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Communauté chrétienne St-Albert le Grand





2e Dimanche du Temps Ordinaire

« Et moi, je ne le connaissais pas »   

15 Janvier

Jn 1, 29-34

Is 49, 3.5-6

1 Co 1, 1-3

Hubert Doucet

 

Dimanche dernier, avec la visite des Mages à la crèche, nous mettions un terme au temps de la nativité de Jésus. Depuis le mois de novembre, avec le temps de l’Avent, les célébrations liturgiques mettaient l’accent sur Jésus qui vient. Bientôt nous entrerons en carême vers Pâques. Aujourd’hui, la liturgie amorce ce que l’on nomme le temps ordinaire, le temps de la vie de l’Église.  En quelque sorte, c’est notre temps. Qu’allons-nous en faire?      
Les deux lectures d’aujourd’hui, il est intéressant de le noter, réfèrent à un temps radicalement autre que celui qui était imaginé, un temps qui conduit à un changement de vision comme va le vivre Jean le Baptiste : « et moi, je ne le connaissais pas ».         
Je ne sais pas comment vous avez réagi à la lecture de l’évangile qui vient de nous être annoncé, mais pour la petite équipe réunie pour préparer la célébration, ce fut toute une vraie surprise. Notre première réaction fut que ce texte nous était inconnu et qu’il n’était pas facile à bien saisir. De plus, il ne ressemblait pas aux histoires qui nous sont familières à propos du baptême de Jésus, puisque Jean n’apparaît pas baptiser Jésus. Et surtout, il y a cette phrase de Jean-Baptiste reprise à deux fois : « Et moi, je ne le connaissais pas. »    
Jean le Baptiste n’attendait pas ce Jésus. Il pensait plutôt à quelqu’un comme lui, un envoyé de Dieu qui baptiserait dans l’eau pour effacer les péchés. Il serait, en quelque sorte, son successeur, « celui qui vient après moi », dit-il.  Le baptiste rêvait que, grâce à ce baptême de conversion qu’il donnait, Yahvé enverrait enfin son Messie libérant le peuple qu’il s’était choisi.
En rencontrant Jésus, c’est Jean lui-même qui doit se convertir. Jean attendait le Messie, et voici qu’il rencontre « l‘Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». À première vue, surtout pour les modernes que nous sommes, cette expression « Agneau de Dieu » ne renvoie pas à l’idée de Messie libérateur, mais plutôt de victime passive. Jésus serait-il alors ce sacrifié à Dieu pour satisfaire sa justice, son immense colère pour nos péchés?     
L’agneau dont il est ici question est plutôt l’agneau pascal consommé à la vieille de la libération des Hébreux de l’Égypte. Son sang avait marqué les portes des Israélites pour les protéger de l’extermination. Quelques siècles plus tard, au soir de son dernier repas, Jésus, l’Agneau de Dieu, donnera son sang à boire, il nous donne donc sa vie. Au tout début de son évangile, l’évangéliste Jean affirme donc que Jésus vient vivre avec nous pour que nous participions à sa Pâque à venir, i.e. à sa résurrection.        
Dans l’Agneau de Dieu, on retrouve donc l’idée de don. Que signifie la suite, « il enlève le péché du monde » ? Le péché du monde, c’est la violence, en particulier, celle qui réduit l’être humain à l’état d’objet. Ce sont les prédateurs de tous genres. Jésus choisit le parti des personnes qui sont meurtries et violentées. Comme le dit notre évangile, il choisit d’être une colombe, l’oiseau tout blanc qui, sorti de l’Arche de Noé pour vérifier si la terre inondée peut revivre, revient avec un verdoyant rameau d’olivier tout frais. C’est l’image de Jésus révélant une toute nouvelle vie dans un monde qui a tendance à la violence.
Le Jésus qui au début de son engagement public rencontre Jean-Baptiste lui fait déjà découvrir ce qui se révélera peu à peu à ceux et celles qui le suivront au cours de leur vie : il est le Fils de Dieu. L’évangile d’aujourd’hui, le premier du temps ordinaire de cette année, nous invite à nous mettre en marche, dans le quotidien de nos vies, pour accueillir cette révélation que Jésus est « le Fils de Dieu ».