Bonjour à vous tous en ce dimanche estival de la fête du St Sacrement qui faisait autrefois l’objet de grandes célébrations et de grandes processions. Que tout ceci semble loin de nous aujourd’hui. Mais cela devait probablement répondre à un certain besoin à l’époque. Le texte d’évangile d’aujourd’hui est comme souvent très difficile à comprendre en première lecture, et moi je comprends bien les juifs de l’époque qui s’indignaient en recevant ces paroles. Je pense que si nous avions été à leur place nous aurions eu la même réaction.
Même aujourd’hui ce sujet du pain, don de Dieu, est délicat car il touche vraiment au fond intime de notre foi : qu’est-ce que le pain et le vin signifient pour moi, chrétien de 2023? La réponse à la question n’est certainement pas unique et elle est personnelle à chacun. Donc je vous propose simplement quelques pistes de réflexion.
Je voudrais partir de l’enseignement que l’on trouve dans le deutéronome que nous avons lu tout à l’heure : l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur. Effectivement nous avons besoin de donner un sens à la vie, on ne peut pas se satisfaire de la simple recherche de biens matériels. L’homme a besoin de vivre en réseau social, de faire preuve d’idéalisme, de compassion, d’attention à l’autre, de créer une famille ou de participer collectivement à la réalisation d’un projet, de créer de belles choses. Nous avons aussi besoin de donner et de recevoir de l’amour, à commencer par celui de nos parents. Sans cela nos vies seraient extrêmement pauvres.
Nous identifions donc une faim de quelque chose, et c’est là que notre foi peut être une réponse. Nous croyons que Dieu existe, ce qui pourrait être un peu théorique. Nous avons la chance de vivre après Jésus car il nous donne un support à cette foi en Dieu. Il nous apporte une foi plus concrète que celle proposée dans l’ancien testament. Il nous propose d’assouvir cette faim en vivant avec Lui. Il nous envoie ce pain de vie qui signifie qu’il est physiquement en nous et qu’il nous fait vivre. Il ne me semble pas anodin que Jésus choisisse le pain et le vin, ce sont en effet les deux composantes principales de la nourriture des gens simples de l’époque. Il introduit là la notion d’aliments essentiels à notre vie, sans eux nous sommes morts, mais avec eux nous sommes vivants. Il n’a pas choisi des aliments superflus ou occasionnels pour des fêtes.
Alors ce pain de vie nous est donné par cet acte concret, vécu en communauté. Dieu vient au sein de cette communauté qui adhère à sa présence. Lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux. Dans le geste de l’eucharistie vécu en communauté, on se rappelle que Jésus a pris le pain au milieu de ses amis. Il institue la communion des hommes et des femmes avec Lui. Souvenons-nous qu’il y avait même Judas parmi eux et qu’il allait le trahir. Ce qui me dit que Jésus vient pour tous les hommes et toutes les femmes sans distinction pour leur proposer cette communion. Il prend leur vie dans ses mains avant de partager le pain et le vin de vie. Nous comprenons ainsi concrètement que Dieu est en action en nous, qu’Il nous inspire par le St Esprit, qu’Il nous nourrit dans le sens qu’Il nous donne vie.
Trop fort ce Jésus, comme dirait les adolescents d’aujourd’hui! On ne peut que s’émerveiller de la simplicité et de la puissance de cette célébration eucharistique. La nourriture physique que nous recevons vient en réponse à notre faim de vie auquel répond Jésus.
Pour prendre conscience de la présence de Jésus dans nos cœurs, il y a plusieurs voies. On peut le ressentir physiquement lorsque nous recevons ce pain de l’eucharistie ou aussi par les effets de la présence de Jésus en nous dans certaines de nos actions humaines. Nous avons tous des expériences de vie où nous nous sommes dit que Jésus était là, bien présent à nos côtés. Souvent on ne le voit pas car nous ne savons pas Le voir, mais ce n’est pas parce qu’Il n’est pas là.
Voilà comment je vois le pain et le vin que nous partageons en communauté le dimanche. J’aime la façon que nous avons de faire ce partage du pain de vie à la communauté St Albert, en toute simplicité et en toute vérité. En effet cet accueil du pain de vie se fait dans l’intimité de nos cœurs. J’ai la conviction que cette façon de faire est bien proche de ce que Jésus aurait souhaité.
Si nous relisons maintenant le texte d’évangile il me semble plus accessible et mieux correspondre à la foi que j’essaie de vivre dans notre communauté. ‘’Celui qui mange ma chair et bois mon sang demeure en moi et moi en lui’’. Laissons-nous inspirer par l’Esprit pour toujours continuer sur notre chemin de foi qui nous est propre et qui est parfois semé de doute. Comme le peuple d’Israël qui traverse des déserts, le doute permettra de revenir plus fort dans notre chemin de foi en compagnie de ce Jésus qui a tellement de patience pour nous.
Ayons confiance en cette communion avec Lui.