillir les appels et les transformations nécessaires. Une parole qui dit et un silence qui écoute J’entendais cet été, à la radio, une émission où on parlait de certains artistes qui osaient affirmer qu’ils ou elles étaient croyants et même que ces personnes priaient. Reprendre la parole, et, comme Jésus tenter de chercher Dieu dans notre monde, pas ailleurs. Arrêter de nous excuser d’être chrétien ou d’aller à l’assemblée eucharistique. À une condition cependant : que les assemblées liturgiques soit signifiantes, prises au sérieux par tous les participants et d’abord par les responsables. Comme le sourd-muet nous devons cesser de rester à l’écart, mais oser, d’une façon libre, intelligente, avec la discrétion et l’humilité nécessaire, faire entendre une parole et passer aux gestes qui font vivre. Parole aux plus proches, dans la proximité, comme au plus lointain.

La rentrée, une occasion de réapprendre le plaisir de faire communauté, de nous retrouver à notre rythme pour mieux repartir dans nos milieux en ayant des gestes et une parole qui parlent de vie; des paroles qui donnent le goût de chercher Dieu et chercher le sens de notre humanité et toujours  interroger notre façon de faire communauté. Que sera notre communauté dans 10 ans? Comment les jeunes que nous trouvons absents apprendront-ils et feront-ils communauté dans quelques années? On ne peut pas faire cela seul et à leur place. Nous avons besoin des autres. C’est ce que nous tentons de vivre depuis des années ici à St-Albert, mais il y a lieu de nous conscientiser davantage.

Faire en sorte que la communauté soit écoutante de tous les mondes. On s’est donné un lieu, un espace; que ce lieu et cette espace soient ouverts, traversés par le monde et au cœur du monde par Dieu; entendre ses besoins pour ne pas devenir sourd nous-mêmes et  comme communauté. On a besoin de gens de cette communauté qui ont toutes sortes de talents, toutes sortes d’engagements qui nous inspirent. C’est pour cela que cette année nous avons voulu faire l’appel des services en ce dimanche de la rentrée. Pour nous sensibiliser davantage au fait qu’il y ait plus de personnes, avec ce qu’elles sont, leurs talents, leur disponibilité, qui puissent travailler à construire cette communauté et à la rendre encore plus signifiante pour nous et pour les autres. Oui, il y a toutes sortes de services à rendre, vous en avez la liste sur cette feuille : intelligence de la foi, travail auprès des enfants de tous âges et des jeunes, groupes de prière : repas communautaire, préparation des célébrations, etc. Certains services ont davantage besoin de personnes; on les a indiqués  en urgence  Que chacune et chacun y participe à sa façon et à sa mesure. La communauté est une construction jamais terminée, toujours en chantier, forte et fragile comme la vie. C’est important que nous ne soyons pas seulement des consommateurs de liturgie. Si on néglige la communauté, qui s’en occupera?

Vous avez avec vous des feuilles sur lesquels sont inscrits tous les services. Vous avez déjà eu le temps peut-être d’y jeter un regard. Vous vous inscrivez aujourd’hui, sinon dimanche prochain où nous referons un autre appel de service.

« Ouvre-toi ». Je souhaite que notre assemblée dominicale, lieu privilégié de la communauté, restent accessible à toute personne croyante, qui cherche Dieu, qui se cherche et qui cherche les autres, une assemblée ouverte à toute personne qui désire partager sa foi, de la dire et de la célébrer. Oui, Dieu est accessible à tous : regardons Jésus, écoutons l’Évangile avec des oreilles et une parole libres. Telle est l’invitation adressée à tous en ce dimanche de la rentrée.


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