Ma première réaction, à la lecture de cet évangile, a été de le trouver assez paradoxal, dans la situation actuelle. Voilà en effet plus de six mois que nous sommes sans pasteur : comment commenter ce texte? Je me suis demandé alors comment pouvaient réagir des brebis privées de leur pasteur. Quelles sont les alternatives qui s’offrent à elles?
Elles peuvent décider de changer de bergerie, mais elles devront alors s’adapter à d’autres manières de faire, plus ou moins proches de celles auxquelles elles ont été habituées, ce qui n’est pas évident… Elles peuvent faire appel à des pasteurs occasionnels. Si ceux-ci connaissent bien le troupeau, c’est une solution relativement satisfaisante, mais qui n’est pas viable à long terme, car ils ne peuvent garantir une continuité… Si par contre ils n’ont que peu de connaissance du troupeau, ils auront peut-être de la difficulté à s’habituer aux usages en cours dans la bergerie… Une autre possibilité est que les brebis décident de prendre les choses en main et de poursuivre dans la ligne tracée par les pasteurs qui se sont succédé et qui leur ont légué un savoir-faire inestimable. Mais il y a des tâches qu’elles ne pourront pas faire; de plus combien de temps cela peut-il durer?
Lors de notre réunion de préparation, l’équipe de liturgie m’a alors fait remarquer qu’il ne fallait pas confondre pasteur et prêtre! Après tout, c’est le conseil de pastorale qui est le berger de la communauté et qui veille à son bien-être. Les différents groupes en assurent le soutien spirituel, liturgique, fraternel… Par ailleurs, chacun, chacune à sa manière peut être un berger pour les autres, soit au sein de la communauté, soit à l’extérieur.
Car le seul vrai pasteur, c’est Jésus, lui qui connait ses brebis et qui donne sa vie pour elles, Il ne nous laissera pas orphelins, comme il l’a dit lors des derniers entretiens le Jeudi saint. Il nous a fait connaître le Père, qui nous aime comme ses enfants, ainsi que le dit saint Jean dans sa première lettre. Alors, faisons-lui confiance; il ne nous abandonnera pas… Et en attendant, soyons donc des bergers les uns pour les autres.