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Communauté chrétienne St-Albert le Grand





6e Dimanche de Pâques

« Je ne vous laisserai pas orphelins »

14 mai

Jean 14, 15-21

1 P 3, 15-18

Hubert Doucet

Les disciples ont beaucoup souffert de la fin tragique de Jésus. Leur manière de se comporter dans les jours qui suivent sa mort et sa résurrection en témoignent amplement : ils sont totalement défaits. Ils se sont enfermés dans une salle quelconque par peur de ce qui se passait à l’extérieur. La vie dans laquelle ils avaient tant espéré s’est effondrée, c’est la catastrophe. Peu à peu cependant ils ont pris conscience qu’ils n’avaient pas été orphelins. Comme promis, Jésus ne les avait pas abandonnés.     
Ces disciples ressemblent à bien de nos contemporains qui se sentent accablés par ce que la vie leur impose. Dans la rencontre de préparation de notre célébration de ce midi, nous avons beaucoup échangé sur les multiples épreuves auxquelles fait face l’humanité d’aujourd’hui. Se dégageait un sentiment d’abandon, un peu comme le deuil des disciples à la mort de Jésus.     
La rencontre de Jésus ressuscité leur a permis de revivre : « vous me verrez vivant, et vous vivrez vous aussi. » Qu’y a-t-il de si spécial dans cette résurrection qui redonne la vie? La réponse de Jésus est simple : si vous m’aimez, vous agirez à ma façon. Dans l’amour que vous avez pour moi, vous vivrez.  
Dans l’évangile d’aujourd’hui, revient à plusieurs reprises le mot commandement : « garder mes commandements. » Ce mot largement utilisé dans les traductions de saint Jean, nous avons peut-être tendance à l’identifier à un commandement au sens commun du terme, i.e. à un ordre ou une loi. Pour l’évangéliste, Jésus nous invite plutôt à entrer dans la même dynamique que la sienne, à nous engager dans le même mouvement qui le fait vivre. Pour tout dire, il nous dit :  vivez du même amour que je vous porte et vous trouverez la vie.  
Cette perspective a apporté libération et joie aux disciples. Comme le dit saint Pierre dans la première lecture que nous avons entendue, ce qui caractérise l’engagement des jeunes communautés chrétiennes, c’est l’espérance : « Rendez raison de l’espérance qui est en vous ». Cette espérance, c’est de se savoir aimé par Jésus.     
Pierre met cependant en garde les jeunes communautés de ne pas trop s’enorgueillir de la réponse qu’elles ont trouvée à la question du sens de la vie. C’est pourquoi, il leur dit : l’espérance qui vous habite, rendez-en compte avec douceur et respect. N’imposez pas aux gens, chrétiens ou non, votre façon de croire.    
Dans les propos de Pierre, on comprend que la foi en Jésus ressuscité peut être mal perçue et mal reçue dans la société. Certaines personnes de ces nouvelles communautés ont peut-être la tentation d’imposer leur foi. Pierre s’en inquiète. Comment alors bien faire pour rendre compte de la résurrection de Jésus dans un monde multiforme où vivent toutes sortes de communautés? Il me semble que Pierre est ici notre contemporain. Sa réponse est : « avec douceur et respect ».  
Dans quelques études que j’ai lues pour préparer mon homélie, quelques auteurs font remarquer que Pierre a ici un double but : d’une part, affirmer l’identité chrétienne tout en étant, d’autre part, sensibles aux aspirations spirituelles et morales de son temps. Il cherche à promouvoir le dialogue et la rencontre. À première vue, cette interprétation m’a un peu surpris dans le contexte de ce temps-là. Pour dire vrai, elle est très belle : « Oui, rendez raison de l’espérance qui est en vous; mais faites-le avec douceur et respect. » Quel beau programme!