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Communauté chrétienne St-Albert le Grand





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3e Dimanche de l'Avent (C)

12 décembre 2021

Que nous faut-il faire  ?

Paul aux Philippiens (4, 4-7)

Sophonie (3, 14-18a) 

Luc (3, 10-18)

Martin Lavoie

L’évangile de ce troisième dimanche de l’Avent est très particulier. C’est un des rares évangiles où Jésus est absent. Il n’est même pas nommé. Par contre, tout ce que Jean Baptiste dit dans l’évangile que nous venons d’entendre se retrouvera plus tard dans la prédication de Jésus.     
Autre point d’étonnement dans l’évangile de ce troisième dimanche : Jean Baptiste n’a rien du prédicateur excentrique et fanatique auquel nous avons habituellement droit dans les autres récits ou dans les représentations plus folkloriques du Baptiste. Ici, Jean Baptiste est calme, pédagogue et modéré.     
Dernier point, ce 3e dimanche de l’Avent est celui de la joie. L’Avent, nous le savons, est le temps de l’attente de la naissance de Jésus, une attente joyeuse, un peu comme lorsque nous attendons la visite d’une personne que nous aimons beaucoup, comme un ami ou un membre de notre famille et que nous n’avons pas vu depuis longtemps. La pandémie nous a appris d’une manière très concrète et intense le sens de l’attente. Qui d’entre nous, après des mois et des mois de confinement, n’a pas éprouvé une grande joie lorsque nous avons retrouvé le droit de recevoir nos enfants à la maison, lorsque les grands-parents ont eu le droit d’accueillir leurs petits-enfants. Comme le disait Sophonie dans la première lecture : nous avons poussé des cris de joie, notre cœur a bondi de joie. Et c’est avec une joie semblable au cœur que Jean Baptiste accueillera Jésus le jour de son baptême dans les eaux du Jourdain.    
Mais pour le moment, l’attente est encore la seule chose possible et l’attente est souvent source d’inquiétude. La pire chose qui puisse arriver est de rater un rendez-vous prévu depuis fort longtemps.   
Pour les contemporains de Jean Baptiste, il y a belle lurette que la venue du Messie est annoncée et attendue avec une certaine fébrilité car elle doit mettre fin à une occupation illégale du pays, et, pourquoi pas, une éviction par la force de ces occupants romains. Ce jour-là, ce sera sans équivoque un jour de grande joie. Mais le Seigneur a lui aussi des attentes, et elles sont différentes de celles habituellement évoquées par le peuple, la plus exigeante étant celle de la conversion. D’où cette question : « Que devons-nous faire ? »
Jean Baptiste répondra à leur question en utilisant trois thèmes que Jésus reprendra plus tard dans sa prédication : le partage, la justice et la paix. Ce que Jean Baptiste demande est simple, pratique et à la portée de tous ceux et celles qui viennent l’écouter. Aux foules, il demande de partager avec les démunis : partager les vêtements; partager la nourriture, autrement dit, partager les choses de première nécessité. Aux collecteurs d’impôts, il demande de faire honnêtement leur travail, sans abuser de leur position, sans prendre plus d’argent que le taux d’imposition fixé par l’État, sans se servir au passage.
Aux soldats, il leur demande de faire honnêtement leur travail sans abuser de leurs privilèges, et surtout de l’exercer sans violence et sans discrimination.    
Que devons-nous faire ? Difficile de ne pas être frappés par la simplicité et la pertinence des réponses de Jean Baptiste. Contrairement aux revendications des courants les plus rigoristes de son époque, Jean Baptiste ne préconise aucune privation rigoureuse. Ce que préconise Jean Baptiste, c’est une élémentaire charité humaine relevant du bon sens. Il y a là de quoi nous faire réfléchir, nous les responsables des communautés chrétiennes qui angoissons à la vue du grand nombre de places vides dans nos églises, nous les responsables des noviciats qui avons si peur que plus personne ne soit là pour assurer la transmission du charisme de nos fondateurs et nos fondatrices, nous tous et toutes qui avons la mine basse parce nous avons le sentiment de n’avoir plus personne à qui transmettre notre foi, pas même nos enfants. Nous avons si souvent le sentiment d’avoir épuisé tous les moyens pour que nos proches reviennent à Jésus, qu’ils découvrent qui est Jésus ou le redécouvrent et le mettent au cœur de leur vie. Peut-être aurions-nous avantage de nous mettre à l’école de Jean Baptiste. Par sa prédication, Jean Baptiste a ouvert la voie à Jésus. Ceux et celles qui suivaient Jean Baptiste ont, pour un grand nombre, mis leur pas dans ceux de Jésus parce qu’ils reconnaissaient en l’un et l’autre une nouvelle manière de vivre la Loi, la Loi avec un grand L, une nouvelle manière de vivre la Foi, la Foi avec un grand F, une nouvelle manière de vivre la Liberté, la Liberté avec un grand L. Jean Baptiste nous enseigne qu’il n’est pas nécessaire de porter le poids des prescriptions religieuses compliquées pour être en accord avec Dieu. La nouvelle règle de vie devient celle de la vie au quotidien : que personne n’ait faim; que personne n’ait froid dans des vêtements insuffisants; que personne ne soit mis de côté à cause de ses origines raciales, religieuses, ou à cause d’un handicap ou d’un passé entaché de fautes pourtant assumées et pardonnées.      
Quand les foules demandaient à Jean Baptiste ce qu’elles devaient faire, sa réponse, à partir d’exemples très simples, étaient de poser des gestes de bonté et d’attention aux autres. Pour Jean Baptiste, et, plus tard, pour Jésus, la conversion du cœur passe par la conversion de notre regard sur les autres.
Le temps de l’Avent nous permet de nous interroger sur ce regard que nous portons sur les autres car pour nous Jésus n’est jamais loin. Blesser l’autre, écraser le faible, laisser l’autre nu ou affamé, c’est se détourner de Jésus et s’éloigner de l’Évangile.
Le troisième dimanche de l’Avent est celui de la joie, une joie que nous sommes invités à vivre et à témoigner. Cette joie vient de la proximité de Jésus, de sa présence dans notre vie.
Nous ne sommes qu’à quelques jours de Noël. Nous sommes invités à témoigner aux "blessés de la vie et aux orphelins de la joie" que dans toute vie il y a un espace possible de bonheur.  
Le thème de notre célébration est : « Pourquoi nous réjouir ? » Et les foules qui venaient se faire baptiser par Jean lui demandaient : « Que devons-nous faire ? » La réponse à ces deux questions se trouvent dans l’Introït de ce 3ième dimanche de l’Avent et qui lui a valu le titre de Dimanche Gautete. Je vous cite cet introït en guise de conclusion : « Soyez joyeux dans le Seigneur, toujours : je le répète, soyez joyeux. Que votre sérénité soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche. »