CCSA






Communauté chrétienne St-Albert le Grand





3e dimanche de Pâques

Lc 24, 35-48
Ac 3, 13-15. 17-19
1 Jn 2, 1-5a

Hubert Doucet

Ouvrir notre intelligence !    

Lorsque notre équipe s’est réunie pour préparer la rencontre d’aujourd’hui, nous nous sommes longuement demandé ce que veut dire « Jésus est ressuscité » et aussi comment Jésus ressuscité est présent, vivant avec nous aujourd’hui. Malgré la foi que nous pouvons avoir en Jésus, sa résurrection demeure une question difficile, déconcertante même. Les diverses apparitions qu’il fait à ses disciples et amis n’ont rien pour en faciliter la compréhension. Comment entrer dans ce nouveau mode de présence qu’est celui de Jésus? C’est tout un défi qui se pose aux disciples qu’il vient rencontrer, défi qui nous poursuit encore aujourd’hui.  
Face à mes difficultés de bien appréhender la résurrection de Jésus, je trouve éclairant et réconfortant l’évangile qui vient de nous être annoncé. Au départ, il y a beaucoup de désarroi, d’incompréhension, de peur chez les amis de Jésus. Sont-ils en train de fabuler? Je pense ici aux deux disciples qui viennent de revenir d’Emmaüs. Ils sont tout excités de raconter à leurs amis que « le Seigneur s’est fait reconnaître à eux par la fraction du pain ».  Et voici qu’au même moment où le Seigneur redevient présent à eux, ils ne le reconnaissent pas : « Tous furent saisis de frayeur et de crainte. » Il y a là un mode de présence qui leur est totalement étranger.       
Jésus mis à mort de manière violente est la seule chose dont ils sont sûrs. Comment, dans ce contexte, exiger que les disciples accueillent spontanément, sans hésitation, un Jésus qui serait réel mais affranchi des conditions du réel?  À première vue, je trouve le reproche de Jésus à leur égard un peu raide. Jésus apparaissant sous ce nouveau mode de présence, il me semble que je me serais comporté tout comme ses amis. Heureusement, il ne s’en tient pas à cette remontrance. Jésus redevient l’ami qui sait si bien rendre responsable et ouvrir des pistes nouvelles. Il se fait pédagogue.    
Jésus montre ses mains et ses pieds au groupe, mais ce n’est pas cela qui les convainc; tous restent saisis d’étonnement. Il est remarquable de noter qu’à Emmaüs, les deux amis n’ont pas eu à toucher les blessures de Jésus pour le reconnaître, ils ont su qui était l’étranger lorsqu’ils ont rompu le pain. C’est dans le partage, le repas, qu’ils ont reconnu que Jésus était vivant.  « Lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. »  Nous revenons à la simplicité de sa vie.
 Dans le partage, ce qui les touche, c’est la nourriture, le poisson, la nourriture du Lac de Galilée. Ils renouent avec Jésus, ils le reconnaissent. Les paroles qu’il avait dites quand il était encore avec eux prennent sens. Leur intelligence s’ouvre; ils comprennent le sens de l’histoire de Jésus, mais aussi la tâche qui s’ouvre à eux.    
Ce qui se passe ce soir-là entre Jésus et ses compagnons, c’est ce que nous voudrions qu’il se passe lorsque nous nous réunissons le dimanche pour écouter sa parole et prendre part à la fraction du pain. Notre intelligence des Écritures, notre compréhension de ce qui s’est passé concernant Jésus se développe lorsque nous prenons part au repas du Seigneur, à la fraction du pain. En terminant, je nous pose une question : comment bien célébrer le repas du Seigneur pour qu’il soit une véritable reconnaissance de Jésus?