CCSA






Communauté chrétienne St-Albert le Grand





5e dimanche de Pâques


Jn 15, 1-8

1 Jn 3, 18-24

Hubert Doucet

Porter du fruit  

Déjà le 5e dimanche de Pâques! Si je comprends bien la logique des différents dimanches de Pâques, je dirais que les trois premiers nous mettaient en contact avec la personne même du Ressuscité : nous découvrions Jésus le ressuscité. L’objectif : nous permettre d’intérioriser cet événement incroyable, merveilleux, mais si difficile à comprendre.    
Les 4e et 5e dimanches poursuivent un objectif différent : nous donner l’intelligence de la route à suivre pour que, comme croyants et croyantes, nous vivions la résurrection qui est celle de Jésus i.e. que nous l’intégrions à notre vie. Au quatrième dimanche, l’évangéliste Jean nous parle du berger, du souci qu’il se fait pour ses bêtes et de l’amour qu’il porte à ses brebis. Il est tout entier à leur service pour que, malgré les risques rencontrés dans les pâturages ou dans l’enclos, leur vie soit bonne. Aujourd’hui cinquième dimanche, ce même évangéliste Jean nous parle de plantation, de végétation, de viticulture de manière à nous sensibiliser à l’extraordinaire amour du Père et de son Fils à notre égard.
Pour nous initier au sens de la résurrection de Jésus, i.e. une réalité profondément spirituelle, ne trouvez-vous pas intéressant, en même temps que paradoxal, que l’évangéliste Jean ne trouve rien de mieux que de nous renvoyer au monde terrestre? Dimanche passé, nous étions dans la relation avec le monde animal, aujourd’hui, c’est le viticulteur qui prend grand soin de son coin de terre.  Dieu pour se manifester dans sa profondeur s’inspire de la terre et la prend au sérieux.  Ne voyions-nous pas la même dynamique lorsque la Genèse nous parlait de la création du monde?   
Vous vous demandez peut-être pourquoi j’insiste sur le terrestre pour réfléchir autour de la résurrection et de son sens. J’ai retenu ce point de vue parce que lundi dernier, le 22, c’était le jour de la terre. Dans le texte d’aujourd’hui, Dieu porte une grande attention à la terre, à la façon de la traiter. Il se reconnaît en elle, elle est même son enfant : Mon Père est le vigneron et moi je suis la vigne. Ce texte ne nous interpelle-t-il pas :  comment aujourd’hui habiter la terre pour qu’elle demeure vivante, pour qu’elle retrouve la vie? On cherche ces années-ci toutes sortes de solutions. Mais sont-elles adaptées aux culs-de-sac dans lesquels nous sommes enfermés?    
Le thème de notre célébration d’aujourd’hui est « Comment porter du fruit? » La réponse me paraît être : prendre soin de la terre qui a été confiée à notre responsabilité. La résurrection qui a été confiée à notre responsabilité ne peut faire fi de notre façon de nous comporter à l’égard de l’environnement. Notre responsabilité s’est accrue par rapport à l’humanité du temps de Jésus. La poursuite de la vie de l’humanité dépend de notre manière de vivre avec cette terre.  
Le vigneron de l’évangile est profondément attaché à sa vigne. Il s’y consacre corps et âme pour qu’elle soit belle et bonne. Il y a là, non pas une domination comme on a souvent vu « le rapport de l’homme à la terre », mais une grande communion. Dieu est un amoureux de la terre. En ce sens-là, la résurrection de Jésus enrichit notre image de Dieu. Toute la création est vivante et aimée du Père. Vivons de manière à ce que toute la terre porte du fruit. Voilà une tâche de résurrection pour nous les hommes et les femmes de ce temps.