CCSA






Communauté chrétienne St-Albert le Grand




Témoignage de Jean Porret

 

Mon âme (vie), bénis le Seigneur   
Et n’oublie aucun de ses bienfaits   
Cher Guy, amies et amis de notre frère qui nous a quitté au milieu de l’été.   
Tu n’es plus parmi nous au moment où le monde vit de grandes incertitudes qui peuvent ébranler nos fondations. Pourtant te rencontrer et te mieux connaitre pendant presque deux générations nous donne une forte impression de loyauté et de fidélité jusqu’au crépuscule de ta vie. 
Des souvenirs nombreux remontent comme un vent du grand large. Le premier est à votre table de la Communauté St-Jean au début des années 1970 et le dernier aussi à la salle à manger du couvent St-Albert une semaine avant le début de la covid. Décidément les repas donnent du goût à la vie.   
Dans ce bâtiment avec tes frères, très nouveau pour moi, vous vous faisiez appeler Communauté St Jean, le plus spirituel des évangélistes et de plus mon prénom. Pasteur fraichement arrivé au pays et dans un couvent lui aussi nouveau, tu m’as aimablement demandé de dire le bénédicité. Ma prière vient du Psaume 103, ‘’Ma vie bénis le Seigneur. Tout ce qui est en moi bénis son saint nom et n’oublie aucun de ses bienfaits.’’ Surprise, c’est un héritage en direct de ma piété protestante venue d’un arrière-grand-père paysan mais charpentier au village, constructeur de plusieurs fermes. Mais si j’en crois ton passé gardé en mémoire, ton parent lui bâtissait des goélettes sur l’Ile d’Orleans, mais taillées dans la charpente des chênes de ta bien aimée Ile d’Orléans. Oui bâtir pour vivre et voyager là ou Dieu nous mène.  
Tes frères dominicains m’ont appris à apprivoiser votre maison et vos voyages dans le temps et la mémoire de votre ordre si ancien. St-Albert est devenu donc pour moi aussi ce lieu béni ou nous avons marché et navigué ensemble et toi tu étais le pasteur fort original de la communauté St-Albert. Tes options très novatrices m’ont fait dire un jour où tu m’invitais à prendre la parole, ‘’mais Guy ce que tu vas dire même le réformateur Zurichois Zwingli ne le disait pas encore’’. Ainsi des barrières tombaient et des horizons inédits se levaient. Je retournais aux pères de l’Église et toi tu gardais une parole nouvelle et si dépouillée comme les premiers pissenlits du printemps qui nous donnent le premier miel. Merci mon cher Guy
Puis je t’ai connu dans ta loyauté quand de deux il n’y eut qu’une communauté sous le même toit. Ce fut aussi mon adieu non prémédité juste avant la Covid. J’étais encore à la table du couvent, entre la soupe et le dessert, tu m’as demandé très sérieusement en me regardant directement dans les yeux, ‘’est-ce que tu prêches encore?’’. Ce n’était pas une indiscrétion mais une question de fond sur la raison profonde de notre vie d’un autre frère prêcheur de la bonne nouvelle. Puis nous sommes descendus à sa demande expresse : ‘’on va descendre à l’Église’’. Et dans cette Église si lumineuse du début de mars il y avait une grande intensité de présence. Tu es resté silencieux pour quelques minutes, pour me dire simplement, ‘’elle est si belle’’. Oui elle a une grande beauté dans son dépouillement extrême. Tu aimais la beauté dans son extrême. Oui j’avais aussi prêché pendant 22 ans une fois par mois dans la même communauté de foi avec les étudiants. Dans mon habit de pasteur avec l’aube blanche à la Communauté chrétienne universitaire avant de reprendre du ministère avec des cultivateurs en Estrie. Avec une autre passion en élevant mes abeilles.      
Guy, je peux te dire sans hésitation, tu es une personne qui a interrogé, nourri et accompagné à ta façon mais si marquée par la loyauté et la fidélité à tes engagements.   
Oui tu as été dans une vie d’épreuves et parfois de tempête, mais tu étais là. Quel privilège de t’avoir connu. Tu es un fils du fleuve, de la mer et du voyage, moi de la terre. Mais il faut du bois et du bon bois pour construire nos vies qui tiennent où nous mettons nos pieds. Je l’ai reconnu chez toi à travers presque deux générations.  
Mes petits-enfants entonnent spontanément ce psaume dans les grandes occasions familiales et religieuses. ‘’Reçois ô Père notre prière de reconnaissance et d’amour’’. Oui tu as donné des signes de vent et d’espoir par ta vie généreuse et ton témoignage et des frères et sœurs se sont reconnus avec toi.
Merci du cœur
Jean Porret .