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Communauté chrétienne St-Albert le Grand





Fête de la Saint-Jean

Bruno Demers

Bonne Saint-Jean à tout le monde!  

Lc 1, 57-66.80
   

La Saint-Jean que nous célébrons aujourd’hui est une fête qui a une tradition mémorable. Elle remonte au IVème siècle, quand on a fixé la naissance de Jésus, la vraie lumière du monde, au solstice d’hiver. Pour respecter la parole de Jean dans l’Évangile qui disait qu’il faut qu’il croisse et que je diminue, la fête du Baptiste fut donc placée au solstice d’été, moment à partir duquel la durée de l’ensoleillement commence à diminuer. Depuis le temps des colonies, en Nouvelle France, la célébration et la dévotion à Saint-Jean-Baptiste s’est propagée partout au Québec. Parce que sa fête correspond au début de l’été, oui, mais aussi, il me semble, parce que Jean-Baptiste est le prophète d’un temps nouveau et qu’il nous exhorte à nous y préparer. 
     
Que pouvons-nous apprendre de la naissance exceptionnelle de cet enfant promis à Élisabeth et Zacharie? Tout d’abord, que l’inconcevable peut arriver. En effet, Élisabeth et Zacharie étaient avancés en âge et n’avaient toujours pas eu d’enfant. Or Zacharie, en service à l’autel du Temple, reçoit un jour la promesse que sa femme lui enfantera un fils. Et voici que cette promesse se réalise.     
     
Jean-Baptiste naît et grandit dans un milieu de personnalités fortes. Élisabeth n’est pas une femme effacée. Devant les autres elle se tient debout et prend la parole. Elle donne son idée, ce qui n’était pas commun à l’époque. Elle n’hésite pas à nommer son enfant. Élisabeth s’affirme mais Zacharie aussi. En effet, alors que leur entourage leur rappelle que cet enfant devrait s’appeler Zacharie comme son père, Zacharie, qui ne peut pas parler, demande une tablette et écrit : Jean est son nom. Leur décision est claire et Zacharie se remet à parler.
     
Pourquoi donc avoir choisi le nom de Jean? Parce que ce nom veut dire « Dieu fait grâce. Dieu est favorable. » L’ange qui était apparu à Zacharie, pendant son service au Temple, avait donné ce nom à l’enfant, pour bien marquer que la mission de ce Jean serait d’annoncer la venue du Messie, temps de grâce pour le peuple d’Israël. Jean sera donc le témoin de l’avènement d’un temps nouveau : une bénédiction de Dieu. Tous les prophètes annoncent un temps nouveau. C’est avec eux qu’apparaît l’espérance dans la tradition judéo-chrétienne. Et Jean-Baptiste, particulièrement.    
     
Pour préparer ce temps nouveau, Jean-Baptiste est aussi le prophète de la conversion. Au désert, il appelle ses compatriotes à changer leur comportement mauvais pour se rapprocher du Seigneur. Comme l’ange l’annonçait à Zacharie : Il ramènera beaucoup de fils d’Israël au Seigneur. Il ramènera le cœur des pères vers leurs enfants. Il conduira les rebelles à penser comme les justes afin de former un peuple préparé pour le Seigneur. C’est bien la double mission de Jean-Baptiste : annoncer un temps nouveau de grâce et appeler à la conversion.    
     
Je crois qu’on a ici une clé de lecture pour comprendre et rendre justice à nos devanciers. Quand les gens sont arrivés dans ce pays, où tout était à faire, à défricher, ils ne pouvaient que s’accrocher à la promesse que l’avenir sera meilleur : une maison, une famille, une terre à cultiver, « un temps de grâce ». Mais pour cela, un gros travail était nécessaire pour faire face à ces conditions difficiles : un temps d’épreuves, de renoncements, de sacrifices, comme on disait à l’époque. « Un temps de conversion » comme disait Jean-Baptiste. On nous rapporte que nos devanciers étaient très marqués par la foi.   
     
Il me semble que le message de Jean-Baptiste est toujours d’actualité aujourd’hui. Nous vivons dans une période d’incertitudes : des guerres qui s’éternisent, des bouleversements climatiques, des situations économiques précaires. Jean-Baptiste nous rappelle qu’un temps de grâce est toujours devant nous. Dieu nous est favorable. Et ça commence quand nous nous rassemblons autour de sa Parole et de son pain partagé. La fraternité entre les croyants existe et la communauté peut en témoigner.   
     
Pour que le temps nouveau puisse se réaliser, l’Évangile nous rappelle les valeurs à privilégier : le partage, des agirs responsables à l’égard de la planète, l’accueil de l’étranger. Oui, nous sommes toujours des disciples de Jean-Baptiste. Comme lui, nous voulons contribuer à bâtir une société conviviale, respectueuse de tous ses membres. Nous entendons encore son appel à être des signes crédibles et engagés qui poursuivent le travail de l’Évangile au sein des gens de ce pays.