CCSA






Communauté chrétienne St-Albert le Grand




 

 


Renaldo Battista

16 juillet 2023

Matthieu 13, 1-9

Is 55, 10-11

 

        

 

En plein mois de juillet, nous retrouvons la Parabole du semeur, racontée ici par Matthieu. Marc et Luc ont leur propre version. C’est dire l’importance et la puissance de cette Parabole dans l’enseignement évangélique.   
      
Commençons par la première lecture tirée du livre d’Isaïe, puisqu’elle nous parle de l’origine des semences, dont nous suivrons les parcours possibles dans la Parabole du semeur. En une phrase, Isaïe nous donne un cours sur le cycle de vie. Était-il agronome? Botaniste? La puissance visuelle du texte me rappelle des images de livres scolaires illustrant ce phénomène. « La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, pour donner la semence au semeur et le pain à celui qui mange. » (Is 55, 10) Beauté, poésie et concision, voilà un texte digne de nos rencontres « Silence, Prière, Musique ».
      
Dans la Parabole de Matthieu, nous avons trois protagonistes, le semeur, la semence et le terrain. Mais le récit en compte un quatrième, Jésus, qui « sortit », « s’assit » et « dit ». Ces trois verbes permettent de tracer un parallèle intéressant entre le Semeur de la Parole, Jésus, et le semeur de la Parabole. « Sortir », les deux semeurs doivent sortir, aller vers l’autre, vers une mission à accomplir; « S’asseoir », la nécessité de prendre son temps, dans un cas pour initier un réel dialogue, et dans l’autre, de façon métaphorique, pour semer avec attention, amour, et lenteur; « Dire », transmission de la Parole, mission de Jésus, mais aussi transmission diligente du semeur qui ne « sème pas à tout vent ». Aussi, le semeur doit-il savoir quoi semer, quand et où semer.     
      
D’autre part, la semence qui « tombe » doit être de bonne qualité, pour profiter de conditions optimales de croissance.
      
      
Enfin, le terrain peut être de différents types, un bord de chemin où les oiseaux peuvent facilement venir manger les semences; un sol pierreux où les semences ne prennent pas racines et sont brûlées par le soleil; un terrain de ronces et d’épines où elles seront étouffées; et la bonne terre où elles produiront une magnifique récolte.
      
Mais en quoi cette Parabole peut-elle éclairer nos vies? Ne sommes-nous pas à la fois semeur, semence et terrain?
      
Marshall McLuhan, philosophe et sociologue canadien, nous dit que le médium est le message. Ultimement le médium est la personne qui communique, le semeur. Tout au long de notre vie, nous aurons plusieurs rôles, dans nos familles, nos milieux de travail, d’étude ou de loisirs, et nos communautés. Rappelons-nous des personnes que nous avons touchées, parfois uniquement par notre présence.  
Il y a plusieurs années, alors que j’étais médecin de garde à l’Urgence de l’Hôpital Notre Dame, une nuit du mois de juillet, une jeune femme en détresse, accompagnée d’une amie, s’y présente. Elle pleure abondamment, elle a perdu le goût de vivre. Je m’assois et l’écoute longuement, l’Urgence est anormalement calme en cette nuit d’été. Trente ans plus tard, je participe à un panel lors d’une conférence scientifique. Une femme s’approche à la fin de la session et me rappelle cet épisode qui avait été déterminant pour elle et pour la suite de sa vie, elle est devenue psychothérapeute.       
      
Des bords de chemins, des sols pierreux, des sols envahis par les ronces et des sols fertiles, co-habitent en notre cœur. Ainsi, à certains moments, les bords de chemins priment et les semences sont emportées par le vent. A d’autres moments, nous sommes un terrain pierreux, ancrés dans nos convictions, difficiles à bouger, non réceptifs à toute semence. Parfois, notre terrain est plein de ronces et toute semence est étouffée rapidement car il y a moins de lumière. Enfin, il est des jours où les conditions sont favorables, le terreau est fertile et les semences donnent des floraisons prodigieuses et des fruits en abondance. Le temps des semailles requiert persévérance, conviction et confiance en la capacité de la nature de se regénérer. Sainte Monique n’a-t-elle pas semé infatigablement pour qu’Augustin devienne Saint Augustin? 
      
Ainsi, conclut Isaïe, « ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce que je veux, sans avoir accompli sa mission ». (Is 55, 11) Soyons des agents de cette Parole.