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Communauté chrétienne St-Albert le Grand




 

 


17e Dimanche du Temps Ordinaire

30 juillet 2023

André Descôteaux 

1 R 3 5.7-12

Mt 13, 44-46

Rm 8, 28-30

Un cœur intelligent et sage

Notre évangile comporte deux belles petites paraboles autour des thèmes du caractère unique et inestimable du Royaume et de la grande joie que sa découverte entraîne. Dans la première, le laboureur trouve, par hasard, en travaillant la terre, un trésor dans un champ qui ne lui appartient pas. Dans la seconde, un négociant passionné de perles, qui sait bien ce qu’il cherche, en trouve une d’une grande valeur.        
        
Ainsi en est-il du Royaume. Il peut être trouvé tout aussi bien par un être humain engagé dans ses tâches quotidiennes et qui, possiblement, n’attend rien de particulier, que par une personne à la recherche d’un sens, d’une vérité qui fait vivre. Mais, dans les deux cas, il est donné. Il n’est pas le fruit d’un long labeur. Même pour le négociant, rien ne l’assurait de trouver un jour une perle d’une telle qualité.    
        
Le Royaume est d’abord un don! Mais un don qui provoque une réaction telle que le laboureur et le marchand renoncent à tout ce qu’ils possèdent pour pouvoir acquérir soit le champ qui contient le trésor, soit la perle des perles. Pas besoin d’élaborer de longs raisonnements ou de se perdre dans d’interminables calculs à peser le pour et le contre. La décision est prise. Ils se précipitent pour acquérir, l’un, le champ, et l’autre, la perle. Ils sont prêts à tous les risques non seulement à cause de l’extrême valeur de leur découverte, mais parce qu’ils sont habités par la joie, une joie à la hauteur de leur trouvaille. Comme dit le pape François, dans un commentaire de cet évangile, la joie est le premier trésor qu’offre ce trésor. Tout vendre ne consiste pas pour eux en un renoncement pénible, mais est le fruit de cette joie profonde qui révolutionne toute une vie. La joie d’avoir trouvé le Royaume, la joie d’avoir entendu une parole d’amour, la joie de se trouver soi-même dans la rencontre avec le Christ!
        
Combien d’hommes et de femmes ont éprouvé cette joie quand ils ont justement découvert le Christ que ce soit, dans leur quotidien, ou après un long cheminement de recherche ? C’est la joie de Paul renversé quand, à sa plus grande surprise, il a été inondé de la lumière du Christ qui l’attendait, au détour, sur le chemin de Damas. C’est la joie de Zachée qui, reconnu par le Christ, donne la moitié de ses biens aux pauvres. C’est la joie de la pécheresse qui s’entend pardonner et aimer.  C’est la joie de la Samaritaine qui laisse sa cruche au puits et part en courant à la ville pour proclamer : 'j’ai rencontré le Sauveur'. C’est la joie de François qui, écœuré par sa vie sans idéal, découvre le Christ pauvre et se retrouve nu sous la chape de l’évêque d’Assise renonçant aux biens de son père. C’est la joie de toute une lignée de disciples, depuis Augustin qui disait : ‘l’homme suit la voie où son cœur lui dit qu’il trouvera le bonheur’, en passant par Pascal dont nous célébrons cette année le 400e anniversaire de la naissance : ‘Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des savants. Certitude, certitude, sentiment, joie, paix, Dieu de Jésus Christ […] Joie, joie, joie et pleurs de joie’. Et le mouvement se poursuit jusqu’à aujourd’hui avec Madeleine Delbrel et Dorothy Day!
        
De réels exemples de cette véritable sagesse que demandait Salomon : un cœur attentif pour qu’il sache discerner le bien et le mal. Un cœur attentif, qui sait voir, qui sait reconnaître. Qui sait voir ce qui se présente à lui et qui sait aussi voir ce qui se vit dans son cœur. « Là où sera ton trésor, là sera ton cœur » (Mt 6, 21). La joie durable, la joie profonde, signe du bon chemin à prendre.    
        
Sur ce chemin, comme le dit l’apôtre Paul, dans la deuxième lecture, toute l’histoire humaine est marquée par le dessein de l’amour de Dieu pour elle. Il peut être découvert, car il vient lui-même à notre recherche. Nous sommes pour Dieu un trésor de grand prix et une perle d’une extrême valeur. Il est comme ce négociant qui part à notre recherche. ‘Il est comme ce laboureur qui, par son Esprit, change notre cœur de pierre en cœur de chair, en un cœur bon, en un cœur attentif, en un cœur capable de faire mûrir des trésors en lui pour les autres’, comme le dit encore le pape François. À la suite d’Augustin, Pascal a écrit ‘Console-toi, tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais trouvé’. Ne pourrions-nous pas dire ‘Console-toi, tu ne me chercherais si je ne t’avais trouvé’ ? Tout l’Évangile témoigne d’un Dieu Père qui veut se faire découvrir par nous, ses enfants, et qui envoie son propre Fils pour que nous découvrions son amour et en vivions pour sa joie et pour notre plus grande joie. 
        
Aujourd’hui, beaucoup de trésors et de perles inondent notre monde. J’ai l’impression que le trésor de l’Évangile n’a plus la cote. Si quelqu’un le découvre, il risque, comme notre laboureur, de le remettre en terre, et de poursuivre son travail sans chercher à l’acquérir. Rien ne sera changé à sa vie. À un encan, chez Christie’s, cette prestigieuse entreprise spécialisée dans la vente aux enchères, je ne sais pas à quel montant serait adjugée la perle du Royaume.  Nous serions probablement bien loin des 124 millions $ obtenus en juin de cette année lors de la vente du célèbre tableau La dame à l’éventail du peintre autrichien Gustav Klimt.
        
Et pourtant, pour celui et celle qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre ou qui sont habités par cette sagesse qui permet de discerner la présence tout aimante de Dieu, le Royaume est toujours ce trésor inégalé. Car ce trésor, c’est le Seigneur Jésus lui-même, source de tout amour, de toute vie et de toute joie.        
        
À l’invitation de l’Évangile, redécouvrons le trésor de cette présence qui nous cherche. Retrouvons notre élan et la joie, premier fruit de la découverte de Dieu en nos vies. Qu’il nous accorde la vraie sagesse qui permet de le reconnaître et de communier à sa joie.  Amen.