Nous poursuivons depuis trois semaines notre lecture de ces longs chapitres de l’évangile de saint Jean et il y a entre ces textes, celui de la Samaritaine entendu il y a deux semaines, celui de l’aveugle-né entendu la semaine dernière, et celui de la résurrection de Lazare que nous venons d’entendre, plusieurs point de convergence, des points communs qui ont tous le même objectif : reconnaître et confesser qui est Jésus. La Samaritaine reconnaîtra en Jésus le Messie attendu, le Christ, et avec elle d’autres reconnaîtront que Jésus est le sauveur du monde. L’aveugle-né reconnaîtra en Jésus le Fils de l’Homme. Et aujourd’hui, la reconnaissance de qui est Jésus ne viendra pas de Lazare, l’homme qui était mort et qui est revenu à la vie, mais de Marthe, et cela avant même qu’ait lieu le miracle de la résurrection. Marthe qui dira : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. » Et, après cette confession de foi de Marthe et le miracle de la résurrection de Lazare, de nombreux juifs crurent en Jésus, nous dit le texte. Trois grands moments de la vie de Jésus et trois moments de reconnaissance de qui il est, trois moments de conversion pour les témoins et ceux et celles qui ont entendu ces confessions de foi. Et aussitôt après, dans l’évangile de Jean, ce sera l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem et le début de sa passion. Le ministère de Jésus se termine ici, par ce miracle de la résurrection de Lazare. De ces trois textes il y a un autre point commun : tout se passe à l’intérieur d’un dialogue, dialogue entre Jésus et la Samaritaine, dialogue entre Jésus et l’aveugle-né, et aujourd’hui, dialogue entre Jésus et Marthe. Jésus ne se révèle pas ailleurs que dans le dialogue, dans la conversation, dans la relation, dans le cœur ouvert et accueillant à la parole de Dieu et à chaque fois Jésus dira très clairement qui il est : « Je le suis [le Messie], moi qui te parle », dira-t-il à la Samaritaine. « Tu l’as vu [le Fils de l’Homme], c’est lui qui te parle », dira-t-il à l’aveugle-né. « Je suis la Résurrection et la Vie », dira-t-il à Marthe Jésus le Messie, Jésus le Fils de L’Homme, Jésus la Résurrection.
La semaine sainte approche et ce sont ces titres de Jésus qui seront remis en cause sur la croix, qui seront reniés, qui seront faussement jugés, qui seront rejetés pour ne laisser à Jésus que son humanité, une humanité à ce point haïe qu’on a voulu l’anéantir une fois pour toutes par la mort sur la Croix. Jésus, en ressuscitant Lazare, anticipe ce qui sera sous peu l’héritage de tous les croyants, de tous ceux et celles qui diront : « Oui, Seigneur, je crois » comme la Samaritaine, comme l’aveugle-né et comme Marthe. Et nous, par notre baptême, comme Lazare sortant de son tombeau, nous sommes appelés à passer d’une vie avec les mains et les pieds liés à une vie où nous sommes libérés. « Déliez-le et laissez-le aller » dit Jésus à ceux et celles qui sont témoins de la résurrection de Lazare. Marthe, il a fallu qu’elle reconnaisse que Jésus était la Résurrection pour que Lazare revienne à la vie. Lazare, on a dû enlever les bandelettes qui l’immobilisaient et enlever le suaire qui recouvrait son visage pour qu’il puisse sortir de son tombeau et avoir accès à la lumière. C’est ce que nous célébrerons lors de la Veillée pascale. Avec Lazare, nous sommes appelés à sortir de notre tombeau, à dénouer tout ce qui nous retient et nous empêche de vivre pleinement notre foi, à retirer les suaires qui recouvrent notre visage et nous privent de la lumière du Christ.
Comme à la Samaritaine, à l’aveugle-né et à Marthe, Jésus nous pose cette question : Crois-tu cela? Crois-tu que je suis le Messie, que je suis le Fils de l’Homme, que je suis la Vie ? Crois-tu que mon amour est plus fort que les liens de la mort ? Crois-tu que je peux te faire sortir de ton tombeau ?