En cette fin de semaine de l’action de grâce, l’évangile de ce dimanche jette une lumière particulière sur ce que peut être l’action de grâce dans notre vie chrétienne : elle consiste à porter des fruits.
L’action de grâce est une forme de remerciement. Le pape disait à ce propos dans une audience générale du 13 mai 2015 : « Merci! Nous devons devenir intransigeants sur l’éducation à la reconnaissance. Pour un croyant la gratitude est au cœur de la foi. Un chrétien qui ne sait pas remercier a oublié le langage de Dieu ». Cet apprentissage du remerciement faisait partie de nos apprentissages comme enfants. Vous vous souvenez sans doute comme moi de l’interpellation de nos parents lorsqu’un proche nous offrait un cadeau : « Qu’est-ce qu’on dit? » … et la réponse venait à notre bouche : « Merci! ».
L’action de grâce a une connotation avec les mots remerciement, gratitude, reconnaissance mais avec une note particulière. Ce que nous célébrons en cette fin de semaine prolongée, c’est l’action de grâce. Nous sommes invités à vivre dans l’action de grâce. L’action de grâce comporte une dimension religieuse. L’eucharistie qui nous rassemble ce matin est précisément une action de grâce.
Portons maintenant attention aux deux mots action et grâce en nous inspirant des textes bibliques du jour.
La grâce est centrale dans le message évangélique. On retrouve dans les épitres, en particulier celles de Paul, des dizaines de mentions de la grâce. Dans la première lettre aux Corinthiens, il écrit : « Par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis, et sa grâce envers moi n’a pas été vaine, loin de là, j’ai travaillé plus qu’eux tous … ». La grâce est au cœur de la réforme protestante. Ce n’est pas par le mérite de nos bonnes œuvres que nous sommes sauvés mais par la grâce de Dieu. Le mot grâce évoque un don, un don gratuit de la part de Dieu. Dieu est à la source même de nos bonnes œuvres. C’est Lui qui nous donne la vie, qui nous soutient dans cette vie et qui agit à travers nous, par son Esprit, pour toutes les bonnes œuvres de notre vie.
Au don de la grâce, nous sommes appelés à répondre en rendant grâce. Rendre grâce, c’est d’abord un acte de reconnaissance pour le don reçu. Reconnaître à la fois en identifiant la source du don et en remerciant pour ce don. L’action de grâce ne s’exprime pas seulement en paroles mais elle se manifeste aussi dans des actes. C’est justement d’une action de grâce qu’il s’agit. C’est ici que nous rejoignons le message des lectures de la messe d’aujourd’hui.
Le Seigneur est le maître de la vigne et c’est lui qui la confie à des vignerons, chargés de la faire fructifier. Il s’en remet à eux pour que la vigne porte des fruits et des fruits en abondance. Voilà ce que le Seigneur attend comme réponse à sa générosité. Pour rendre grâce à leur maître, les vignerons doivent lui remettre le produit de la vigne. Et si les vignerons ne répondent pas à cette attente du maître, il leur dira : « Aussi, je vous le dis : le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui fera produire ses fruits ».
Saint Paul, dans sa lettre aux Philippiens, résume bien ce message de l’évangile. « Ne soyez inquiets de rien, mais en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce ». « Enfin, mes frères, tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d’être aimé et honoré, tout ce qui s’appelle vertu et qui mérite des éloges, tout cela, prenez-le en compte ».
En ce matin du début de l’automne, dans notre eucharistie, nous rendons grâce à Dieu pour tous les fruits de nos jardins et de nos vies. C’est Dieu qui nous en a fait le don et c’est Lui qui nous a permis de les cultiver et de les mener à maturité. La vigne du Seigneur, c’est notre Église au milieu de notre monde, c’est l’univers appelé à porter des fruits de justice et de paix, de solidarité et de sainteté. Élevons notre cœur et rendons grâce à Dieu!