Plus j’ai l’occasion de préparer des homélies pour nos célébrations du dimanche, plus je découvre dans les textes que nous lisons des éléments que je n’avais jamais perçus auparavant. Ainsi, le début de l’évangile qui vient de nous être annoncé m’a étonné. Si je croyais avoir bien saisi le triomphe de Jésus qui nous est raconté, je n’avais jamais remarqué que c’est Jésus lui-même qui a initié son entrée triomphale et que ses compagnons l’ont aidé. Remarquez le début de l’histoire : Jésus approche de Jérusalem et là, il dit à deux de ses disciples d’aller chercher un petit âne qui se trouve tout près. Ce qu’ils firent. De plus, ils couvrirent l’ânon de leurs manteaux. Pour ainsi dire, ce triomphe était donc préparé par Jésus et sa troupe. L’histoire étonne d’autant plus que Jésus n’avait pas l’habitude de monter un animal; il était plutôt un marcheur.
Pourquoi Jésus, avec l’aide de ses amis, a-t-il organisé cette ovation? Cet événement me paraît comme un enseignement, une sorte de parabole, que Jésus a voulu offrir à ses concitoyens. C’est une pédagogie de Jésus pour manifester qui il est. À l’époque, quand un chef entrait en triomphe dans sa ville, il était monté sur un cheval, une monture noble et guerrière. Ce type d’entrée symbolisait la force et la puissance. La population garderait en mémoire que c’est une main de fer qui exercera maintenant le pouvoir. Il faut s’y soumettre.
Le triomphe que Jésus a préparé ce jour-là et qui ouvre sa dernière semaine témoigne d’une radicale originalité dans la façon qu’a Jésus d’entrer en relation avec l’humanité. L’âne, à l’opposé du cheval, est l’animal du pauvre. S’il est souvent mal vu, il est aussi symbole de la douceur. Animal modeste, il incarne les valeurs spirituelles. On trouve dans l’Ancien Testament des préfigurations de cette vision. Ainsi quand Moïse, le grand prophète, descendit de la montagne sainte avec les tables de la Loi, il montait un âne. Le prophète Zacharie décrit le roi messie comme quelqu’un qui va briser l’arc de la guerre et supprimer le char du combat. Comment ce roi nouveau entrera-t-il à Jérusalem? Assis sur un âne.
Un autre élément de l’histoire d’aujourd’hui est remarquable. Sous les acclamations de la foule, Jésus entre à Jérusalem, puis se rend directement dans l’enceinte du Temple monté sur l’âne. C’est comme s’il prenait possession du Temple. Une fois entré, il regarde, il fait comme un repérage des lieux. Pas un mot, il n’y a personne. Il sort. Le lendemain il reviendra au Temple pour contester, en quelque sorte, ce qu’est devenu ce Temple. C’est vraiment le début de la semaine fatale.
Durant cette semaine, au début du moins, le Temple devient l’objet des tensions entre les autorités religieuses et Jésus. Le Temple, le symbole religieux par excellence, ne faillit-il pas à sa mission essentielle lorsqu’il devient une maison de commerce et non plus une maison de prière pour tous les peuples?
La semaine qui commence est une occasion pour nous, comme communauté et comme personnes, de cheminer avec Jésus. Comment faire nôtre son engagement à manifester à tous et toutes le souci de Dieu pour toute l’humanité? À chacune et à chacun d’entre nous d’accompagner Jésus dans les jours qui viennent.