Le dimanche des Rameaux qui ouvre la semaine sainte nous indique que le Carême que nous vivons depuis près de 40 jours arrive bientôt à terme. Dans le texte de l’évangile qui vient de nous être proclamé, Jésus me semble faire face à la même tentation que celle qu’il vécut à la fin de ses quarante jours au désert, celle du pouvoir à prendre. Jésus avait alors clairement indiqué son choix au tentateur.
Aujourd’hui, à nouveau, se pose la question, mais de manière un peu différente. Le peuple qui a tellement besoin d’un bon chef, le pousse à s’emparer du pouvoir. Cette fois, le choix du peuple ne serait-il pas la bonne décision?
Tout au long de la vie de Jésus, le peuple a vu quel homme il était, quelle bonté il manifestait aux gens, quelle lumière il dégageait dans ses dialogues avec les personnes qu’il rencontrait, quels merveilleux gestes il posait à l’égard des gens confrontés aux défis de la vie. Rappelons-nous ici tous les évangiles entendus au cours de ce carême : la Samaritaine, l’aveugle-né, Marthe inconsolable pour la mort de son frère Lazare. Cet homme était radieux comme l’avaient constaté Pierre, Jacques et Jean qui se trouvaient avec lui sur la montagne lors de la Transfiguration. Et c’est aussi ce que les foules ressentaient quand elles voyaient Jésus.
Cet homme répondait parfaitement à l’annonce que le prophète Zacharie avait faite 500 ans avant sa venue : « Dites à la fille de Sion : Voici ton roi qui vient vers toi, plein de douceur, monté sur une ânesse et un petit âne, le petit d’une bête de somme. »
Pourquoi Jésus accepte-t-il la manifestation du pouvoir? Pourquoi laisse-t-il le peuple s’illusionner sur l’avenir qui se prépare et sur les exigences qui seront posées à ceux et celles qui auront le courage de le suivre? La première raison que j’y vois me semble être le désir de Jésus de célébrer ici-maintenant la communion avec la foule qui a trouvé l’espoir en lui. Il ne veut pas la laisser tomber. Il veut célébrer l’espoir qui habite ces gens.
Jésus accepte cette fête pour une seconde raison qui est cependant à l’opposé des motifs que les gens de Jérusalem avaient de l’organiser. Cette superbe manifestation est, en effet, une illusion. Toute la vie de Jésus visait à préparer un monde qui a peu à voir avec le type de monde qu’habituellement nous organisons et développons. Pour Jésus, le plus grand coïncide avec le plus petit, le premier se fait le dernier. Pour réaliser pleinement un tel monde, Jésus doit passer par la mort, seul et abandonné de tous, ses disciples les plus proches s’enfuyant et se cachant. Dans un sens, la célébration des Rameaux est un trompe-l’œil, elle s’écroulera demain. Et Jésus le sait, comme le montrent les textes des évangiles.
Ce n'est qu’en le voyant ressuscité après avoir perdu sa vie par amour pour tous que ses amis accueilleront le Christ que cette fête des Rameaux préfigurait et annonçait. Dans les prochains jours, accompagnons Jésus dans les moments les plus difficiles de son existence pour que sa résurrection devienne le cœur de notre vie.