En ce temps-là, parlant à la foule, Jésus disait : « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le blé est mûr, il y met la faucille, puisque le temps de la moisson est arrivé. »
Il disait encore : « À quoi allons-nous comparer le règne de Dieu ? Par quelle parabole pouvons-nous le représenter ? Il est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences. Mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. »
Deux petites paraboles, chacune avec son message distinct. La première dit : ayez confiance, le règne de Dieu arrive malgré tout. Vous pouvez veiller ou dormir – cela arrivera. Le message de la deuxième est tout aussi clair : petit deviendra grand. Le règne de Dieu commence tout petit pour devenir immense.
Un petit bijou, ce texte. Le centre du message de Jésus, le résumé de toutes ses paroles et de sa vie, c’est le règne de Dieu. Et ici il en parle dans son style préféré, la parabole, c’est à dire, la comparaison. (Il y en a 43 dans les évangiles). Et ce message est très simple et entièrement positif. Je cède à la tentation de le combiner avec les versets si simples et positifs que nous venons de chanter.
“ Que tes œuvres sont belles, que tes œuvres sont grandes… ” L’humanité entière a toujours chanté ces paroles, éblouie devant la beauté et l’immensité de la création. La majesté de l’univers, c’est la seule chose dont nous sommes absolument sûrs. Quelle que soit notre idée de la création, la force originale, c’est Dieu. Nos paroles sont trop faibles, mais nous n’avons pas de doute : derrière la création il y a la lumière, la puissance, l’éternité. Il y a Dieu, et ses œuvres sont comme lui, belles et grandes. Elles sont surprenantes : la plus petite des graines de semences devient le plus grand des buissons. Et la petite terre, si insignifiante dans l’espace infini de l’univers, peut être, pour nous, “ le monde ”. Que tes œuvres sont belles!
“ C’est toi le Dieu qui nous a faits, qui nous a pétris de la terre… ” Bon, d’accord, c’est du langage poétique, mais pas si loin de ce que la science nous en dit. Ces petites bêtes qui sont nos ancêtres seraient sorties d’un étang de boue. C’est comme de la terre, un peu liquide. L’idée me plaît tout autant que celle que nous faisons partie de cette création sur fond de boue, de ces œuvres belles, comme les oiseaux, les moustiques, les baleines et nos cousins les singes. Dieu a jeté en terre les semences et tout est sorti selon son plan.
“ C’est toi le Dieu de l’univers qui nous as comblés de tes biens… ” Tout autour de nous ces biens sont évidents. Nous avons à manger, nous avons la musique, les fêtes, nos familles, tous ces biens matériels et immatériels. Nous vivons, comme chacun sait, dans le “plus-meilleur” pays du monde pour citer vous savez qui. Tous ces cadeaux, toute cette grâce divine, comme on disait autrefois. Évidemment nous avons aussi la souffrance et la misère, et on en parle assez; à part du positif il y a aussi du négatif. Mais faisons aujourd’hui l’addition: en bas de la page, c’est largement positif : nous sommes comblés de biens.
“ C’est toi le Dieu qui nous appelles à bâtir un monde nouveau… ” Alors là, nous avons un problème. Ces œuvres si belles et grandes auraient-elles besoin de restauration? Cette création ne serait donc pas parfaite? Mon interprétation est celle-ci : la création n’est pas finie, le règne de Dieu évolue et nous sommes appelés à participer dans sa construction. Avec énergie, mais sans obsession, sachant bien que si nous dormons ou si nous veillons, la semence va germer et grandir. Pour le concret de notre engagement, pas besoin de spécifier ici. Nous savons tous ce qu’il faut faire autour de nous, selon nos forces et nos limites. “ Semer dans la confiance ”, c’est tout engagement social, communautaire, humanitaire – tout ce qui rend la vie de quelqu’un un peu meilleure. Le règne de Dieu n’a rien à faire avec la théologie et les catéchismes. Il a tout à faire avec des gestes d’humanité.
“ C’est toi le Dieu sur nos chemins, qui soutiens chacun de nos pas… ” Nous sommes là au centre du message positif de ces paraboles et de notre chant : Dieu sur nos chemins. Ce n’est donc pas juste une force mystérieuse du passé qui a causé, il y a très longtemps, le big bang et l’évolution et tout ce que nous connaissons comme la création. Non, la force est là, ici, aujourd’hui, elle nous accompagne, nous guide, nous corrige, nous sauve. Nous ne sommes jamais seuls. Et c’est cela le règne de Dieu : la force qui nous entoure et nous laisse semer en toute confiance sur tous nos chemins. La force qui commence petite et devient grande. Que cette force soit toujours avec nous!
Que tes œuvres sont belles, que tes œuvres sont grandes! Seigneur, Seigneur, tu nous combles de joie!