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Communauté chrétienne St-Albert le Grand





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Le service… c'est notre affaire  !

29e Dimanche du Temps Ordinaire

Raymond Latour   

Is 53, 10-11

He 4, 14-16


Mc 10, 35-45


        En ce dimanche mondial des missions, l’attitude résolue et volontaire affichée par les disciples pourrait nous inspirer, même s’ils n’ont pas obtenu le poste convoité. Jésus a profité du petit entretien d’emploi pour leur signifier ce qu’il attend d’eux, ce qu’il attend de nous. Le service, c’est bien notre affaire ! 
Bien sûr, il ne s’agit pas pour nous d’une mission exclusive, comme si toute œuvre de service devait brandir une bannière catholique ! Nous avons vu récemment que les disciples ont été rabroués par Jésus à ce sujet. Par ailleurs, la consigne de Jésus aux disciples serait à faire entendre à quiconque voudrait nous confisquer l’espace social, confiner la foi au culte et à l’église. Notre foi s’exprime dans le service et une présence aux besoins du monde. On ne peut nous en exclure. Pour Jésus, servir est au cœur de sa Bonne Nouvelle, son gage d’authenticité, ce qui vérifie notre fidélité à la mission. 
Et si Jésus doit s’y prendre à quelques reprises pour bien mettre le service au centre de son message, c’est que les disciples, et nous en sommes, ont de la difficulté à l’intégrer. Ils ont plutôt tendance à s’interroger à savoir « qui est le plus grand ? » ou, c’est le cas aujourd’hui, qui détiendra un poste de confiance aux côtés de Jésus ? Pour la première préoccupation, Jésus invitait ses disciples à se faire le serviteur de tous, à être en compétition pour qui serait le dernier, à accueillir le Royaume à la manière d’un enfant. Quant à désigner ses lieutenants, la question semble prématurée et Jésus déclare qu’il ne lui appartient pas d’en décider.  
Pour l’heure, ce qui importe, c’est le service, et un service à la manière évangélique, qui ne se modèle pas sur la manière mondaine de gouverner. Un service dans le monde, mais dans un esprit différent. Négativement, Jésus demande à ses disciples de ne pas agir comme « les grands qui font sentir leur pouvoir », mais de se comporter en serviteur. Il leur casse encore les oreilles en les reprenant sur leur indélogeable esprit de compétition : « Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous! ».
Un principe important dans le monde de l’éducation est celui de la répétition. Il faut dire et redire les choses pour que cela finisse par s’inscrire dans la tête et dans le cœur. Jésus, avec patience, enseigne donc à nouveau à ses disciples le sens du service, là où réside leur véritable grandeur. Le processus synodal promu dans l’Église insiste pour que nous apprenions à « marcher ensemble ». Les leaders, il en faut, mais leur rôle en est un de service de la communauté.     
        Dans l’Évangile, les disciples Jacques et Jean semblent bien conscients de leur valeur. Ils ont l’étoffe pour occuper des fonctions de gouvernement. Ils abordent franchement Jésus, et ne doutent pas qu’il va entériner leur projet, eux qui ont l’ont suivi depuis les tout débuts. En se mettant de l’avant, ils se déclarent les mieux qualifiés, et peut-être ont-ils raison.  
Mais les 10 autres avaient aussi leurs ambitions et n’ont pas caché leur frustration de se faire couper l’herbe sous le pied de la sorte !      
Les disciples nous offrent aujourd’hui encore un contre-exemple. Ils ne marchent pas ensemble. Ils sont prêts à se piler sur les pieds pour satisfaire leurs ambitions. Ils se croient supérieurs aux autres, souhaitent occuper une position dominante. Ils aspirent à commander en maîtres. Ils veulent être grands et reconnus comme tels. Ils veulent la gloire assortie au pouvoir. Et bêtement, ils croient que leurs liens à Jésus leur permettra d’accéder à ces hauteurs sociales et politiques auxquelles ils aspirent. N’est-ce pas une description qui ressemble à celle du cléricalisme que dénonce vertement le pape François qui parle du synode comme d’un « processus de guérison » pour l’émergence d’une Église véritablement missionnaire.     
Jésus lui-même n’est pas venu pour être servi mais pour servir. Est-il possible alors que l’Église soit autre chose qu’une Église servante ? L’Église servante a connu de nombreuses éclipses durant les deux millénaires depuis sa naissance. Elle est née servante et missionnaire, mais elle a souvent cédé à la tentation d’être dominante et de faire sentir son pouvoir. Est-il possible que notre engagement soit autre chose qu’un engagement à devenir un grand enfant de Dieu par le service ? Le service, c’est notre affaire ! Oui, une affaire à partager !