CCSA






Communauté chrétienne St-Albert le Grand





29e Dimanche du Temps Ordinaire

«  Rendez donc à César… »

Mt 22, 15-21      

Is  45, 1.4-6

1 Th 1, 1-5b

Hubert Doucet

La formidable équipe de liturgie qui a préparé la célébration de ce midi a retenu comme thème de la rencontre « Laisser Dieu agir en nous ». Vous êtes peut-être surpris que « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » n’ait pas été retenu alors que toutes les homélies que j’ai consultées sur Internet proposent le thème « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » Il semblerait même que ce thème soit l’un des plus discutés des textes évangéliques. Nous avons retenu « Laisser Dieu agir en nous » parce que c’est le lien qui unifie les trois lectures qui nous ont été proposées.  
Dans la première lecture, le prophète Isaïe affirme de manière étonnante, surprenante pour le peuple choisi de Dieu : le messie du Seigneur, c’est Cyrus le roi des Perses, grand conquérant, modèle de roi sage et magnanime envers les vaincus, à la différence de bien des souverains d’Israël. Cyrus est un roi exemplaire : après soixante-dix ans de captivité à Babylone, il a laissé les Juifs retourner en Judée avec mission de reconstruire leur temple à Jérusalem. Ce roi fait le bonheur de Dieu « en disant à Jérusalem qu’elle sera rebâtie et son temple refondé. » (Is. 44, 28) Cyrus est son messie : il a laissé Dieu agir en lui et tout le peuple a retrouvé la joie. Les exilés, « au bord des fleuves de Babylone étaient assis et pleuraient, se souvenant de Sion ». Et aujourd’hui, de retour d’exil, ils chantent : « Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion, nous étions comme en rêve! » Cyrus, créateur de rêve, est l’élu du Seigneur.      
La seconde lecture poursuit la même orientation : « laisser Dieu agir en nous ». Cette fois, saint Paul et sa petite équipe écrivent à leurs frères et sœurs de Thessalonique qu’ils se réjouissent de leur foi active, de leur charité créatrice et de la forte espérance caractérisant leur engagement. Le dynamisme de cette communauté témoigne de sa vive conscience que Dieu l’a choisie. Ces chrétiens et ces chrétiennes ont été élus et par toute leur vie répondent de cette invitation.
La troisième lecture, celle de l’évangile, nous plonge dans un autre univers. Les deux premières célébraient la confiance et l’ouverture. Le point de départ de la troisième lecture est la défiance; on cherche à prendre au piège.  Les pharisiens et les partisans d’Hérode, deux groupes habituellement opposés l’un à l’autre, se sont alliés pour la circonstance. Leur but : détruire quelqu’un qui renouvelle l’image de Dieu et ouvre le règne de Dieu à toute l’humanité. Ces intervenants ne veulent pas de cet amour universel, ils préfèrent garder pour eux le dieu qu’ils ont fabriqué à leur image.      
La réponse de Jésus les a décontenancés. Une traduction franco-québécoise plus récente de la Bible rend ainsi la réponse de Jésus : « Remettez donc son dû à César et à Dieu ce qui lui appartient. » Je trouve très intéressante la différence dans la traduction; elle nous laisse entendre que le « Remettez » n’est pas de même niveau dans chacun des cas. Dans le premier cas, c’est une taxe qu’on doit payer à César. Dans le second cas, c’est à Dieu que l’on remet l’univers qui lui appartient et dont il nous a confié la gestion. Il est alors question du Royaume qu’à la suite de Jésus nous sommes invités à rendre meilleur.         
Les Pharisiens et les Judéens voulaient simplement piéger Jésus pour lui faire mal. Jésus rappelle à ces hommes que leur tâche première consiste plutôt à s’engager à « laisser Dieu à agir en eux » comme l’ont fait le roi Cyrus et les membres des premières communautés chrétiennes. C’est à nous de poursuivre leur mission.