Dimanche passé nous avons accueilli avec joie sept jeunes qui ont célébré leur première communion. Tous ensembles, nous avons écouté le récit de la première communion après la mort et la résurrection de Jésus, c'est-à-dire comment les disciples d’Emmaüs ont reconnu Jésus au partage du pain.
Aujourd’hui l’apôtre Paul décrit dans sa lettre aux Corinthiens le geste de la communion : « Jésus prend le pain, le bénit, le rompt et le donne à ses disciples ».
Mais Jésus n’a pas inventé ce geste; c’est un geste millénaire déjà. Chaque année, les juifs célèbrent le repas de la Pâque pour se souvenir de leur libération de l’esclavage en Égypte.
Ma meilleure amie est juive, et souvent je partage ce repas avec eux. La première fois j’ai failli pleurer, tellement j’étais émue. Au milieu du repas, le père de famille prend le pain non levé, dit la bénédiction, le rompt et donne un morceau à chacun autour de la table. Vers la fin du repas, il prend la coupe de vin, dit la bénédiction et tout le monde boit.
Jésus n’a rien inventé, mais il a donné un sens additionnel à l’ancien geste : après avoir dit la bénédiction, il ajoute : « Ceci est mon corps donné pour vous ». Ça veut dire quoi?
Les grecs de son temps sont des dualistes. Pour eux, l’homme est un être divisé. Il a un corps qui appartient à la terre et qui est mortel – et il a une âme qui appartient au monde spirituel.
Jésus est Juif. Pour les Juifs, il n’y a qu’un seul Dieu, et l‘homme, créé à son image, n’est qu’un, lui aussi. Si Jésus dit : « Ceci est mon corps », il dit : « Ça, c’est moi tout entier, c’est ma vie donnée pour vous » Et il ajoute : « Faites cela en mémoire de moi ».
Suivre Jésus alors veut dire partager!
Les disciples avaient compris cela, et c’était si important pour eux, que les 4 Évangélistes racontent chacun et de façon presqu’identique (ce qui est un fait très rare) la multiplication des pains. Il n’y a que de petits détails qui sont différents.
Toujours il y a la foule qui suit Jésus. Toujours il y a les apôtres qui raisonnent et calculent, et veulent renvoyer les gens pour qu’ils puissent manger. Toujours aussi il y a les cinq pains et deux poissons. Et certainement ce n’est pas assez pour tant de monde. Ils ont tout à fait raison avec leur raisonnement et leurs calculs – et pourtant…
Dans l’Évangile de Jean, il y a un détail qui aide à comprendre: il y a un enfant qui ne raisonne pas, mais qui dans un grand élan de son cœur, tire de sa poche cinq pains et deux poissons et les donne à Jésus. Jésus les bénit et tout le monde mange. Qu’est-ce qui s’est passé?
Selon la loi orale (ces multiples prescriptions qui règlent la vie quotidienne de chaque juif), tout Juif qui quitte son village et va plus loin, doit prendre avec lui cinq pains et deux poissons en collation. Alors, la majorité de ceux qui sont là, ont de quoi manger dans leur poche. Pour que tout le monde puisse manger, il suffit qu’une seule personne ne garde pas jalousement ce qu’elle a, mais partage avec celui qui n’en a pas.
« Partager, ça nourrit », avons-nous dit quand nous avons préparé cette célébration.
Communier, suivre Jésus, c’est partager : nos vies, nos paroles, nos joies et peines, notre foi…
Oui, après chaque partage, on est plus riche qu’avant.
J’entends encore Guy au temps qu’il présidait encore à nos célébrations. En parlant de la communion il disait : « Jésus n’est pas dans le pain. Il est dans le pain partagé!"