CCSA






Communauté chrétienne St-Albert le Grand





«  Que cherchez-vous  »

Hubert Doucet

Jn 1, 35-42 
            
1 S 3,3b-10-19 

1 Co 6, 13c-15a.17-20.        

Au cours de la semaine, réfléchissant sur les deux textes qui viennent de nous être lus, je me suis rappelé que le récit de l’appel de Samuel faisait grand effet dans les leçons d’histoire sainte que nous avions à l’école primaire. C’était normal : le texte rejoignait les enfants à qui on le racontait. Je ne sais pas s’il en serait de même aujourd’hui.
Pour faciliter la compréhension de l’appel adressé à Samuel, vous me permettrez donc de contextualiser qui est ce personnage. Dans l’histoire juive, Samuel est classé au même niveau que Moïse comme « père de la nation ». Figure exceptionnelle, il allait de soi que Yahvé l’ait appelé dès son plus son jeune âge.    
Sa mère était une femme humiliée socialement en raison de sa stérilité et moquée par l’autre épouse très fertile. Anna, la mère du jeune enfant, fit la promesse de donner au Temple le fils qu’elle rêvait d’enfanter : Samuel fut donc confié au Temple dès qu’il fut sevré. Et là, Dieu jugea que cet enfant agissait selon « son cœur et son âme », à la différence des prêtres et des lévites du temple. C’est ainsi que Yahvé appela Samuel et l’accrédita comme son prophète. 
Quand je regarde l’histoire d’Israël, je me rends compte que les grands héros que Yahvé choisit ont des naissances et des enfances hors du commun : « Avant de te former dans le ventre de ta mère, je t’avais choisi. » Jean-Baptiste et Jésus ne font pas exception.   
Il me semble cependant qu’il n’en va plus de même à partir de la venue de Jésus que Jean nomme l’Agneau de Dieu.  Ces deux disciples en entendant Jean Baptiste dire que Jésus est l’Agneau de Dieu se mettent d’eux-mêmes à suivre ce dernier.  Jésus leur demande alors « que cherchez-vous? » et non pas « qui cherchez-vous? » Que cherchez-vous de la vie? Et leur réponse est inattendue : « Où demeures-tu? »      
Ces hommes ont ressenti quelque chose. Ils ont voulu aller voir. Jésus les invita, ils y allèrent et « restèrent auprès de lui ce jour-là. » La réponse à ce que nous cherchons, c’est d’aller et voir, c’est se mettre en route. Voyant où Jésus demeurait et vivant avec lui, les deux disciples repartirent retrouver leurs amis dont Pierre en affirmant bien fort : « Nous avons trouvé le Messie. »       
  Quand les deux disciples ressortent de chez Jésus, un extraordinaire enthousiasme les habite. Qu’ont-ils donc trouvé? Qu’ont-ils vécu? Ce qu’ils cherchaient au plus profond d’eux-mêmes, i.e. la libération. Chaque année, Israël célébrait cette sortie de la servitude en mangeant l’agneau pascal. Et, à partir de là, tout au long de la Bible, le thème de l’agneau sera central. Pour nous aujourd’hui, la figure de l’agneau n’est plus aussi parlante, la culture n’est plus la même. Mais ce qu’a été Jésus lors de son séjour terrestre demeure aujourd’hui aussi essentiel pour toute l’humanité. 
En demeurant avec « l’Agneau de Dieu », ne fut-ce que quelques heures, ils ont rencontré quelqu’un qui répugne à toute violence, toute injustice; quelqu’un qui engage sa vie jusqu’à la mort pour que chaque personne devienne authentiquement et pleinement un vivant. La demeure de Jésus, ce serait en quelque sorte, là où il puise ses forces pour marcher, guérir et annoncer la Bonne Nouvelle. C’est cette vision que les deux disciples transmettent à Simon : « Nous avons trouvé le Messie ». Puisse-t-il en être de même pour vous !