CCSA






Communauté chrétienne St-Albert le Grand





32e Dimanche du Temps Ordinaire

Sommes-nous prêts pour la rencontre?

Sagesse 6, 12-16

Mat., 25, 1-13         

Hubert Doucet

Le style des deux lectures que nous venons d’entendre est assez différent. Le premier texte adopte un ton plutôt poétique. Ce livre de la Sagesse invite chacun, chacune à se laisser prendre par la beauté des paroles pour entrer en soi-même et y rencontrer la sagesse qui est là assise à notre porte. Pour sa part, l’histoire que nous raconte Matthieu rejoint le style du fabuliste qui cherche à donner une leçon de vie. À chacun, chacune de dégager la leçon qui lui paraît la plus adaptée à sa vie.             
Je voudrais d’abord m’intéresser à la première lecture, celle du livre de la Sagesse. Ce livre a été écrit alors que l’Ancien Testament se termine et que le Nouveau arrivera bientôt. Il a été produit dans un contexte politique difficile, décourageant même. L’auteur, un juif émigré, vit probablement à Alexandrie en Égypte. Alexandrie est une ville de culture. L’environnement n’est absolument pas favorable à la religion et nombre de philosophes soutiennent des thèses désabusées sur l’existence humaine. Dans cette période particulièrement compliquée, l’auteur se sent le devoir de consolider le courage de sa communauté.         
 Au cours de son long cheminement marqué par des bouleversements considérables, cet homme a rencontré la Sagesse qui lui a ouvert des sentiers inespérés : elle lui est apparue avec un visage souriant. Oui, en fait-il l’expérience, la Sagesse a pouvoir de tout renouveler dans le cœur de chaque personne. Dans ce monde fait d’illusion et de lucidité, d’ombre et de lumière, la sagesse discerne les orientations à privilégier, la route à suivre.             
Cette perspective, la parabole de l’évangile la reprend à sa façon. En la travaillant, je me suis réconcilié avec cette histoire que je trouvais un peu simpliste. Le récit ne veut pas cibler les jeunes filles. C’est dans toutes les catégories de la population qu’on retrouve des personnes avisées et d’autres étourdies. Dans ce cas particulier, c’est tout à fait approprié que Jésus ait choisi le personnage des jeunes filles. En effet, dans les négociations d’un mariage juif de l’époque, arrive un moment où le futur mari, après avoir signé le contrat, retourne chez son père préparer la « chambre » de la mariée. Quand la chambre sera prête, le marié va revenir chercher son épouse. Pendant cette absence, la fiancée aidée d’autres jeunes filles se prépare à ce retour. Le retour du jeune mari, ce qui peut prendre du temps, se fait généralement la nuit, au son du shofar, instrument de musique fabriqué à partir d’une corne d’ animal. Le mari va alors conduire sa fiancée dans sa « chambre » où le mariage va être consommé. Et là les portes vont se fermer et une grande et longue fête va commencer. On comprend pourquoi, ça demande nécessairement beaucoup d’huile et qu’Il fallait s’y être préparé.            
Toutes les conditions étaient connues pour que les personnes concernées se comportent correctement. Il était même naturel d’avoir beaucoup d’huile. Ce n’était pas accidentel que le mari arrive la nuit. C’était la façon de faire. Se préparer correctement, sérieusement allait de soi.    
Il me semble que cette parabole n’exige rien d’extraordinaire de la part des personnes. Elle leur demande cependant de prendre au sérieux la réalité de la vie, de ne pas succomber au sommeil, comme dit le texte de l’évangile.  Et c’est cela que certains n’avaient pas compris; ces personnes ne s’étaient pas préparées à la rencontre.           
Et nous, à quelle rencontre nous préparons-nous ?