CCSA






Communauté chrétienne St-Albert le Grand





6e Dimanche du Temps Ordinaire

Hubert Doucet

Lévite 13, 1-2.45-46

Marc 1, 40-45

Une question pour notre vie…

J’ai lu quelque part que l’évangile qui vient d’être annoncé résume, en quelque sorte, tout l’évangile de Marc. Je crois que c’est vrai et c’est la réflexion que je veux vous proposer ce midi. Pour ce faire, je vais d’abord retourner à la première lecture, celle du livre des Lévites.           
Au moment où Moïse et Aaron reçoivent le message du Seigneur de mettre les lépreux hors du camp, le peuple vient de fuir l’Égypte où il a été soumis à une extrême pauvreté et maintenant il est prisonnier du désert. C’est la misère, la famine parfois. Les conditions d’hygiène sont épouvantables. Le peuple de Dieu ne réussira à se rendre en Terre Promise que si des décisions radicales sont prises pour sauver la communauté. Le décret qui nous est rapporté dans le Livre des Lévites est donc une bonne décision. Lors de la pandémie de la Covid-19, la santé publique n’a-t-elle pas agi de cette façon?          
Un autre problème s’est cependant ajouté : la lèpre est devenue plus que la lèpre. Au temps de Jésus, la lèpre touche non seulement les personnes humaines, mais aussi les vêtements et les maisons : elle est le condensé du mal agir. Pour les rabbins, elle est considérée comme la punition divine de la médisance et non comme une maladie. En raison de ses comportements non conformes à la Loi, le pécheur doit être exclu de la Terre sainte, de la terre sacrée. Pire, la personne lépreuse, mise à l’écart, doit le faire savoir à tous en portant des vêtements déchirés et les cheveux en désordre.  On exige encore davantage des lépreux : s’humilier eux-mêmes devant toute la communauté.     
Ces précisions que je viens de mentionner font voir la rupture et la nouveauté que représente Jésus. En guérissant le malade, Jésus pose un geste audacieux : il prend le risque de toucher le lépreux et, de ce fait, il devient coupable. Jésus est donc très clair sur son engagement : il a choisi de transgresser l’exclusion. En même temps, « avec fermeté », dit le texte, Jésus envoie le lépreux guéri vers le prêtre. Jésus espère que ce prêtre comprendra le sens de sa venue : n’exclure personne, mais favoriser la vie ensemble.            
Mais le lépreux est trop heureux de retrouver la communauté qu’il n’a cure du prêtre. Il se sent obligé de proclamer la bonne nouvelle de sa guérison et non d’aller se montrer aux lévites. Quelle en a été la conséquence pour Jésus? La fin du texte nous donne la réponse. Jésus, celui qui a guéri, est exclu des villes et cantonné dans des endroits déserts, exactement la situation initiale du lépreux. Jésus a agi sous l’effet de la compassion en vue de réintégrer le lépreux dans la communauté, ce qui lui vaut l’exclusion en dehors de la ville : « Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. » Jésus ne ressemble-t-il pas au lépreux mis en dehors de la communauté? Ultimement, cette mise à l’écart sera pour lui le Golgotha, colline située à l'extérieur de Jérusalem, lieu où les condamnés à mort étaient attachés sur une croix?   
Jésus qui a accueilli l’exclu devient lui-même l’exclu de la vie, jusqu’au moment où, dans sa résurrection, il vaincra la mort. Voilà le résumé de l’évangile de Marc.          
Quelle question, cette histoire nous pose-t-elle pour notre propre vie?