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Communauté chrétienne St-Albert le Grand





Dimanche de la Toussaint

Les Béatitudes

Mt 5, 1-12a 

Bruno Demers

Dans son éditorial du Prions en Église de novembre, Jonathan Guilbault rapporte que beaucoup de personnes sont croyantes, aujourd’hui, à cause de l’au-delà chrétien. Il cite l’un d’eux : « Dieu, les dogmes, l’Église, je ne sais pas trop. Mais, ne plus jamais revoir mon père, ma mère, mon ami, ça me semble absurde. Alors je crois. »       
Oui, ils sont probablement plus nombreux qu’on le pense, ces chrétiens qui croient à cause de la vie éternelle. En effet, c’est un bon début. Mais la foi chrétienne en l’au-delà est aussi plus que cela. Les fidèles défunts ne sont plus seulement nos morts. Leur rôle s’est élargi. Ils ne veillent pas que sur moi. Ils veillent sur nous tous et nous toutes.         
           
Oui, en christianisme, nous croyons en la communion des saints, la fête que nous célébrons dans la Toussaint. Pour nous aider à comprendre cela, il est bon de nous rappeler qu’un saint n’est pas nécessairement un être d’exception, un modèle de perfection qui, grâce à ses efforts, s’est mérité d’obtenir la vie éternelle. Dans la Bible, dans le Nouveau Testament, la sainteté est réservée à Dieu. Seul Dieu est saint. La sainteté de l’Église comme la sainteté des chrétiens est d’un autre ordre. Ce terme désigne le lien mystérieux qui nous relie à Dieu. C’est Dieu qui nous communique sa sainteté.     
           
Son Esprit Saint répandu sur le monde, en nos esprits et en nos cœurs nous permet de participer, un peu, à la sainteté de Dieu, non pas avant tout à cause de nos mérites, mais principalement en raison de sa grâce. En ce jour où nous fêtons tous les saints, nous nous réjouissons de la présence agissante de Dieu dans cette foule immense, innombrable dont parlait l’Apocalypse. Dieu, par son Esprit, agit en chacun et chacune. Il se révèle à travers la vie de tant et tant de personnes.   
           
Cela s’étend aussi à tout ce que nos proches nous ont apporté et transmis. La vie de Dieu, sa parole, son amour, sa miséricorde, sa sagesse sont aussi un peu passés à travers eux. Si Dieu seul est saint, des rayons de sa sainteté nous sont parvenus à travers la vie de celles et de ceux qui nous ont aimés et qui nous ont quittés. Par notre participation commune à la sainteté de Dieu, par le lien qu’il tisse avec chacune et chacun, nous sommes unis les uns aux autres : ce que nous appelons la communion des saints.            
                       
Elle est communion dans la joie comme dans la souffrance. Elle est à la fois un don et une responsabilité. La communion des saints inclut les témoins de tous les peuples, par toute la terre, mais aussi de tous les temps, ici-bas et dans l’au-delà. La fête de la Toussaint nous guérit de notre individualisme et nous ouvre à une solidarité dans le temps et dans l’espace. Nous sommes comme portés par l’humanité entière, « de toutes nations, tribus, peuples et langues » qui, de Dieu, reçoit la vie et qui est en marche vers lui.   
           
Être en marche vers Dieu, c’est aussi une des manières de lire les Béatitudes, c’est-à-dire comme les multiples chemins du Royaume. Chacun de nous contribue à la construction du Royaume avec ses petits moyens. Jésus regarde la foule. Il pose sur tous ces gens le regard de Dieu. Regardez, dit-il à ses disciples, il y a ici des pauvres, des doux, des affligés, des affamés et assoiffés de justice, des compatissants, des cœurs purs, des artisans de paix, des persécutés.       
           
Ce sont des situations qui nous semblent loin du bonheur. Mais ceux et celles qui les vivent, dit Jésus, sont les mieux placés pour accueillir et construire le Royaume. L’horizon de l’existence humaine, c’est la venue du Royaume de Dieu. Tous nos chemins d’humilité y mènent. Nous sommes particulièrement attentifs, ces temps-ci, aux artisans de paix qui souvent travaillent dans l’ombre, afin de sortir les peuples des spirales de violence, que ce soit par des marques de solidarité, des actes de libération, des gestes d’apaisement. Toutes les initiatives, dans les contextes de guerre, contribuent à faire reculer la violence et la haine.   
           
Nous sommes sensibles aux situations de souffrance parce que nous reconnaissons notre humanité dans ces gens. Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été complètement manifesté. La communion des saints se trouve à être comme élargie à tous ceux et celles qui peinent sur le chemin du Royaume et à qui Jésus Christ destine le message des Béatitudes. Heureux ceux et celles qui ont faim et soif de justice. Heureux les artisans de paix car ils seront appelés fils et filles de Dieu. En la fête de la Toussaint, élargissons nos esprits et nos cœurs à tous ceux et celles qui incarnent des pages d’Évangile.