CCSA






Communauté chrétienne St-Albert le Grand





 

Homélie pour Guy Lapointe

10 septembre 2022

 

Martin Lavoie

 

Lc 24, 13-35

 

Cet évangile des disciples d’Emmaüs nous est très familier et pourtant à chaque fois que nous l’écoutons, il nous émeut toujours autant car il est celui d’une rencontre que nous aurions aimée ou que nous aimerions faire : faire un bout de chemin avec Jésus. Jésus marche avec les deux disciples en route vers Emmaüs, deux disciples à la fois émus et déçus car ils espéraient que ce serait lui, Jésus, qui allait délivrer Israël. Jésus les écoute, il accueille leur déception et leur peine. Il marche avec eux à leur rythme et les invite à prendre un autre chemin, celui de la mémoire et de la célébration. Quand il fut à table avec eux, Jésus prend le pain, prononce la bénédiction, rompt le pain et donne à chacun sa part. Voir ainsi Jésus rompre le pain en prononçant la bénédiction, cela leur ouvre définitivement les yeux sur ce qu’il leur avait dit déjà en faisant ce geste au dernier repas « ceci est mon corps, qui sera livré pour vous, ceci est mon sang, qui sera versé pour vous. » « Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent, mais il disparut à leur regard. » Les disciples d’Emmaüs ne restent pas là, à table. Aussitôt, ils se mettent en route.  
Cela me semble avoir été un point essentiel de toute la vie dominicaine de notre frère Guy. Toujours être en marche. À l’exemple des frères qui l’ont précédé, Guy a toujours voulu que la communauté chrétienne Saint-Albert soit une communauté en marche, une communauté qui regarde devant, toujours à l’écoute de Jésus qui nous parle sur la route et nous ouvre les Écritures, une communauté en marche dans une Église en marche. Comme pour les disciples d’Emmaüs pleurant la mort de Jésus, Guy étant décédé, nous sommes maintenant et pour toujours confrontés à une absence physique. Je suis persuadé que Guy aurait aimé nous redire ce matin ces paroles de Paul aux Thessaloniciens : « il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres, qui n’ont pas d’espérance, Jésus nous le croyons est mort et ressuscité, » et nous vivrons avec lui. Ayant fait profession dominicaine et ayant été ordonné prêtre à une époque où l’Église allait connaître de profonds et douloureux bouleversements, Guy savait déjà à cette époque qu’il ne serait plus possible de s’accrocher à ses vieilles certitudes. Guy a eu la force et l’audace de prendre le beau risque de la foi. Ce « beau risque » c’est celui de l’attachement à la personne de Jésus et à la Parole de Dieu méditée, enseignée et célébrée.