Depuis le matin de ce jour où quelques femmes avaient constaté que le tombeau dans lequel reposait leur grand ami était vide, les proches de Jésus firent face à toutes sortes de situations et de surprises qui leur posaient bien des questions. Jésus venait, disparaissait, revenait. À chaque fois, il leur prodiguait des conseils sur ce qu’il leur fallait faire. Celui qu’ils avaient suivi avec enthousiasme depuis déjà trois ans, parce qu’ils le considéraient comme un maître, les invitait maintenant à se prendre en charge, à devenir responsables. Qu’allaient-ils faire? Qu’allaient-ils être?
D’après les Actes des Apôtres, le récit lu au début de notre rencontre, la dernière parole que les disciples entendirent de Jésus fut : « Soyez mes témoins! » Cette parole fut aussi l’au revoir qu’il leur adressa le soir même de Pâque lorsqu’il vint les rencontrer. En les quittant ce soir-là, il leur avait dit : « À vous d’être mes témoins! » Au bout de ces quarante jours, ils furent prêts à s’engager.
De qui? De quoi seraient-ils les témoins? Les trois précédents dimanches nous ont présenté l’orientation du témoignage que Jésus les invite à prendre. Ces évangiles sont tous de Saint-Jean et ont un thème commun : l’amour du pasteur pour ses brebis, l’amour du vigneron pour sa vigne, l’amour que nous sommes invités à développer les uns à l’égard des autres.
Ainsi se termine le temps de Pâques et s’ouvre notre temps, le temps du témoignage. La question que tout cela me pose ce midi est la suivante : Mais qu’est-ce qu’être témoin? Si un témoin rapporte ce qu’il a vu et entendu, il le rapporte avec ce qu’il est, avec son angle d’observation, sa perspective.
Quel est notre angle d’observation aujourd’hui? La mort semble roder partout, même si ses formes varient. Gaza, Ukraine, terres qui brulent ou sont inondées, gens qui fuient leurs pays parce que la vie devient impossible, familles et individus s’épuisant à trouver un logement convenable, groupes puissants monopolisant d’immenses richesses à leur profit. C’est dans ce monde menacé de mort que Jésus nous invite à témoigner, i.e. à nous engager à participer à construire l’espérance et la vie sur notre terre.
Si la mort semble partout, la vie aussi. Désirs et agirs de résurrection sont bien présents. Malgré des dérapages possible, l’engagement des jeunes universitaires pour sortir de la crise israélo-palestinienne est un témoignage fort appelant à la vie et à la paix. Dans notre Église, considérée sclérosée par plusieurs, le pape François me semble un témoin fort pour faire redécouvrir le désir de Dieu d’être Père et Mère de toute vie. Notre communauté est aussi un bel exemple d’engagement au service de la vie qui cherche à croître. Je pourrais multiplier les illustrations de témoignage de résurrection dans notre monde.
C’est dans le monde réel et non dans un monde imaginaire que Jésus nous a invités à être ses témoins. Il nous a invités à l’être en communauté; c’est là qu’il est présent au milieu de nous. Le temps liturgique de Pâques se termine aujourd’hui, mais la présence de Jésus vivant se poursuit au milieu de nous. À travers notre communauté, sa vie dans notre monde peut se poursuivre. Que notre témoignage soit à la hauteur de son invitation.