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Communauté chrétienne St-Albert le Grand





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La Sainte Famille

1er Janvier

Anne-Florence Gasselin

Mt 2, 13-15.19-23

Col 3,12-16

 Si aujourd’hui je peux me présenter devant vous et dire ce que je vais vous dire, c’est parce qu’un jour Jérôme nous a dit : « Ok, j’ai un travail à Montréal, on peut partir. » Ce à quoi j’ai dit « oui ». Et les enfants… ont suivi.
Cette décision, presque soudaine, nous la vivions en écho à un autre bouleversement : celui de la séparation, puis du divorce d’un couple d’amis proches, des amis de longue date.   
Le départ soudain de la sphère familiale de Cécile nous avait délogés de nos certitudes. De son peu de mots pour dire ce qui se passait pour elle, j’ai retenu son désir intense de ne plus posséder, de ne plus se sentir possédée. Le chaos dans lequel elle se poussait elle-même et où elle poussait ses enfants, son conjoint, et tous ses proches, elle le vivait en lien avec un autre chaos : le décès de son plus jeune frère, quelques années auparavant.
Ce chaos qui change tout, nous le reconnaissions avec Jérôme, ayant vécu tous deux, dans nos jeunes années, la mort de nos pères… une tempête qui emporte à peu près tout sur son passage.        
Durant nos premières années au Québec, j’ai nourri un site à l’intention de nos familles et de nos amis proches, pour leur dire un peu de ce qui nous avait poussé à partir. Dans celui-ci, j’écrivais : « partir, se départir ».
*         
Lorsque je contemple Joseph, Marie, Jésus, et considérant les vicissitudes de la vie telles qu’évoquées, ce qui m’apparaît c’est la confiance qui circule entre ces personnes. 
À Marie, l’ange apparaît d’abord, à l’Annonciation, et elle dit « oui ». C’est par elle que Tout devient Possible.  
La sainteté de Joseph, je la lie au fait qu’il n’a rien cherché à posséder (comme Paul dit dans lettre aux Colossiens 1, 5 « Faites donc mourir en vous cette soif de posséder »). Après le « oui » de Marie, et le sien, Joseph ne possédait plus ni sa fiancée, ni sa destinée, ni son lieu de villégiature,… il a fait place, il a fait TOUTE place en lui à Dieu.       
Marie ET lui se sont retrouvés sous le regard de Dieu, tous deux devant Dieu comme fils et fille, très certainement portés par l’amour circulant autour de Jésus tout petit enfant…          
Je la vois là, la clef de leur sainteté : Entre eux, femme, homme, enfant, pas d’ascendant devant Dieu.          
Philippe Lefebvre, dominicain (lu sur internet) parle de Joseph : « être père, c’est enseigner à son fils comment être fils devant Dieu ». On pourrait dire ça tout autant de la mère. Comme parent, on sait que ce qui est enseigné à nos enfants n’est pas tant ce qu’on dit mais ce qu’on fait ou mieux : ce qu’on est. Nous mettant en position de fils et fille de Dieu, nous enseignons à nos enfants comment être fils et fille devant Dieu. Se tenir devant lui, lui remettre nos vies, nos impasses, nos exaltations, nous en remettre à lui dans nos pires épreuves, et éprouver en lui, par l’action de grâce, l’exultation que deviennent alors nos joies !        
*         
Plusieurs paroles portent ainsi notre quotidien, autant que faire se peut. Elles sont inspirées du portage exceptionnel – je le perçois un peu plus au fur et à mesure que les années passent – reçu par Jérôme et moi-même au sein du Mouvement Eucharistique des Jeunes. *   
La première : « Priez sans cesse » (1 Thessaloniciens 5, 17). Où tout est prière. Pour qui se place sous le regard de Dieu, tout est offert à Dieu, en Dieu, dans un cœur à cœur confiant.        
La deuxième : « Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort » (2 Corinthiens 12, 10), St Paul encore. Au cœur de la faiblesse, nous faisons plus que jamais l’expérience de Dieu, tout simplement peut-être parce qu’alors nous ouvrons enfin notre cœur… que nous nous offrons de vivre la Présence de Celui qui est toujours présent.         
La troisième : « Tu es précieux à mes yeux et je t’aime » (Esaïe 43, 4)… Une phrase adressée à chacun. C’est une phrase que j’aime à me rappeler lorsque un de mes enfants ou mon conjoint ou moi-même me semblent insupportables : Lui /Elle/moi est aimé.e de Dieu, avec tout ça, au travers de tout ça, depuis toujours et pour toujours.        
Et enfin, la parole de Paul « Dieu est tout, en tous » (Colossiens 1, 11), que j’ai « entendue » (« que celui qui a des oreilles entende ! ») ces dernières années seulement. Qui me fait penser à une phrase de Christian Bobin (Souveraineté du vide, que Cécile m’avait offert) : « L’Amour en personne dans le visage d’un enfant, semblable à des milliers d’autres, unique. »     
*         
Nous sommes tous et toutes appelés à être fils et filles de Dieu, devant Dieu. Comme dit le mot de la liturgie eucharistique : « [Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l'Alliance], puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité. » Joyeux, joyeux Noël !!   
Être « appelés », c’est aussi porter la responsabilité/liberté de notre « oui »… et accepter, comme parent, qu’un enfant y renonce…    
Pour moi qui reconnais en mon prochain le visage de Dieu, toute rencontre est alors Rencontre (de Dieu). Dieu nous offre de Le contempler, comme dit la prière des disciples de Jésus** (Aventure de l’Evangile vécue à « La Colombière ») « là où je me trouve, là où je vis, selon les talents et les dons qu’[Il] m’a donnés ». En famille -en mon conjoint, mes enfants-, à mon travail -en chacun.e-, à St Albert…
Pour finir, et puisque je prends la parole aujourd’hui, j’aimerais ça, confier à vos prières les enfants de la communauté, nos frères et sœurs en Christ… Saviez-vous qu’une confirmation se prépare à St Albert, pour la Pentecôte à venir ? Des jeunes, participants pour la plupart aux Chemins de Foi, sont appelés à s’avancer, à dire le « Me Voici » des confirmands ... Je vous demande instamment de porter dans la prière ceux qui se sont déjà levés : François, le petit-fils de Claire et Hubert, et Myra, notre fille. Ils ont dit leur désir de recevoir l’Esprit qui pousse, qui porte, qui soulève, qui dérange… Je vous demande également de porter dans la prière les 2,3,4,5 jeunes – peut-être- qui sont encore sur le seuil de la porte et qui attendent un courant d’air pour s’avancer à leur tour. Ces enfants-là sont les enfants de la Communauté, frères et sœurs en Christ. Pour s’avancer dans le monde qui est le leur, il leur faut bien tout le soutien de la communauté priante
*         
Je terminerais par la relecture des mots de Paul : « Et que dans vos cœurs règne la Paix du Christ à laquelle vous avez été appelés pour former avec lui en seul corps. »

