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Communauté chrétienne St-Albert le Grand





34e Dimanche du Temps Ordinaire (Christ-Roi)

Prendre soin de notre terre

Ez., 34, 11-12.15-17

Mt., 25, 31-46        

Hubert Doucet

Aujourd’hui, nous célébrons le dernier dimanche de l’année liturgique 2023. Dimanche prochain, nous entrerons dans le temps de l’Avent. Pour introduire mes réflexions concernant les deux lectures que nous venons d’entendre, je voudrais dire quelques mots sur l’année liturgique qui se termine. Toute année liturgique se divise en deux parties. La première partie est centrée sur les événements de la vie de Jésus, donc de la naissance au départ de Jésus. La seconde partie concerne notre propre histoire, c’est le temps de notre vie : comment vivons-nous Jésus? Comment répondons-nous à son invitation? Cette seconde partie, on l’appelle le temps ordinaire. Mais ce temps est-il si ordinaire que cela, avec tout ce que nous vivons ces années-ci? Avec tout ce que nous avons eu à affronter récemment? Ce terme ordinaire est-il adéquat? C’est une question que nous pourrions aborder une autre fois.            
Au cours des dimanches dits ordinaires de cette année, c’est l’évangéliste Matthieu qui nous a accompagnés tout le long du parcours. Et c’est ici que ça devient intéressant pour nous. L’épisode de l’évangile d’aujourd’hui qui se trouve à la fin de la vie de Jésus est habité du même souci, du même idéal qui animait Jésus au tout début de son aventure publique. Lorsqu’il commence à prendre la parole et à agir au bord du lac de Galilée, on voit clairement que cet homme consacre ses énergies à prendre soin des gens que la vie éprouve et afflige de toutes sortes de tourments. C’est pour ces gens qu’il est venu. Son premier grand discours, il le prononce pour donner espoir à ces personnes, mais aussi pour indiquer la direction que doivent prendre ceux et celles qui se joignent à lui. 
Cet enseignement des premiers jours est identique à celui de l’évangile de ce midi prononcé à la fin de la vie terrestre de Jésus et consacré à la fin de l’histoire humaine. Quelques jours à peine avant de mourir, après des débats houleux avec différentes autorités, Jésus s’assoit avec ses disciples à la montagne des Oliviers et leur donne l’enseignement que nous venons d’entendre. C’est à ses disciples que s’adresse l’évangile d’aujourd’hui, donc particulièrement à nous: comment répondons-nous à l’invitation de Jésus?       
Cette invitation de Jésus, elle n’était pas totalement inconnue, déjà le prophète Ézékiel avait annoncé que c’était là, la manière même d’agir du Seigneur Dieu : « la brebis blessée, je la panserai; celle qui est malade, je lui rendrai des forces; celle qui est perdue, je la chercherai. »       
Voilà ce que je comprends des lectures qui nous ont été annoncées ce midi. Il me semble cependant qu’il nous faut pousser la réflexion un plus avant. L’invitation de Jésus : comment y répondons-nous aujourd’hui ?      
Quelle serait la réponse appropriée à notre temps? Une expression a retenu mon attention; elle me semble résumer la tâche qui nous est confiée ici-maintenant. Cette expression, c’est « prendre soin ». Matthieu, au début de son évangile, répète souvent que « Jésus guérit les malades ». Si on examine avec plus d’attention, l’expression juste serait plutôt qu’il prend soin de ces gens qui manquent de ressources. Et c’est exactement ce qu’il dit dans l’évangile d’aujourd’hui : prenez soin des affamés, des étrangers, des gens sans vêtements, des malades, des prisonniers. Et cette absence de prendre soin, n’est-ce pas ce dont notre société souffre le plus ces années-ci? On parle de malaise, d’épuisement à s’adapter, d’être à bout de souffle. On a besoin de proche aidant, de personnes qui se soucient avec nous de nos difficultés. Et j’en passe. Il me semble que cet évangile est tout à fait contemporain.       
Dans le contexte d’aujourd’hui, je pense que ce prendre soin va encore beaucoup plus loin. Un prendre soin qui ne se posait pas autrefois, est aujourd’hui devenu central : prendre soin de notre terre. Par moments en 2023, on a vécu des situations incroyables de destruction de la terre. La Terre est vivante, fragile et, surtout, elle dépend de ce qu’on fait et elle y répond. Dans ses écrits, le pape François met beaucoup en relief que la Terre crie et qu’elle crie avec les pauvres. C’est à nous d’en prendre soin.         
Voilà quelques réflexions que je voulais partager avec vous en ce dernier dimanche de l’année liturgique. Comment répondons-nous?