Ce jour-là, Jésus était monté sur la montagne avec quelques disciples qui le suivaient. Sa façon d’être et de dire les avait attirés. En effet, il leur parlait de ce qui l’animait, de l’engagement qui était le sien et de la tâche qui l’attendait pour réaliser l’avenir. Jésus savait que, pour ces personnes qui peu à peu se joignaient à lui, la loi de Moïse était le plus beau cadeau qu’elles avaient reçu de Yahvé. Suivre cette loi, c’était suivre Dieu lui-même.
Quand ils ont entendu Jésus leur parler de sa vision de la loi, ses amis ont dû être surpris, étonnés même. C’est sans doute pourquoi Jésus sent le besoin de leur dire : « Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi. » Il insiste même : « Pas un seul iota ne disparaîtra de la Loi, avant que le ciel et la terre disparaissent. » Si, de son point de vue, Jésus ne cherche pas à supprimer la loi, ses disciples, eux, craignent qu’il n’y accorde pas beaucoup d’importance. D’où l’insistance de Jésus à éclairer ses disciples sur sa vision.
La loi que Yahvé avait transmise à Moïse sur la montagne du Sinaï témoignait d’une alliance toute particulière de Dieu avec Israël. Pourquoi la remettre en cause? Dans un long discours, dont la lecture brève de l’évangile a retenu trois enseignements, Jésus leur interprète la vision qui est la sienne.
Quelqu’un doit-il se juger bon parce qu’il ne tue pas son voisin, bien que tous ses gestes visent à l’humilier et à le contrôler? Quelqu’un qui ne cesse de rêver à sa voisine ou son voisin pour se l’approprier, peut-il se convaincre qu’il est fidèle à sa ou son partenaire? Il est évident que de tels comportements ne peuvent favoriser une vie bonne avec et pour les autres. Jésus enseigne à ses disciples qu’une obéissance à la lettre de la loi ne suffit pas. Par la présence de son Fils sur la montagne, le Père nous invite à nous mettre en route pour développer un monde plus humain.
En un mot, accomplir la loi dans la perspective de Jésus engage chacune et chacun à se libérer de sa propre violence et à désenchaîner notre monde de l’intolérance que nous manifestons les uns à l’égard des autres. Une telle libération de la violence, voilà le rêve que Jésus nous a présenté il y a deux semaines alors qu’il débutait son enseignement des béatitudes. C’est aussi le message qui nous sera répété dimanche prochain alors que nous conclurons ce long discours de Jésus sur la Montagne, juste avant le carême. Voilà quatre dimanches consacrés à l’engagement contre la violence et au service de la justice. Cela me semble particulièrement éclairant pour saisir comment Jésus veut accomplir la mission que le Père lui a confiée.
À se souvenir de nombreux événements de l’histoire de Jésus, on voit bien que toute sa vie a été une recherche et un engagement visant à accomplir la réconciliation et la paix. Jusqu’aux dernières minutes de sa vie, cet amour de l’autre l’accompagna. Au larron sur la croix, il dira : « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis. » Ce paria devenait son compagnon. Voilà comment Jésus accomplit la loi.