*Prière du MEJ
La prière MEJ s’inspire de l’envoi en mission de saint Paul. Elle nous invite à faire de nos vies une Eucharistie en nous rassemblant dans l’unité, en apprenant à redire le « OUI » du Christ à son Père, dans nos gestes quotidiens, et en nous appelant à devenir témoins de sa Bonne Nouvelle.       
 Apprends-nous, Seigneur, À te choisir tous les jours, À redire ton oui En chacun de nos actes. Donne-nous de te suivre sans peur Et de t’aimer plus que tout. Rends-nous frères, Toi qui nous as rassemblés. Fais de nous des témoins devant tous, De ce que nous avons vu et entendu, De ce que nous croyons et vivons, Pour que tout homme, avec nous, Reconnaisse en toi l’unique Seigneur.          
           
Prière d’offrande du MEJ         
Seigneur Dieu, je te dis merci pour tout ce que tu me donnes. Et moi, je t’offre ma vie aujourd’hui, ma prière, mon travail, mes jeux, mes joies, mes peines. D’avance, je te dis oui, pour cette journée, parce que je suis sûr que tu es avec moi.    
           
** Prière du disciple de Jésus   
Seigneur Jésus, Tu nous appelles à poursuivre Ta mission         
En rendant Ta Parole présente aux hommes et aux femmes de notre temps     
Dans les endroits où nous vivons.        
Tu nous demandes de faire de notre vie          
Le lieu de Ta présence visible et agissante par ton Esprit Saint. 
Donne-moi de me laisser sans cesse habiter par Toi     
Pour que je puisse reconnaître et réaliser la mission que tu me confies 
Là où je me trouve, là où je vis 
Selon les talents et les dons que Tu m’as donnés.         
Amen